Les Américains ont entamé leur semaine uniquement hier, puisque c’était un week-end prolongé. Et comme il ne restait plus que deux jours de trading en mai, on avait l’impression qu’ils voulaient juste boucler encore un bon mois dans les livres de comptes et passer à autre chose. Les volumes étaient donc faibles, plus importants que ceux de lundi, puisque c’était fermé, mais faibles quand même.

L’Audio du 31 mai 2017 :

Les trois indices principaux terminaient tous dans le rouge, mais de façon cosmétique. C’est la première journée de baisse depuis une grosse semaine, mais elle n’a de baisse que le prénom. Globalement, on reste plutôt bien disposés puisque les « big names » de la tech étaient toujours en hausse, d’ailleurs Amazon est même passé brièvement au-dessus de la barre mythique des 1’000$, sans pour autant parvenir à y rester. En clôture, la compagnie de Jeff Bezos terminait dans la zone des 996$, à peine en hausse de 0.10%.

À ce propos, il est intéressant d’observer le graphique ci-dessous. En noir vous avez le S&P500 qui ne tient pas compte de la capitalisation boursière et qui donne le même « poids » dans l’indice à chaque titre et en rouge, vous avez le S&P500 classique, celui que nous connaissons tous et qui lui, tient compte, de la capitalisation boursière, du coup les 5 monstres de la technologie tirent massivement l’indice à la hausse. On se rend bien compte que selon l’angle d’observation et les moyens que l’on utilise, le Bull Market est un peu moins fringant vu sous cet angle… Il est difficile de vous décrire un graphique oralement, alors pour ceux qui veulent voir ce que je veux dire, va falloir « scroller down » sur votre PC ou votre smartphone.

Pendant que les Américains ne faisaient rien. Ou en tous les cas, pas grand-chose, les marchés du Vieux Continent faisaient face à nouveau aux vieux démons des élections italiennes, comme la veille. Renzi est visiblement chaud pour que l’on anticipe les élections de 2018 en septembre 2017, en même temps que les Allemands.

Cela ne plaît pas aux investisseurs – comme si ça allait changer quelque chose – du coup on assiste à des « downgrades » dans le secteur bancaire et une pression latente sur les indices principaux, bien que cela reste tout de même homéopathique, l’Italie terminait d’ailleurs en hausse – il faut dire qu’elle avait bien cotisé la veille.

Et puis la Grèce se rappelle à notre bon souvenir. Encore.

Je vous rappelle qu’il y a quelques semaines à peine, la Grèce était de retour en odeur de sainteté, puisque selon son Ministre des finances le pays avait rempli tout ses devoirs en termes d’économies et de serrage de ceinture, ils avaient même annoncé que dès le mois de septembre, les obligations grecques pourraient être utilisées dans le programme de QE de la BCE et qu’en plus, ils allaient venir emprunter de l’argent sur le marché dans la foulée.

Mais voilà, comme tout le monde en Europe n’est pas d’accord pour « alléger » la dette grecque, le Ministre de Finance est revenu à la charge en déclarant que « puisque c’est comme ça », ils pensent à ne pas payer leur prochaine échéance de remboursement. Du coup, on sent comme un retour d’une certaine crispation.

C’est étonnant comme un pays endetté jusqu’au cou qui à peu près autant de chance de rembourser sa dette un jour que j’en ai de devenir Conseiller Fédéral peut brandir la menace de ne pas payer et faire trembler les marchés et l’Europe.

Moi je vais essayer de dire à ma banque que s’ils ne me réduisent pas ma dette hypothécaire de 50%, j’arrête de payer les intérêts, non mais sans blague ! Y a pas de raison !

Le pétrole est à 49.36$, l’or est à 1262$, il ne se passe rien en Asie malgré les chiffres du PMI chinois publiés ce matin qui sont plus qu’encourageants.

Dans les nouvelles du jour, le FT analyse les chiffres des dépenses du consommateurs en Europe et au Japon, et il semblerait que l’on retrouve gentiment les niveaux de « pré-crise » et que tout cela devrait donner un coup de main supplémentaire à l’économie américaine puisque de toutes façons, c’est là-bas que l’on dépense à la fin. Autrement l’autre cinglé en Corée du Nord continue de tirer des missiles comme si ça ne coûtait et les experts estiment toujours que se lancer dans une guerre contre ce lobotomisé serait bien trop dangereux et délicats, même si l’on ne sait pas ce qui peut passer entre les deux oreilles de Trump. Côté activisme, on notera que le Hedge Funds Cevian Capital est en train d’empiler des positions en Ericsson, actuellement le relevé de compte indiquerait un milliard d’investissements, soit 5.6% de la société suédoise.

Toujours dans le même chapitre, on notera que Steve Cohen – qui ressort d’une histoire d’insider trading – est de retour aux affaires et compte lever des capitaux pour un nouveau fonds. Mais comme il ne fait pas dans la dentelle, il cherche 20 milliards sinon il ne se lève pas le matin. Et toi, tu veux lancer un fonds dans ton coin, tu cherches 5 à 10 millions et tout le monde te fais des théories comme quoi « tu comprends, le risque, le track, le back testing, l’alpha, le gamma, le theta, le sharpe et la couleur de ton logo ne convient pas » – mais par contre, tu t’appelle Steve Cohen, tu as des casseroles au cul que même tes casseroles elles ont des casseroles elles-mêmes et on te files 20 milliards pour aller faire joujou en bourse quand tu veux…

Y a pas de justice.

Le Barron’s est confiant, il ne devrait pas y avoir de délai sur l’iPhone 8, après avoir enquêté, les fabricants de composants sont prêts à fournir de la matière au nouveau produit de la marque qui fête les dix ans de la naissance du gadget dorénavant indispensable pour briller en société et se donner une contenance.

Autrement, nous sommes toujours au plus haut de tous les temps, ou presque. Il ne se passe pas une journée sans que l’on entende parler de « correction » à venir. Hier c’était un Président de FED locale qui déclarait à la presse que, selon lui « il serait bon pour l’économie et la croissance que le marché corrige d’une dizaine de pourcent ». Il n’a peut-être pas tort, vu que la plupart des « intervenants » ont raté le train et attendent « une faiblesse pour rentrer dedans ». En même temps, on l’a vu lors du « Trumpkrach », les indices ne restent jamais longtemps faible, tellement il y a de cash qui attend pour sauter dans le train à la première occasion.

Nous sommes donc le 31 mai, c’est le dernier jour du mois et tout le monde attend impatiemment demain, parce que comme c’est nouveau mois, ça va forcément tout changer. Et puis y aura la FED, le Budget de Trump, la destitution de Trump, la hausse des taux, les Non Farm Payrolls, que des trucs qui devraient nous donner un vrai marché avec des vraies réponses. Un peu comme on attend à chaque début de mois, avant de se rendre compte, le 15 du mois, que c’est pareil que celui d’avant et que celui d’avant. Non, la seule chose qui évolue vraiment au niveau de la finance, c’est le désintérêt qui ne cesse d’augmenter… Il faudrait qu’il se passe un truc, mais quoi ?

Il me reste à vous souhaiter un beau mercredi, moi j’ai poney. Je vous retrouve demain pour entamer le mois de juin.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Pressure makes diamonds»

General Patton