Nous pouvons perdre du temps à analyser la journée d’hier si l’on veut, mais franchement, je ne suis pas sûr que cela en vaille la peine, puisque tout le monde, mais alors cette fois absolument tout le monde a déjà tourné son regard sur ce jeudi que l’on attend depuis lundi. Enfin, pour ceux qui n’étaient pas en week-end prolongé ou de permanence.

L’Audio du 8 juin 2017

Pour faire simple et rationnel, les indices américains ont tous terminé en hausse. Après deux séances de micro-baisse consécutives, les voilà qui terminent dans une micro-hausse démontrant bien que personne ne veut faire les grandes manœuvres à l’aube d’un journée qui est censée nous apporter la réponse à toute nos questions et nous ouvrir le chemin de la hausse éternelle ou de la fin du monde.

Oui, d’accord, j’exagère peut-être un tout petit peu. Mais on a quand même l’impression que nous attendons quelque chose depuis 10 jours et ce quelque chose, c’est ce qui va sortir aujourd’hui.

Pourtant, sans vouloir faire le professeur d’économie, ce que je me garderai bien d’envisager de faire, même dans mes rêves les plus fous. Je crois d’ailleurs que dans mes rêves les plus fous, je préfèrerais chevaucher une licorne qu’être professeur d’économie, mais passons.

Donc sans vouloir faire le professeur d’économie et/ou de finance, si l’on prend les trois évènements qui vont, qui devraient, qui pourraient, qui pourraient éventuellement nous changer la vie, nous avons :

1) le témoignage de Monsieur Comey, ex-flic au chômage, ex-patron du FBI qui s’est fait virer comme un malpropre par Trump, parce qu’il mettait un peu trop son nez dans les affaires du Président et dans les relations des Hommes du Président avec la Russie.
2) Les élections en Angleterre
3) Le meeting de la BCE

Si maintenant nous prenons le temps de nous pencher quelques secondes sur les conséquences éventuelles de ces trois événements, nous allons rapidement nous rendre compte qu’à priori, il n’y a pas vraiment de raison qu’il se passe réellement quelque chose de nouveau et de plus excitant dans les marchés… Analysons…

En 1) – si Comey laisse entendre que Trump lui a (un peu) forcé la main – ce que l’on suppose déjà – cela pourrait éventuellement peut-être déclencher une procédure de destitution. Et alors ? Dans l’affirmative, cela pourrait prendre jusqu’à 2 ans – nous avons donc largement le temps de voir venir et de rééquilibrer, voir de protéger nos portefeuilles – ou au pire Trump démissione de rage, ce qui serait positif pour les marchés. Ça serait le seul Président qui aura fait monter le marché de 17% en devenant Président et qui le referait monter de 5% à son départ 8 mois plus tard. Mais passons.

Passons sans oublier que si Comey n’enfonce pas Trump plus que nous le supposons déjà, cela pourrait être pris comme un « NON » au Trumpgate et les marchés devraient bien le prendre.

En 2) – qui se préoccupe réellement des élections en Angleterre ??? Non, sérieusement, est-ce que vous vous savez qui se présente, quels sont les enjeux ? Quels sont les partis en présence et ce que cela pourrait changer au BREXIT ou à la couleur de la robe de la Reine ??? Moi non plus.

Pour être franc, j’imagine bien que les Anglais en ont quelque chose à faire, mais nous ? Et si nous on s’en fiche, vous croyez réellement que les Américains de Wall Street vont paniquer si c’est Lord Machin ou Lord Truc qui est élu ? Déjà que la moitié des Américains pensent que l’Angleterre est une province de chez eux et qu’ils sont certains que la Reine, c’est un personnage inventé par Disney, je ne suis pas certain que l’impact des élections britanniques ait un quelconque effet sur les marchés.

Et puis en 3) – La BCE nous fait miroiter des changements de politique depuis des mois et c’est avec une régularité de métronome et un enthousiasme communicatif que Draghi nous répète la même chose encore et encore, à savoir que c’est trop tôt et que l’express économique européen est à peine sorti de la gare. Le résultat du meeting d’aujourd’hui devrait être à peu près aussi excitant qu’un match de Djokovic quand il arrête de jouer au troisième set parce qu’il a perdu les deux premiers et qu’il boude. Au pire, Draghi nous annonce qu’il va éventuellement peut-être envisager de mettre en place un « tapering » (progressive sortie de QE) dans les 72 mois à venir, mais comme nous avons la vision long terme d’un papillon de nuit, je ne suis pas certain que cela crée un tremblement de terre sur les marchés.

En résumé, alors que l’on ne dort plus depuis trois jours à l’approche de ce Super-Jeudi, il se pourrait bien que ce jeudi en question soit à peu près aussi péniblement ennuyant que le service militaire.

À noter, pour ceux qui veulent VRAIMENT le savoir, qu’hier la plupart des places de bourse européenne ont terminé en baisse de trois fois rien, parce que, je cite : « personne ne voulait rien faire à l’aube de ce Super-Jeudi qui pourrait tout changer ». Et puis demain, personne ne regrettera de n’avoir rien fait, parce qu’il ne se sera rien passé et que l’on pourra s’auto-congratuler et se faire des bisous sur les bras pour se dire que l’on TELLEMENT bien fait de ne rien faire.

Ce matin l’Asie ne fait rien parce que, devinez quoi : ILS ATTENDENT ! Ils attendent de voir ce que va faire l’Occident de leur Super-Jeudi. L’or continue de tenter la cassure au-dessus des 1280$, il est à 1288$, mais c’est dur. Il monte à la vitesse d’un alpiniste obèse qui arrive en haut de la Dôle. Et puis le baril d’or noir est à nouveau à 46$, il s’est fait démonter violemment hier, parce que les inventaires pétroliers étaient, je cite à nouveau : « nettement au-dessus des attentent des analystes » – Analystes, qui, je le précise, sont tout de même faux sur leurs prévisions pour la 643ème semaine consécutive et je parle de 643ème semaine pas parce qu’ils étaient juste il y a 644 semaines, c’est simplement qu’avant on ne publiait pas les inventaires.

Bref, le baril est à 46$, bas du canal, il est probable que l’OPEP vienne la ramener tout soudain.

Côté nouvelles du jour, on commence avec Bill Gross qui fait la une de tous les journaux parce qu’il estime que le marché est trop cher, que la neige elle est trop dure et que depuis 2008, le bourses mondiales n’ont jamais été autant « à risque » et que les rendement des obligations sont trop bas. Il s’en prend aux banques centrales, parce que c’est tout de leur faute si on en est là – il n’hésite pas à comparer cette année 2017 à 1987, sauf qu’en 1987, lors du krach, le marché était en hausse de 40% sur l’année et en hausse de 100% sur 24 mois, ce qui n’est pas vraiment le cas actuellement, ou alors j’ai raté un truc.

Pour le reste, le Barron’s se demande (comme moi) ce qui pourrait foirer après ce Super-Jeudi, puisque tout à l’air de se dérouler comme dans un film parfaitement scénarisé. Ils se disent que le témoignage de Comey ne devrait pas changer la face du monde et nous explique tout ce qu’il y a voir et à entendre lors de l’assemblée générale de Tesla.

Autrement, si l’on veut vraiment faire celui qui s’intéresse à tout le reste, en plus des TROIS NOUVELLES DU JOUR à suivre, des TROIS CHOSES QU’IL FAUT VOIR dans l’économie d’aujourd’hui, on notera que le Trade Balance chinois est sorti plus fort que prévue. Surprise.

A noter encore qu’entre hier soir, 21h30 et ce matin, 2h15, le Bitcoin a perdu 6% et qu’il a tout récupéré à 6h30 ce matin. Bienvenu au Muppet Show !

Pour le moment les futures sont en hausse et il fait soleil. On attend les chiffres de l’emploi en Suisse, le CPI en Suisse toujours et les Jobless Claims aux USA. Pour le reste, si vous ne savez pas ce que l’on attend aujourd’hui, c’est que vos cours de lecture rapide ne fonctionnent pas, ou, si vous m’écoutez, que les piles de votre sonotone sont à plait.

Que votre terrasse du jour soit à votre goût et on se retrouve demain à la même heure. Excellente journée.

Thomas Veillet
Investir.ch

« The real key to making money in stocks is not to get scared out of them. »

Peter Lynch