3 spécialistes de l'allocation expliquent leurs stratégies de gestion.

Le principe

Nous avons demandé à quelques gérants dont les performances ont été remarquables sur l’année 2016 (performance brute* au-moins 1 écart-type au-dessus de la moyenne de leur univers) de répondre à quelques questions afin de mieux comprendre leur stratégie, ce qui a fonctionné l’an dernier et comment ils positionnent leur portefeuille en ce début d’année. Les fonds sont présentés par ordre alphabétique des sociétés de gestion.

 

Fidelity

Fidelity Funds – Global Multi Asset Income Fund

Performance brute* en 2016 : 7.54%

Noté Très Bon dans la catégorie Fonds d’allocation en euros – risque moyen

Eugene Philalithis, en fonction depuis le 27.03.13

George Efstathopoulos, en fonction depuis le 20.05.2016

Univers d’investissement et stratégie

Le fonds avait 51 holdings au 31 décembre 2016.

Fidelity Funds (FF) Global Multi Asset Income Fund peut allouer ses investissements de manière tactique entre différentes classes d’actifs et régions. Cela consiste à réagir à l’évolution des conditions de marché et adapter l’allocation du portefeuille afin d’obtenir un revenu stable, une appréciation du capital et une protection du capital pendant les périodes de volatilité.

L’objectif est de procurer un rendement d’environ 5%1 par an à partir du revenu généré par les investissements sous-jacents (coupon, rendement, dividendes).

Le fonds diversifie ses investissements entre trois catégories d’actifs :
• Actifs de rendement : emprunts d’État, obligations d’entreprise investment grade et liquidités
• Actifs hybrides : obligations high yield, dette émergente en devise locale et stratégies opportunistes (loans)
• Actifs de croissance : actions, infrastructures, immobilier papier (REIT)

 

Sources de performance en 2016

Au cours des 12 derniers mois, le fonds a enregistré une performance nette totale positive de 6,7 % avec un niveau de volatilité de 5,3 % et a dégagé un revenu stable s’élevant à 4,6 %.

La meilleure contribution au sein du portefeuille est venue des actifs hybrides. Parmi ces derniers, les positions dans le high yield ont été les plus performantes. Après le rebond des actifs risqués en milieu d’année, nous avons pris des bénéfices sur des positions qui s’étaient bien comportées et dont les valorisations étaient devenues moins intéressantes. Nous allégeons progressivement l’exposition au high yield asiatique au profit du marché européen, qui présente de meilleurs fondamentaux et facteurs techniques. L’exposition à la dette émergente en devise locale a également porté ses fruits.

Au fil de l’année, nous avons renforcé cette exposition de manière opportuniste, profitant de rendements attrayants. L’allocation aux actifs de rendement a eu un impact positif. Parmi ces derniers, l’exposition à la dette émergente « hard currency » a été la plus rémunératrice. L’exposition au crédit investment grade s’est aussi révélée bénéfique ; pendant l’année, nous avons renforcé notre allocation au marché asiatique, dont le revenu relatif était intéressant et qui présente une duration plus courte et est donc moins vulnérable à la hausse des taux d’intérêt. Nous avons également initié quelques positions de couverture obligataires pour nous prémunir contre le risque de hausse des taux, avec un impact positif pour le portefeuille.

L’allocation aux actifs de croissance a pesé sur la performance du fonds. L’exposition aux actions est celle qui s’est révélé la plus pénalisante. Le fonds privilégie en effet les stratégies axées sur les actions à dividendes, qui ont sous-performé le reste du marché. Le portefeuille a également pâti des couvertures actions mises en place au mois de juin pour obtenir un positionnement plus défensif, en prévision de risques politiques comme ceux du Brexit et des élections américaines. L’exposition aux infrastructures et aux REIT a aussi eu un impact négatif.

 

Positionnement pour 2017

Le point essentiel est l’ampleur de ce qui se passera sur le front du retour et de l’accélération de l’inflation. Tout en pensant que les rendements vont continuer d’être orientés à la hausse en 2017, je crois néanmoins qu’il convient de se montrer circonspect sur un retour à des niveaux de rendement « normaux ». Nous devrions observer une légère accélération de l’inflation en 2017 plutôt qu’une forte poussée vers les objectifs des banques centrales.

Les investisseurs à la recherche de rendement doivent également se montrer prudents en se félicitant du retour de l’inflation. En effet, de nombreuses sources de rendement favorisées ces dernières années vont désormais connaître une forte volatilité, à l’instar notamment des actions à dividendes. Les investisseurs pourraient se sentir en droit de se demander si le plus grand danger pour leurs portefeuilles est une hausse des taux d’intérêt ou des rendements à des niveaux historiquement bas.

Afin de tenter de surmonter les obstacles que sont l’inflation et la dépendance à l’égard des banques centrales, les investisseurs en quête de rendements ont tout intérêt à se tourner vers les actifs qui n’ont pas beaucoup bénéficié des politiques telles que l’assouplissement quantitatif. Parmi ceux-ci figurent notamment les obligations « Investment Grade » asiatiques, les actifs d’infrastructure et les « loans ».

Les marchés émergents sont eux aussi appelés à jouer un rôle important en 2017. Les rendements de la dette émergente en devise locale n’ont pas tant baissé que cela par rapport à leurs niveaux record d’avant la crise. Si la tendance est à l’accélération de l’inflation dans les pays développés, les rendements réels offerts sur les marchés émergents devraient permettre aux banques centrales nationales d’abaisser leurs taux d’intérêt et, ce faisant, de donner un coup de pouce aux cours de la dette émergente.

Le scénario idéal pour les investisseurs à la recherche de rendement serait celui d’une hausse graduelle des taux d’intérêt en 2017, lequel leur permettrait de bénéficier de rendement plus élevés tout en ayant le temps d’ajuster leurs allocations. Dans un contexte marqué par une plus forte volatilité, une stratégie extrêmement flexible sera vitale l’année prochaine.

 


M&G

M&G Optimal Income Fund

Performance brute* en 2016 : 7.57% (CHF) et 8.12% (EUR)

Noté Excellent dans la catégorie Fonds d’allocation en francs suisses – risque moyen
et Très Bon dans la catégorie Fonds d’allocation en euros – risque moyen

Richard Woolnough, dans l’industrie depuis 1995. Prise de fonction du gérant: 8 décembre 2006

Univers d’investissement et stratégie

• Un véritable mandat obligataire qui vise à surperformer les principales classes d’actifs obligataires dans différentes conditions de marché avec un faible niveau de volatilité et une couverture du risque de change contre l’euro.
• Grande flexibilité pour investir sur toutes les classes d’actifs obligataires, et peut investir jusqu’à hauteur de 20% sur un panier d’actions.
• 910 lignes

 

Sources de performance en 2016

Le fonds a très bien performé en 2016, devant la moyenne du secteur.

Notre duration courte en 2016 a d’abord pesé sur la performance relative la première moitié de l’année mais a finalement été bénéfique sur les derniers mois, amortissant l’effet d’une hausse de taux sur le portefeuille. Le fonds est également fortement investi sur le crédit US, et particulièrement sur la partie longue de la courbe, que nous considérons comme attractive.

L’exposition aux actions d’environ 5 %, réintégrée dans le portefeuille en juillet dernier pour la première fois depuis presque 2 ans – a également bénéficié au fonds.

 

Positionnement pour 2017

Pour 2017, nous pensons que les pressions inflationnistes et la réduction progressive des programmes de QE vont continuer de peser sur les emprunts d’Etat.

Nous restons positifs sur le crédit, particulièrement aux US. Pour le moment, nous ne voyons pas d’impact immédiat d’un prix du pétrole plus élevé ou des potentielles hausses de taux et pensons que l’économie américaine reste en bonne santé.

 

Sur le même thème : l’interview de Richard Woolnough

 


Raiffeisen Capital Management

Raiffeisen 337 –Strategic Allocation Master I

Performance brute* en 2016 : 13.76%

Noté Excellent dans la catégorie Fonds d’allocation en euros – risque moyen

Peter Schlagbauer, Senior Portfolio Manager, est le gérant leader du fonds depuis son lancement. Il a presque 20 ans d’expérience dans les stratégies multi-asset.

Univers d’investissement et stratégie

La description et le positionnement s’appliquent au fonds Raiffeisen 337 –Strategic Allocation Master I (risque moyen), ainsi qu’au fonds Raiffeisen-GlobalAllocation-StrategiesPlus (risque élevé). Les deux fonds
• sont des fonds globaux, diversifiés à gestion flexible qui investissent en actions, obligations, matières premières et devises, soit directement soit à travers des produits dérivés

• sont gerés activement selon le principe de la “parité de risque”. Raiffeisen Capital Management définit quatre catégories de risques stratégiques: le risque actions, le risque de spread (“spread” signifie l’écart de taux entre les obligations d’entreprises ou des pays émergents et le taux des emprunts d’Etat de référence), le risque d’inflation et le risque de taux nominaux. La gestión active est faite par une équipe expérimentée de 10 experts

• conviennent aux investisseurs orientés croissance et risques qui cherchent la diversification la plus large possible, mais qui sont également prêts à supporter des fluctuations de valeur importantes avec les pertes correspondantes, parfois élevées

• suivent la même allocation stratégique, le fonds Raiffeisen-GlobalAllocation-StrategiesPlus dispose en plus de trois stratégies overlay pour diminuer le draw-down au cas de fortes corrections de marché.

 

Sources de performance en 2016

Au premier trimestre, nous avons augmenté nos positions dans une série de blocs à risque : dans le segment des spreads (outre le positionnement existant sur les obligations d’entreprise, nous nous sommes également positionnés sur les obligations High Yield), dans le segment actions nous avons augmenté la position en actions européennes, et dans le segment des valeurs réelles, où nous avons également revu à la hausse notre positionnement sur les valeurs énergétiques. Il n’y a que dans le segment des obligations d’État que le risque a été réduit par le biais de la vente partielle d’obligations australiennes.

Au deuxième trimestre, nous avons fortement réduit nos positions dans les obligations d’État à l’échelle mondiale (risque de taux nominal). Dans ce cadre, nous avons vendu la totalité de nos positions dans les obligations d’État allemandes et réduit nos positions dans les obligations d’État australiennes,britanniques et américaines.
Fin septembre, le risque du fonds a été revu à la baisse par l’intermédiaire d’une réduction des obligations d’État (Futures) et de la vente d’obligations High Yield européennes. En contrepartie, nous avons augmenté la quote-part en dollars américains et revu notre positionnement sur les métaux industriels à la hausse.

 

Positionnement pour 2017

En décembre, nous avons de nouveau légèrement augmenté le risque dans le fonds par le biais de nouveaux achats d’actions et d’obligations d’État (Futures). En revanche, nous avons réduit notre positionnement en dollars américains. Après que les attentes inflationnistes britanniques se sont envolées, essentiellement depuis le Brexit, nous avons réalisé une prise de bénéfices ici aussi, et misons encore davantage sur une hausse de l’inflation dans la zone euro. Le positionnement stratégique du fonds continue de mettre principalement l’accent sur les actifs sensibles à l’inflation (qui devraient profiter d’une hausse inflationniste) au détriment du risque de taux. Nous nous attendons à ce que l’effet atténuateur de la baisse des prix des matières premières sur l’inflation dans la zone euro s’essouffle déjà au cours des prochains mois et à ce que la tendance s’inverse (c’est-à-dire exerce une pression haussière sur les cours). La faiblesse de l’euro devrait également soutenir cette évolution.

 


Voir la liste des meilleurs fonds de 2016


 

*Les performances brutes représentent les performances avant déduction des frais de gestion (source : Morningstar). La note Excellent indique que le fonds se trouve à plus de 2 écarts-types au-dessus de la moyenne de son univers, la note Très Bon indique que le fonds se situe entre 1 et 2 écarts-types au-dessus de la moyenne.

1.Source: Fidelity International au 31 Décembre 2016. Ceci est un objectif et non une garantie.