Nous sommes formidables. Je ne sais comment exprimer mon enthousiasme quand je vois les retournements dont nous sommes capables. Lors de la séance de mardi, après les discours des banquiers centraux nous étions tous en mode « courage fuyons » et on se préparait à un atterrissage extrêmement violent qui aurait pu nous amener aux portes du krach boursier, de la fin du monde, voir d’un Bear Market.

L’Audio du 29 juin 2017

24 heures plus tard, pas 48 heures, pas 72 heures, pas une semaine plus tard, non ! Juste 24 heures plus tard, le marché américain vient de nous offrir une journée de hausse comme on les aime et même une séance de hausse qui a vu, je cite « la plus grosse variation haussière en termes de points pour le S&P500 » – c’est plus sexy en anglais, mais faudra faire avec – 21 points – l’indice américain terminait à 2440 en hausse de 21 points. Il faut reconnaître qu’envisagé sous cet angle c’est tout de suite moins euphorique et on a plutôt envie d’aller s’enfiler un plaque de chocolat Ovomaltine pour compenser la frustration et savoir que ça n’ira pas mieux après, mais plus longtemps.

En conclusion le marché US a terminé en hausse parce que le pétrole continue de remonter, ce matin on frise les 45$ alors qu’il y a une semaine à 42.25$ on était au bord de s’ouvrir les veines avec une boîte de conserve rouillée, comme ça si on se ratait, au moins on chopait le tétanos et hier le baril va bien, on n’en parle à peine d’ailleurs.

Chose étonnante, j’ai constaté que dans le monde merveilleusement ludique de la finance, on n’aime pas parler du pétrole quand il monte, ça fait vulgaire, par contre on préfère quand il se pète la figure, c’est sûrement plus vendeur médiatiquement parlant.

Donc le baril remontait, les financières remontaient – parce que le rendement du 10 ans remontait aussi et quand le rendement du 10 ans remonte, les banques peuvent se goinfrer un peu plus sur les octrois de crédits – bien que je ne sois pas « monstre » convaincu qu’elles vont changer de rythme de vie parce que le 10 ans est passé de 2.11% à 2.22% en 48 heures, mais ça avait l’air de suffire comme argument hier. Sans compter que depuis la fin des « stress tests », les banques semblent un peu plus à l’aise avec leur cash à dispo et on parle d’augmentation des dividendes et de rachats d’actions. Ceci expliquant peut-être aussi cela.

Et puis, comme d’habitude quand ça remonte, c’est la techno qui tirait la baraque à la hausse. Là aussi, pas forcément d’arguments fondamentaux, sauf qu’elles avaient beaucoup baissé et qu’aujourd’hui c’est les 10 ans de l’iPhone. Et puis alors selon les dernières informations, les gens se sont mis en « mode acheteurs » parce que soudainement y a un mec quelque part qui a lâché le morceau en « espérant bientôt le programme fiscal de Trump allait annoncer plein de coupes dans les impôts » – ça c’est un peu le truc que l’on attend depuis le 12 janvier, qui ne vient jamais et comme Trump est incapable de faire passer l’achat d’une boîte de rouleau de scotch, d’un paquet agraphes de rechange et d’un carton de stabilos boss devant le Sénat, on voit assez mal qu’il puisse faire passer une baisse d’impôt tout d’un coup en plein milieu de l’été.

Mais peu importe, hier on y croyait, ça suffit largement. D’ailleurs si le S&P500 était monté uniquement sur des faits avérés, je crois qu’aujourd’hui, en montant de 21 points on aurait fait 100% de hausse sur la journée.

Bref, pour faire simple pour résumer la séance d’hier en deux lignes : « Il y a des jours où on a envie et des jours où on n’a pas envie. Hier on avait envie ».

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En Europe on n’a rien foutu. Mais pour la défense des Européens, on n’a rien foutu parce que la veille tout le monde s’était déchaîné sur le 10 ans européen parce que Draghi avait laissé entendre qu’un de ces jours il allait commencer à stimuler un peu moins, mais qu’hier, un des ses bras droit ou bras gauche est venu dire qu’on n’avait rien compris et qu’il avait JAMAIS DIT ça !!! Il n’a pas dit « bande d’abrutis », mais c’était pas loin. Du coup, les Européens se sont surtout appliqués à défaire les positions qu’ils avaient initiées la veille, puisqu’ils n’avaient rien compris aux déclarations de Draghi. On est donc rentré dans une nouvelle ère. Dorénavant, après chaque discours d’un banquier central – durant lequel la plupart des analystes-stratégistes-économistes auront passé leur temps à analyser chaque détail, chaque phrase, chaque mouvement et chaque réajustement de cravate pour essayer de bien comprendre le message subliminal qu’il essayait de faire passer, il y aura un sous-fifre qui passera le lendemain pour donner des notes sur nos « analyses ».

Hier en Europe nous avons donc passé la journée à défaire ce que nous avions fait la veille, les obligations européennes étaient en mode rebond et le marché des actions était en mode « je ne fais rien, on verra ça en septembre ». L’Angleterre perdait 0.6% avec l’aide de la Livre et suite aux commentaires de Carney qui a plus ou moins dit l’inverse de ce qu’il avait dit il y une semaine. Pour faire simple, il a annoncé que si le « recovery gobal de l’économie continuait, il allait devoir monter les taux ». Du coup, on a sorti les rames et changé notre positionnement. La livre qui était au plus mal il y a encore trois jours a repris près d’une figure et demie en l’espace de quelques heures.

Bref, la journée d’hier était l’inverse de la journée d’avant-hier et pas pour les mêmes raisons. Quand je dis que l’on a une mémoire de poisson rouge, je crois que je suis en-dessous de la vérité. Je commence même à croire qu’à coté des marchés boursiers, le poisson rouge est un vieux sage.

L’or est à 1251$ et est à peu près aussi excitant que le tirage du loto quand vous n’avez pas joué. Ce matin, l’Asie est en hausse. Le Nikkei avance de 0.6%, Hong Kong progresse de 0.86% et la Chine avance de 0.32%.

20% down depuis le début de l’année

Dans les nouvelles du jour, on a vu Staples qui devrait se faire bouffer par Sycamore, le titre montait de près de 10%, alors que l’offre devrait se situer au-dessus des 10$ à 6.9 milliards. Sycamore est une société de Private Equity. Et puis dans la série, ça pourrait mieux se passer pour les IPO’s, hier on a appris que Blue Apron qui devait être pricée hier dans un range de 15 à 17$, a baissé ses attentes au dernier moment à 10$ – prix offciel de lancement cette après-midi, rien ne va plus, tout doit disparaître. Ça ne sent pas forcément très bon, surtout que Tintri, qui fait du storage et qui devait être pricée ce jeudi a décidé de ramasser ses billes et de PAS se mettre en vente et sans préciser de raison. Bien que l’on puisse supposer que c’est à cause de l’argent.

Cette semaine est LA plus grosse semaine des IPO’s depuis deux ans. On pouvait rêver mieux.

Autrement, Sarepta a changé de CEO et, comme mentionné plus tôt dans cette chronique, vu que la FED a donné son feu vert après les stress tests, les bancaires devraient pouvoir remettre 100 milliards dans la poche des actionnaires. Soit sous forme de dividendes, soit de rachat d’actions. Ce qui représente tout de même 100% de leurs récents gains. Mais une chose est sûre, le monde financier va bien. Même trop bien, il est peut-être temps de se repayer des vrais bonus.

Le FT estime que Carney et Draghi ne sont pas clairs dans leurs plans de sortie de stimulus – la question que l’on se pose, c’est de savoir si le FT a COMPRIS ce que veulent faire Draghi et Carney, la réponse devrait être donnée prochainement dans la presse spécialisée. Les autorités britanniques estiment que l’industrie des fonds locale charge beaucoup trop de frais à ses clients. L’asset management en Angleterre représente 7 trillions de dollars, un peu moins en Livres.

Le Barron’s parle d’Amazon et de son réseau de livraison. Aujourd’hui, avec le rachat de Whole Food Market, Amazon est à 1 heure de route de 70% des Américains. Ils pensent qu’il est temps de charger le bateau en Visa et ils pensent que les Bulls ont toujours la main.

Le milieu de l’année approchant, c’est l’époque des bilans. Ce matin on parle beaucoup des cryptomonnaies et de leur explosion en valeur. Certains médias s’ébahissent devant les performances stratosphériques des Bitcoin et autre Ethereum. Le Bitcoin est en hausse de 165% depuis le début de l’année et l’autre progresse de 3500% selon les jours. Forcément, c’est quand même plus fun que 9% de hausse sur le S&P500, enfin jusqu’à que ça corrige. Notons tout de même que l’ensemble des cryptomonnaies cumulées représente tout de même 100 milliards, le Bitcoin à lui tout seul est plus « gros » qu’American Airlines. On en reparlera ces prochains mois, sans aucun doute.

Côté chiffres économiques, il y aura le CPI en Espagne et en Allemagne, le Business Climate et le Consumer Confidence en Europe. Et puis aux USA on aura les Jobless Claims et le GDP.

Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.2% et il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. En ce qui me concerne, je vous retrouve demain pour la dernière chronique de la semaine. En attendant, que votre bircher soit à votre goût, que votre café vous maintienne éveillé jusqu’à midi au moins, bref, passez une belle journée et puis Happy Birthday Mister iPhone… dix ans déjà, dix ans de connexion et dix de dépendance, entre ça et Facebook on se réjouit déjà de la suite…

Thomas Veillet
Investir.ch

“A pint of sweat will save a gallon of blood.”

Général Patton