A l’heure où les banquiers centraux achètent des actifs boursiers, obligations ou actions, plusieurs voix se font entendre pour que des investissements qui interviendraient dans l’économie réelle soient mis en place.

La Suisse et sa banque centrale n’échappent pas à la critique. Stéphane Garelli, professeur à l’IMD et à l’Université de Lausanne s’est souvent exprimé sur ce sujet. Son hypothèse repose sur un déséquilibre entre des liquidités importantes et un déficit d’investissement à long terme (cf. Le Temps du 16 mars 2016). Selon lui, la Suisse devrait créer une Banque d’Investissement et d’Infrastructure.

Il est vrai que la BNS est souvent citée dans certains médias comme étant un investisseur important dans des sociétés américaines comme Apple. Il est de notoriété publique que la banque centrale japonaise détient la majorité des ETF investissant dans le marché des actions du pays.

Il faudrait donc que les politiques des banquiers centraux s’orientent finalement vers l’économie « réelle ». Les investissements en infrastructure seraient donc une piste à explorer.

Depuis quelques années, les fonds attirent de nombreuses institutions financières. Une enquête de l’Association française de la gestion financière sur les fonds d’infrastructure indique que 7,8 milliards d’euros ont été levés en 2016. Les banques et les assurances ainsi que certaines caisses de pension ont été attirées par ce type d’investissement.

Par contre, les gouvernements annoncent de grosses dépenses mais rechignent à débourser. Par exemple, le gouvernement canadien a réaffirmé, lors du Budget 2017, son intention d’établir la Banque de l’Infrastructure du Canada (BIC). Toutefois, les détails restent très limités quant à la stratégie de mise en œuvre réelle du gouvernement.

Les transports en commun, les villes intelligentes font partie des initiatives proposées par de nombreux organismes gouvernementaux mais peu de réalisations voient le jour. Même Trump se prête à cet exercice en annonçant une volonté de moderniser les voies de transport, routes et ponts, aux Etats-Unis pour une somme de mille milliards de dollars. Le problème est que le président américain voudrait privatiser nombre de ces projets et devra faire face à une forte opposition du parti démocrate.

Si les économistes et les politiciens s’affrontent sur un terrain mouvant, les investisseurs privés et institutionnels continuent leurs achats directs et indirects (via des fonds). Les performances 2017 des fonds de placements, enregistrés à la vente en Suisse, montrent qu’à fin mai ces investisseurs avaient raison dans leur choix.

 

 

Finalement, les « dépenses » en infrastructure peuvent se révéler à la fois des placements judicieux et aussi un héritage pour les générations futures.