Je vous rassure tout de suite, on ne parle pas des FAANG’s, ni du S&P500, ni d’un truc super important, mais seulement du pétrole. Le pétrole est entré en « Bear Market » depuis hier. Et heureusement qu’il y avait ça, sinon on se serait endormi en sursaut tellement il ne se passe rien et tellement on n’a rien à dire, moi y compris.

L’Audio du premier jour de l’été :

Pour mémoire, je rappelle donc qu’un « Bear Market » est identifié dès qu’une valeur, un indice, un matière première ou un club de foot, se traite 20% « EN-DESSOUS » des plus hauts relatifs. En l’occurrence, en passant sous les 44$, le baril de pétrole a perdu 20% depuis les plus hauts du mois de janvier et nous sommes donc techniquement dans un Bear Market. L’empire des ours, le royaume des plantigrades, là où tout les négatifs de la Terre se sentent enfin heureux, parce qu’ils nous l’avaient dit : « ça ne peut pas durer ».

Là, on ne parle que du pétrole. Ce n’est pas non plus comme si le S&P, le Dow Jones, le Dax et le SMI entraient sur le territoire des ours EN MÊME TEMPS, c’est même plutôt une bonne nouvelle fondamentalement, puisque NORMALEMENT, dans un futur proche, la station service du quartier va baisser les prix de l’essence.

Une fois qu’ils auront fini d’épuiser les stocks qu’ils ont acheté au plus cher au mois de janvier, bien sûr, puisque je vous rappelle le principe du « pétrolier moyen » ; on répercute la hausse du brut quasiment seconde par seconde, mais en revanche, quand il baisse on écoule d’abord les stocks que l’on a acheté très très cher. Et on répercute la baisse du prix bien plus tard. Ça perment de lisser la performance dans le temps et de ne pas habituer trop vite le consommateur à payer trop bon marché son essence.

Si l’on réfléchit du côté du portemonnaie, le fait que le baril rentre sur le terrain de Paddington est globalement positif, en revanche dans le monde merveilleux de la finance ; pas du tout. Le problème c’est que le pétrole c’est un indicateur de « bonne santé de l’économie », on le dit souvent : « quand le pétrole va, tout va », on dit aussi que quand le bâtiment va, tout va, mais nous dans la finance, on préfère quand c’est le pétrole qui va…

D’abord parce que si le pétrole va mal, on se demande déjà qui va bien pouvoir commander la prochaine Lamborghini Aventador plaquée or avec des jantes incrustées en diamants, reflétant un goût de chiotte prononcé, mais qui offre, en revanche, un certain potentiel de développement économique pour une ville de petite taille en Italie.
Ensuite, on se dit que les pétrolières vont aller mal. Tout d’abord les sociétés qui font du forage, parce que forcément, si le pétrole ne vaut plus rien, on ne peut plus forer très profond et comme en surface, on a pompé à peu près tout le jus de dinosaure un peu partout sur la planète, il n’y a plus grand chose à forer. Les compagnies spécialisées dans ce type de forage en haute profondeur n’ont donc pas de raison de continuer à forer et n’encaissent plus d’argent. Du coup, les CEO’s ne peuvent pas se payer de bonus, ne consomment plus, arrêtent d’acheter des voitures de luxe, des maisons de luxe, des femmes de luxe et de claquer leur pognon un peu partout dans des choses indispensables et soudainement l’économie s’arrête, on ne mange plus à notre faim, on doit chasser des rats pour se nourrir ou pire, se nourrir exclusivement de légumes et ou pire encore, devenir Végan.

Tout ça parce que le baril est passé de 44.50$ à 43.50$. C’est un peu comme les dates de péremption sur les boîtes de conserves. Le 30 juin 2017 jusqu’à minuit, c’est parfaitement comestible et le 1er juiller à 00h01, on ne peut plus les manger. C’est à se demander ce qui se passe dans la boîte de conserve en question durant cette minute-là… Eh bien le pétrole c’est pareil, dès qu’il passe de 44.50$ à 43.50$, le monde s’arrête de tourner et ça devient vraiment la merde. À noter au passage que si le pétrole monte trop, c’est mauvais pour l’économie, parce que du coup, ça peut ralentir la consommation, mais ça c’est une autre histoire que je vous comterai un autre jour, mais pas tout de suite notez-bien.

Donc le pétrole est entré en Bear Market hier, les pétrolières se sont faites démonter – grand classique de le littérature fiancière – et la journée était pourrie et ennuyante. Parce qu’en plus du pétrole et des pétrolières qui baissaient, on devait se taper les discours de la moitié des Présidents de la FED qui sont en tournée et qui disent à peu près tout et son contraire à propos des taux, de leur éventuelle hausse à venir ou pas. Non parce que le problème c’est ça quand vous avez 3 Président de la FED qui parlent la même journée ; statistiquement, il y a une bonne chance que ce qu’ils disent s’annule mutuellement, ce qui veut dire que ça ne sert à rien de les écouter. Mais dans le doute, comme on ne peut pas faire confiance à ces types, on doit quand même se farcir leurs discours à deux balles pour être certain qu’ils sont bien contradictoires.

Hier, entre un qui dit que les taux devraient rester bas mais qu’il est pas sûr et l’autre qui dit que les taux, c’est même pas sûr qu’il continuent à monter cette année, mais qu’il a un doute quand même, on sent bien qu’ils ont une envie terrible de se mouiller et de prendre position, c’est un peu comme quand vous demandez à un politicien genevois de vous donner un date pour le début des travaux du pont sur la rade, soudainement, il perd toute notion de la réalité et fait un malaise vagal.

En résumé, le pétrole à baissé, les pétrolières ont suivit, les Présidents de la FED auraient mieux fait de ne rien dire si c’était pour dire ça et puis la Livre Sterling est au plus bas depuis la mi-avril parce que Carney ne monte pas les taux pour le moment.

Oui, je suis d’accord avec vous : entre une journée devant vos Bloomberg et une journée à la piscine, hier le choix était vite fait.

Ce matin le pétrole a toujours des poils des oreilles rondes, des grandes griffes et se nourrit toujours de miel et de saumon. Il se traite à 43.46$. À noter qu’il a déjà touché ces niveaux le 19 septembre 2016 et le 15 novembre 2016 – niveau qu’il avait choisit pour rebondir. Eh oui, on peut être en Bear Market et penser au rebond quand même, ça c’est mon côté bête à cornes.

Pour ceux que ça intéresse, l’or est à 1247$, le Japon recule de 0.23%, Hong Kong de 0.55% et la Chine monte de 0.11% après avoir appris la bonne nouvelle ; MSCI va inclure 222 titres chinois dans son indices Marchés Émergents, c’est de la folie, le marché est presque en train de s’emballer. Bon, il faut dire que cette inclusion va commencer en 2018 et que ça prendra 5 ans pour s’équilibrer. Selon Goldman Sachs, cela devrait représenter – sur 5 ans – des flots d’argent de l’ordre de 210 milliards. Le problème, c’est qu’en ce moment, nous avons une vision à 12 minutes – pour les investisseurs long terme – ce qui fait qu’une nouvelle qui aura hypothétitquement de l’influence sur les marchés dans 5 ans d’ici, c’est comme dire à votre Golden Retriever qu’il aura à manger, mais demain, il n’en a rien à foutre, c’est MAINTENANT qu’il veut manger. C’est tout le temps, mais c’est surtout maintenant.

Bref, MSCI a intégré la Chine. Hier c’était possiblement important, ce matin c’est incroyablement inintéressant.

Hier au Bourget, Boeing a déclaré que selon eux, dans les 20 prochaines années, 41’030 avions de ligne seront livrés. 41’030, pas 41’000, pas 42’000, non, c’est très précis, 41’030 avions. Ça laisse songeur et on ne peut pas s’empêcher de se demander comment ils arrivent à ce chiffre. Selon eux c’est un mélange d’interpolation avec une croissance annuelle de passagers de 4.7% et d’une grosse séance de fléchettes, ceci dit c’est une bonne nouvelle pour l’industrie, je devrais peut-être me mettre à fabriquer des avions plutôt que d’écrire des chroniques, au moins y a de la croissance.

Dans les autres nouvelles qui vont sûrement vous maintenir éveillés, Tesla a viré son responsable du programme de voitures autonomes après 6 mois et l’ont remplacé par Andrej Karpathy, proéminente figure de l’intelligence artificielle. Pendant ce temps, UBER a décidé que dorénavant les chauffeurs pourront accepter les pourboires. Il est probable que, connaissant la politique humanitaire d’UBER, ils devraient prochainement annoncer que leurs chauffeurs ne seront payés plus que par les pourboires et que s’ils crèvent de faim, ça sera de votre faute. En attendant, ils prendront le prix de la course pour eux, parce que vous comprenez, ils ont des frais, d’ailleurs ils vont même prendre une commission sur les pourboires.

Le Barron’s parle de ce que pourrait être la prochaine récession. L’Arabie Saoudite vient de changer de prince, peut-être que ça va réveiller le pétrole. Et puis, la bonne nouvelle c’est que visiblement les terroristes ont changé de méthode ; ils vont se faire sauter tout seul dans les gares. Je pense que l’on devrait encourager les gouvernement à mettre à dispositions dans les lieux publics, des endroits sécurisés où les terroristes en herbe peuvent aller se faire sauter librement sans embêter personne.

Il semblerait donc que la tendance se confirme ; pour être un extrémiste religieux, avant il fallait être con, mais maitenant il faut très très con. Encore un peu et ils vont s’autoréguler eux-mêmes.

Retenons encore qu’après un premier trimestre « peu dynamique », le SECO a revu la croissance du pays (du notre) à la baisse. Avant il attendait 1.6%, maintenant c’est plus que 1.4%. Par contre, rien de changé pour l’an prochain : 1.9% de croissance, solide, sans broncher. On modifiera au fur et à mesure.

Côté chiffres économiques, vous allez adorer, il n’y aura rien mis à part les inventaires pétroliers. On se réjouit déjà de la journée à venir. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.17%, ça sent la correction massive.

Je crois qu’on peut s’arrêter là. Personnellement, je vais aller observer les ours à la jumelles, histoire de voir qu’ils ne se reproduisent pas et je vous retrouve demain pour la suite des aventures fabuleuses de l’économie mondiale. Passez une très belle journée.

Thomas Veillet
Investir.ch

“I don’t understand bus lanes. Why do poor people have to get to places quicker than I do?”

Jeremy Clarkson