Sa décision en début d’année de maintenir des taux négatifs est loin de ne faire que des heureux et notamment du côté des banquiers. Les établissements bancaires se plaignent de coûts massifs et de pertes dus en partie à ces taux négatifs. Alors Thomas Jordan a-t-il cédé sous la pression ? Relèvera, relèvera pas les taux ? Et quelles conséquences pour l’économie suisse ? On vous explique.

La peur d’être une valeur refuge

La peur d’être une valeur refuge, c’est ainsi que Thomas Jordan a justifié le maintien des taux négatifs. L’instabilité politique américaine, les élections capitales aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, voici un contexte qui est loin de rassurer les investisseurs et qui pourraient les pousser à se tourner vers une valeur refuge, le Franc suisse. Les taux négatifs ont donc pour but de ne pas rendre la devise helvète attractive et de faire fuir les investisseurs étrangers. La BNS craint une envolée du Franc suisse et le maintien des taux à un niveau exceptionnellement bas est mis en avant comme un outil de protection. Le Private Banking Day était alors l’occasion pour le monde bancaire suisse de mettre la pression sur la BNS afin que les taux remontent. En témoigne la déclaration d’Yves Mirabaud, président de l’Association des banques privées suisses (ABPS) : « La banque nationale a pris une décision. C’est son devoir. On verra à terme si c’était une bonne ou une mauvaise décision ». Cette réaction policée cache une certaine nervosité et une volonté de se faire auprès de la BNS. Mais si ces taux bas contrarient les banquiers, quelles en sont les conséquences sur l’économie suisse ?

Un fort impact sur l’immobilier

Les taux bas ont tout de même fait des heureux et notamment dans l’immobilier. La possibilité de s’endetter à bas coûts attire. Si les particuliers ont pu en profiter, ils ne sont pas les seuls et cela a eu des conséquences inattendues. Les institutions de prévoyance ou encore les assureurs vie se sont tournés vers l’immobilier pour leurs placements, ce qui a eu pour conséquence de vider le parc immobilier. Il a y désormais une surabondance d’habitations vides, ce qui n’est pas forcément bon pour l’avenir de l’immobilier suisse. La possibilité de voir apparaitre une bulle immobilière spéculative se profile à l’horizon. Le dégonflement de cette bulle passera nécessairement par une remontée des taux. Difficile pourtant de savoir comment les taux vont évoluer et c’est pour cela que les particuliers se tournent vers des professionnels comme Moneypark pour tenter d’en prévoir l’évolution. Certains indices laissent toutefois supposer une remontée prochaine.

Une possible remontée des taux fin 2017

Une bonne nouvelle venue de France pourrait rassurer les banquiers suisses, l’élection d’Emmanuel Macron. La victoire du nouveau président français, pro-européen a rassuré les marchés, ce qui pourrait permettre de relâcher la pression sur les taux suisses. Thomas Stucki, chef des investissements à la Banque cantonale de Saint-Gall déclarait après l’annonce des résultats : « Cela donne un peu d’oxygène à la Banque nationale suisse dans sa lutte contre le Franc fort, après avoir dû combattre l’appréciation de sa monnaie à coups de milliards d’interventions sur le marché des changes au cours des mois précédant l’élection présidentielle française ». Le Franc suisse pourrait donc prochainement repasser au-dessus de la barre symbolique 1,10€. Certaines incertitudes laissent néanmoins planer le doute, la prochaine élection allemande et surtout la situation fragile de Donald Trump qui pourrait bientôt faire face à une procédure d’impeachment.

L’économie suisse reste dans le flou, suspendue à l’évolution des taux et du cours du franc suisse. Cela a des répercussions dans de nombreux domaines et notamment l’immobilier qui pourrait bientôt faire face à une bulle spéculative si les taux ne remontent pas.