La société d’assurance Zurich en collaboration avec l’Atlantic Council’s Brent Scowcroft Center on International Security a publié un rapport sur les différents risques géopolitiques qui menacent notre écosystème économique et social. Les trois risques majeurs couverts par cette étude sont le protectionnisme, la crise énergétique résultant du conflit au Moyen-Orient, et la crise alimentaire dont l’accessibilité à l’eau potable.

L’étude se concentre sur les risques globaux et n’entre pas dans des détails géographiques particuliers comme l’évolution politique en Europe. La méthode utilisée pour qualifier les risques a été développée par le Frederick S. Pardee Center for International Futures de l’université de Denver.

 

Protectionnisme

Depuis la crise financière de 2008 nous avons assisté à un développement politique prononcé en faveur de plus de protectionnisme. Les événements récents comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump sont des exemples frappants de cette nouvelle donne politique. Même le ralentissement des investissements chinois à l’étranger serait une preuve d’un repli sur soi.

Les auteurs de l’étude expriment les risques au travers de 3 scénarios : résurgence de la globalisation, victoire du protectionnisme et le « Base Case » qui implique que la situation actuelle perdure.

Ensuite, les auteurs expriment les implications de ces trois scénarios pour les populations les plus pauvres, la classe moyenne et les conflits politiques qui pourraient résulter d’un des scénarios.

Les résultats montrent que le cloisonnement des frontières impliquerait une baisse de l’activité économique. Les conséquences seraient donc négatives pour les plus défavorisés comme pour la classe moyenne. De ce fait, plusieurs régions du monde seraient en proie à une poussé de l’instabilité politique.

Ces conclusions se basent aussi sur une analyse du taux de croissance ou de baisse de l’activité économique dans ces régions. Les pays du Sud, en Europe comme dans les Amériques, souffriraient le plus. Le développement des classes moyennes dans la plupart des pays est, évidemment, aussi fortement dépendant de l’activité économique.

 

Crise énergétique et conflit au Moyen-Orient

 Une très grande partie des réserves de pétrole se trouve dans une région qui est en proie à de nombreux conflits. Les querelles de religion sont souvent au centre de guerres civiles. La Syrie est un exemple d’un pays en proie à un conflit interne qui s’est mû en guerre diplomatique et militaire. L’Arabie Saoudite et les pays du Golfe s’opposent à l’Iran même à travers le conflit syrien. Cette situation rappelle que nous sommes fortement dépendants du pétrole.

Les 3 cas de figure sont une augmentation de 35% des prix du pétrole car forte réduction de production (Constrained Energy), une accélération du développement des énergies renouvelables et le cas dans lequel rien ne changerait et que les résolutions de la COP21 seraient respectées (Base Case).

La constatation la plus frappante est, qu’en dehors du scénario de base, l’impact des deux autres s’avère négatif quelle que soit l’option choisie. Cette conclusion est compréhensible car, quel que soit le scénario, l’hypothèse de base de l’étude est une hausse du prix du pétrole. De plus, l’introduction des nouvelles énergies pourrait impliquer des « hausses d’impôts » donc une baisse du pouvoir d’achat.

Il faudrait certainement attendre 2050 pour voir une nette amélioration de qualité de vie, à la fois financière et sociale. Le graphique suivant montre que les énergies fossiles restent encore très présentes même dans le cas d’une accélération de l’implantation des énergies renouvelables.

 

Accessibilité à l’eau potable

Cette étude fait écho à plusieurs autres qui ont démontré que l’eau est une denrée rare dans diverses régions du monde. Les implications en sont multiples. Les nouvelles migrations, les conflits politiques comme la Syrie et le Soudan font partie des impacts négatifs de la problématique de l’accessibilité à l’eau et à la nourriture en général.

Si nous ajoutons une augmentation de la température, nous assisterons à un effet multiplicateur important. Si les températures devaient augmenter de 2 degrés, nous aurions une augmentation de 40% du nombre de personnes vivant pratiquement sans eau potable.

Les 3 scénarios de l’étude se déclinent comme suit : le « Base Case » qui considère une augmentation de la demande d’eau potable de 14%, une augmentation des prix des aliments. Le cas « Arid Earth » dans lequel une instabilité politique fait surface dans de nouveaux pays car hausse du prix des produits alimentaires, et le cas « Severe Weather » où, non seulement les conditions politiques sont mauvaises, mais aussi la planète se réchauffe.

Des experts de l’ONU et de la FAO ont écrit de nombreux articles sur le sujet, dont l’exploitation des eaux usées et l’utilisation des énergies renouvelables dans les pays en voie de développement.

L’explosion du prix de certaines denrées alimentaires de base a amené certains peuples à se soulever contre leur gouvernement. La crise politique s’est aussi transformée en crise humanitaire.

En conclusion, nous constatons que la crise énergétique est celle qui affecterait le plus la croissance économique alors que la crise alimentaire serait la plus catastrophique au niveau humain. D’autre part, les scénarios mettant en relation la victoire du protectionnisme et la crise énergétique montrent l’interdépendance entre échanges commerciaux et croissance. Ces différentes situations analysées par les auteurs de l’étude ne font que souligner les risques auxquels doivent se confronter les politiques comme les dirigeants d’entreprises.