Avant de parler de ce qui s’est passé hier, je voudrais parler de ce qui vient de se passer ce matin. C’est seulement dans de très rares occasions que nous avons la chance d’assister à ce genre d’événement. Un événement presque unique dans la vie d’un investisseur, un peu comme la naissance d’un bébé éléphant en captivité, comme l’alignement des planètes : Moody’s vient de downgrader la Chine !

L’Audio du 24 mai 2017

C’est absolument fabuleux, nous avons tellement peu l’occasion d’avoir des signaux d’achat aussi puissants qu’il ne faut pas les rater !

Oui, car n’oublions jamais que dans le monde merveilleux de la finance, les organismes de rating sont toujours, en tous les cas très très souvent, des indicateurs inversés qui fonctionnent parfaitement bien. En effet, Moody’s ou S&P ne va jamais venir vous faire un « downgrade » au plus haut de tous temps sur un indice ou sur une société, NOOOOON !!! ça serait trop simple.

Pour se démarquer des autres, ils viennent faire ce genre de truc quand on est en pleine dépression et que l’on est sûr que tout est foutu. Je me souviens comme si c’était hier, d’un « downgrade spectaculaire » de General Electric, en pleine crise des subprimes, au plus bas de tous les temps sur l’action, S&P ou Moody’s – on s’en fout lequel des deux, c’est bonnet blanc et blanc bonnet – S&P ou Moody’s vient en grandes pompes nous annoncer que pour la première fois de l’histoire de l’humanité, ils enlèvent le triple A à GE.

Depuis, le titre a triplé. Au moins.

En revanche, durant la même période, ils n’ont rien vu venir sur l’UBS, rien vu venir sur AIG, rien vu venir sur rien. En fait, S&P ou Moody’s, ils seraient sur une voie de chemin de fer avec un train qui leur fonce dessus à 240 km/h, ils fermeraient les yeux en disant « tout va bien, tout va bien, tout va bien » très fort dans leurs têtes et une fois que le train leur sera passé dessus et qu’il sera déjà à la prochaine gare, vous les entendrez dire tout doucement au milieu des décombres : « mettez-vous au bord ! ».

Dans le cas de la Chine, il suffit de regarder un chart, de voir que l’on est 40% plus bas que les plus hauts historiques, mais en 2015, quand nous étions au top du marché chinois, S&P, Moody’s et consort, ils étaient en vacances à Ibiza et ils avaient pas eu le temps d’analyser… fallait deux bonnes années pour comprendre.

Alors je conçois qu’ils ne sont pas là pour faire du « timing », mais avec le temps, on se rend compte que chaque fois qu’ils tirent la sonnette d’alarme ; c’est trop tard. Ça serait dommage de ne pas en profiter.

Dans leur communiqué de ce matin Moody’s déclare que la « force financière » de la Chine va se détériorer dans les années à venir, alors que la dette va augmenter et l’économie ralentir. Ça vaut ce que ça vaut comme prédiction, personnellement, ça me donne juste envie d’acheter la Chine.

Juste par esprit de contradiction. Juste pour faire l’inverse de ce que dit ou fait Moody’s.

Pour le reste, les marchés n’ont rien fait. Ou pas grand-chose. Trump est en voyage d’affaire à l’étranger, son budget a été présenté et les marchés ont eu l’air de s’en moquer comme de leur première cravate, pour être franc, le budget les a plus intéressés AVANT le budget qu’après. Quand à la destitution éventuelle de l’agent orange, on n’en parle plus. Pour le moment.

Le pétrole est à 51.65$ et anticipe toujours le meeting de l’OPEP de demain, l’or est à 1249$. Bunge a pris 16% parce que Glencore lui tourne autour. Nokia a signé un accord fructueux de propriété intellectuelle avec Apple, la société finlandaise montait (encore) de 5% et tout le secteur bancaire était euphorique. En Europe, les chiffres économiques montraient que l’activité économique n’avait jamais été aussi bonne depuis 6 ans et mis à part les titres du secteur des transports et des voyages qui étaient en baisse pour les raisons que l’on peut imaginer, le marché terminait en hausse.

Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes. C’est pas le marché le plus euphorique qu’il m’a été donné de voir, mais on peut dire qu’il marche à l’Ovomaltine ; il ne va pas mieux, mais plus longtemps.

Ce matin le Japon a terminé en hausse de 0.6%, Hong Kong recule de 0.2% et la Chine, qui a ouvert en baisse de 1% après les déclarations de Moody’s, a déjà refait la moitié de son retard.

Pour le moment les futures sont inchangés et les nouvelles sont peau de chagrin – sans compter que demain c’est congé et que vendredi la plupart d’entre vous ne seront pas là. Je crois que l’on peut largement dire que la semaine est terminée. Il n’y a donc pas de raison que je continue plus en avant, je vois d’ailleurs un léger déficit d’attention là, tout au fond de la salle.

Je vous souhaite donc une très belle journée, un très beau week-end de l’Ascension et on se retrouve lundi. Bon, moi je vais écrire vendredi, mais je pense que vous ne me lirez pas, je vais donc rester tout seul dans ma chronique vendredi matin et je vous revois lundi première heure.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça. »

Coluche