Les ETF ont conquis les Etats-Unis mais qu’en est-il en Europe ? Consolidation, innovation et réglementation sont les maître-mots lorsque nous nous penchons sur cette industrie.

Le marché européen des ETF demeure le plus important en termes de croissance mais, selon Detlef Glow directeur chez Lipper, cette industrie n’est pas très compétitive. Si ce secteur d’activité a fortement progressé depuis le premier lancement d’un ETF en 2001 pour atteindre 2000 produits gérant 500 milliards d’euros, il reste dans les mains de quelques acteurs. Les dix premiers fournisseurs d’ETF, sur un total de 48, détiennent 92,6% des actifs. Donc selon Detlef Glow « une telle concentration d’actifs peut suggérer que les plus grands promoteurs dominent le marché et pourraient être en mesure de fausser la concurrence – cette conclusion pourrait être exacerbée par iShares détenant 49% des actifs ETF européens ».

Si l’environnement compétitif n’est pas de mise en ce qui concerne les acteurs, il l’est dans le cas des frais de gestion qui ont considérablement baissé au cours des dernières années. Par exemple, l’ETF Eurostoxx 600 avait des frais de gestion moyens de 0,19% en 2010 et ce taux est tombé en-dessous de 0,10% aujourd’hui.

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Source : EY, Global ETF Survey 2016

Si ces frais ont baissé et que le marché des promoteurs reste dans les mains d’une dizaine d’entre eux nous pouvons en déduire que plusieurs petits acteurs risquent de disparaître. Des rumeurs persistantes courent sur le fait que la maison mère de Source, huitième plus grand promoteur d’ETF en Europe, serait disposée à céder cette activité. Il est vrai qu’une façon d’accéder au marché des ETF passe aussi par l’acquisition de sociétés existantes comme ce fut le cas de Wisdom Tree avec son achat de Boost.

Le marché européen serait donc attractif car les encours gérés dans les ETF ne représentent que le quart de ceux gérés aux Etats-Unis. Plusieurs établissements bancaires européens essaient de rattraper ce retard et tentent aussi de construire une présence pour contrer les fournisseurs américains déjà présents en Europe.

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Mais le marché européen comporte plusieurs caractéristiques qui font qu’il est différent de l’américain et le rende ainsi plus complexe.

La première différence réside évidemment dans la fiscalité européenne qui n’est pas aussi homogène que celle du nouveau continent. La deuxième concerne les rétrocessions. Les Etats-Unis ont connu une croissance régulière car le client paie des honoraires de gestion et le conseiller ne touche pas de commission du fonds dont il vend le produit. Le marché de l’épargne en Europe est encore dominé par les grandes banques dont les conseillers proposent des produits fortement commissionnés.

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Selon EY, les nouvelles règles comme la Solvency II ou MiFID favoriseraient le développement des ETF qui s’introduiraient plus rapidement dans le segment des petits clients.

Mais l’introduction des ces nouvelles réglementations comporte aussi des contraintes. Celles-ci sont liées aux activités de contrôle qui génèreront des frais supplémentaires et donc contraindront certains acteurs à disparaître. A moins qu’ils ne s’orientent vers des produits à plus forte marge.

Les ETF « smart beta » font partie de cette famille de produits offrant une meilleure rentabilité. L’Europe fait figure de pionnière dans ce segment avec des stratégies multi-facteurs. L’investissement socialement responsable et durable fait aussi partie des nouvelles stratégies vendues par les gestionnaires d’ETF. L’innovation reste donc un des facteurs principaux du développement de ce marché en Europe.

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Source : EY, Global ETF Survey 2016

Les nouvelles plateformes de distribution, la transparence des tarifs et de la performance ainsi que l’adéquation des produits au profil de l’investisseur font aussi partie des efforts d’innovation des principaux acteurs de ce marché.