Il y a quelques mois, je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis inscrit au semi-marathon de Genève. Une absence sûrement ou peut-être simplement l’envie de donner une suite à mes bonnes résolutions 2017 – arrêter de manger, de boire et de manger des fondants au chocolat – faire plus de sport aussi – donc je me suis inscrit.

Et puis les jours ont passé, les semaines ont passé, les mois ont passé et ce samedi matin, j’avais la sale impression d’oublier un truc. Heureusement, le gentil ordinateur des gentils (et des bons) organisateurs ne manqua pas de me rappeler que je devais aller chercher mon dossard.

Mon quoi !!!???

Oui, mon dossard. Cet espèce de truc en papier plastifié que l’on se greffe sur la poitrine et qui finit (souvent) déchiré sur les genoux. D’ailleurs, je suis estomaqué qu’en 2017, alors que l’on arrive à aller sur la lune – enfin, on irait si on le voulait de nouveau – que l’on roule avec des voitures électriques, que l’on raconte à tout le monde ce qu’on fait de nos journées sur Facebook ou que l’on prenne le temps de se ridiculiser en faisant des selfies sur Snapchat, sans oublier que l’on a plein d’apps sur notre téléphone pour à peu près tout… Personne n’a encore trouvé une solution pour avoir autre chose qu’une feuille de papier agrafée sur la poitrine avec des épingles de nourrice.

On voit bien que les grands-inventeurs de ce monde sont tous morts.

Bref, on m’a donné ça :

Avec mon prénom écrit en gros dessus pour quand je passe juste devant la voiture balais, tout le monde sache comment je m’appelle. Au moment de la réception de ce sésame, me permettant de rentrer dans le sas de départ pour ceux qui courent en « plus de 2 heures et 10 minutes pour 21 kilomètres et des poussières, il ne me restait plus qu’un challenge à régler :

« m’entraîner pour un semi-marathon en 12 heures »

Je vous préviens tout de suite, vous pouvez chercher sur Google et même sur les autres moteurs de recherche que je ne connais pas, vous ne trouverez pas un site internet qui s’appelle www.sentrainerpourunsemien12heures.com…

Je suis donc retourné sur mon « Strava » – une application que j’avais downloadé en son temps pour faire comme les « vrais sportifs » qui partagent avec tout le monde leurs exploits perso – le Facebook des cyclistes et des coureurs à pieds – (mais surtout des cyclistes)… C’est alors qu’en me connectant sur Strava, je me rendis compte que j’avais couru à peu près 21 kilomètres au total DEPUIS 3 mois… Il ne me restait donc plus qu’à courir un semi-marathon de plus…

Dimanche matin je me suis donc retrouvé dans le tram 12 en direction de Chêne-Bourg. Au début seul, puis à la fin avec 1274 autres semi-marathoniens en herbe et une odeur persistante de « fortalis » me rappelant les vestiaires de football que j’ai eu l’occasion de fréquenter dans une autre vie où je croyais que le foot était un sport et que les footballeurs avaient un cerveau.

Là, dans le sas de départ de l’avenue de Bel-Air à Chêne-Bourg, je me suis retrouvé pris d’une subite envie de rentrer chez moi, passer par la boulangerie et me goinfrer de petits pains au chocolat, faisant fit de mon régime en cours depuis 4 mois et demi… Rien qu’à voir la foule de gens en short avec des sacs poubelle sur le dos pour rester au chaud, j’avais une subite envie d’aller me faire un semi-marathon sur la Playstation de mes enfants.

À partir de là, à 30 minutes du départ, FORCÉMENT, vous avez envie d’aller aux toilettes.

À peu près comme les 3’000 autres participants – en même temps.

C’est le moment le plus poétique de ma journée, faire la queue devant des cabanes WC plantées au bord de la route – sans eau courante et sans garantie d’avoir du papier toilette sous la main dans la cabine qui vous sera attribué par le hasard de la file d’attente.

Évidemment qu’après 17 minutes de queue, il ne vous reste que 11 minutes pour faire ce que vous avez à faire et rejoindre votre place dans le sas départ, parmi les escargots comme moi – tout en faisant attention de ne pas vous retrouver avec les Kényans tout devant qui courent à 45 kilomètres heure, au risque de se faire marcher dessus et que la voirie retrouve votre corps piétiné dans la soirée après le semi-marathon et le marathon…

La suite ce n’est qu’une immense queue avant le départ, un peu comme si l’hiver recommençait et que l’on retournait en bas des caisses à Médran quand les écoles montent skier aux Attelas. Alors on fait la chenille pendant 500m pour enfin passer la ligne de départ. Le temps que l’on franchisse cette zone les trois premiers sont déjà en train de passer le troisième kilomètre (au moins) – pas que me plaigne – mais on n’est pas tous égaux quand même !

Et puis ensuite, pendant les 5 premiers kilomètres, tout va bien. Enfin, mis à part les gars qui vous disent pardon en vous poussant et vous dépassant en sprintant comme s’ils étaient en retard et qu’ils étaient « presque » en train de rattraper le peloton de tête… Non mais sérieusement ? À vous ceux, qui doublez dans les pelotons à l’arrière des courses, vous croyez quoi ? Que votre « sprint soudain » va vous faire entrer dans le Guiness Book comme celui qui est parti dans le group des « plus de deux heures » et qui a battu les kenyans à la fin ?

En ce qui me concerne, pour un type pas entraîné du tout, les dix premiers kilomètres ont été relativement faciles, peut être trop.

Mis à part le nombre incroyable de personnes qui se font des « selfies » en courant, sans compter ceux qui se filment avec la GoPro pendant 500 mètres, me poussant à me demander ce qu’ils peuvent bien faire de leurs soirées et de leur GoPro et je ne vous parle pas de ceux qui sont en «FaceTime » pour raconter aux copains comment ça se passe de l’intérieur. Mis à part ça, tout va bien.

Après le dixième kilomètre, j’ai eu comme l’impression que l’on m’avait collé un sac de sable de 25 kilos sur le dos. Un peu comme si les kilos perdus depuis janvier revenaient soudainement. Même si la seconde partie du semi-marathon est la plus belle partie, pour moi c’était la partie où je me suis demandé plusieurs fois si je ne ferai pas mieux d’abandonner. À peu près à chaque mètre, tellement j’avais l’impression de ne pas avancer et surtout de ne pas pouvoir avancer plus vite.

J’ai finalement opté pour le compte à rebours ; compter chaque mètre qu’il pouvait bien me rester jusqu’au pont du Mont-Blanc. À ce propose, je soupçonne les organisateurs d’avoir espacé les panneaux indiquant les kilomètres parcourus. Plus on s’approche de l’arrivée plus les kilomètres sont longs – ou alors c’est que plus je me rapprochait, plus je ralentissais de peur de franchir la ligne trop vite et de blesser quelqu’un au passage. D’ailleurs je pense carrément le dernier kilomètre doit faire environ 2,5 kilomètre ou que quelqu’un repousse la ligne d’arrivée toutes les secondes.

Je voudrais également dire aux gens qui étaient autour du Quai des Bergues et qui hurlaient « Vas-y, c’est bientôt fini !!! » que ce n’est pas BIENTÔT FINI !!! À ce moment très précis il reste encore 2,5 kilomètres et c’est loin d’être FINI !!!

Je voudrais également signaler aux organisateurs, que quand tu arrives sur la Rue Plantamour, il y a plein de moyen de faire demi-tour pour retourner sur le pont du Mont-Blanc, sans aller nous faire tourner à l’autre bout du quai APRÈS l’hôtel Wilson…. Personne ne vous en aurait voulu de raccourcir les derniers kilomètres.

Bref, à la fin j’ai fini le semi-marathon en 2h06 et 44 secondes et comme un idiot j’ai sprinté les derniers mètres, pas pour faire un meilleur temps que la dernière fois, non, juste pour que ça se termine deux secondes plus vite.

La prochaine fois, je m’entrainerai, promis.

Enfin, dès que j’arriverai à remarcher normalement.

Thomas Veillet