A la rencontre des magiciens qui font voler les plus gros avions.

Bonjour à tous,

Sur la route ce matin, comme chaque matin je passe sous ces oiseaux de fer qui atterrissent et décollent de l’aéroport de Genève. Comme beaucoup de garçons je suis fasciné par les avions et ça depuis tout petit. En effet, ces tonnes d’acier qui s’élèvent dans le ciel pour rejoindre un autre bout de la Terre ont de quoi nous fasciner et résume notre capacité d’innover et de nous surpasser. Si dans 300 ans nous devions lister les principales innovations du 20e siècle, je pense sans hésiter que l’ordinateur, la voiture et l’avion seraient dans notre top 3. Et pour faire rouler ou encore voler la voiture et l’avion, nous avons su créer des machines capables de délivrer une puissance jusqu’alors inimaginable. Vous l’avez compris, on va parler ce matin moteurs, gros, très gros moteurs. Et dans la cour des gros moteurs d’avion, il n’y a pas milles sociétés sur le podium. Oui la marque au double R est sans hésitation un des 4 leaders mondiaux et domine le segment des longs courriers avec une place de choix sous les ailes des Airbus A380, A300, A350 et du Boeing 787.

Oui, en effet on va parler du motoriste Rolls-Royce. Pour la petite info, il faut savoir qu’aujourd’hui, les moteurs représentent entre 1/3 et 1/4 du prix de l’avion et sont directement achetés par les compagnies aériennes car c’est de leur performance que dépend l’essentiel des économies futures de carburant. Mais l’information sûrement la plus intéressante reste le business model des motoristes. Si certains moteurs sont presque vendus a prix coutant, chaque vente de réacteur assure au motoriste des années de service après vente avec des marges dépassant parfois 30%, et cela durant les 20 ans de vie d’un moteur. Joli business model, en effet !!!

Avant de parler finance, on va garder nos bonnes habitudes et remonter le temps pour savoir ce qui se cache dans l’ADN du motoriste Rolls-Royce. Tout commence réellement en 1904. Henry Royce fabrique son premier moteur et fait la connaissance de Charles Rolls qui vend alors des voitures haut de gamme à Londres. Un accord est trouvé, Henry fabrique les voitures et Charles les vend sous le nom de Rolls-Royce. L’aventure commence bien et, en 1906, leur modèle au 6 cylindres est élu meilleure voiture du monde. Puis la grande guerre pointe son nez.

Pour les besoins de la patrie, Henry Royce se met à travailler sur un modèle de moteur d’avion. Il créé le moteur Eagle qui équipera plus de la moitié de la flotte aérienne des Alliés. Dès lors, Rolls-Royce ne va cesser d’innover dans les moteurs d’avion jusqu’en 1940, où le moteur Merlin équipera les Hurricanes et les Spitfires de la bataille d’Angleterre. La forte demande de moteurs Merlin transforme la petite compagnie en leader du marché des motoristes aériens. En 1953, Rolls-Royce entre dans la cour de l’aviation civile en équipant le Boeing 707.

En 1971, son moteur à propulsion equipant les Lockheed Tri-Star connaît de sérieux déboires et oblige Rolls-Royce à se mettre sous la responsabilité de l’Etat. Durant cette période difficile, l’entité produisant les voitures Rolls-Royce devient indépendante en 1973. Jusqu’en 1987, Rolls-Royce reste une entreprise publique pour mieux rebondir. Sa privatisation en 1987 et ses multiples acquisitions en font dans les années 90 un leader des motoristes aériens, terrestres et maritimes. Cependant en 1998, l’entité Rolls-Royce Motor Car, qui conçoit et commercialise les belles berlines est vendue à BMW pour GBP 40 millions. Suite à cette séparation, Rolls-Royce se recentre sur sa capacité d’innovation de gros moteurs d’avion et de bateau. En 2013, arrive une certaine forme de consécration car Rolls-Royce équipe le plus gros porteur du monde: l’A380.

Aujourd’hui Rolls-Royce emploie presque 50.000 collaborateurs, dont 16.500 ingénieurs, dans 50 pays. Le chiffre d’affaire s’élève à presque 15 milliards de Livres Sterling. Mais le plus impressionnant est la valeur du carnet de commandes, avec presque 80 milliards dans le pipe. Enfin, il est bon de noter que la branche de l’aérien civil représente 51% du revenu et que l’aérien militaire représente 16% du revenu. En somme 67% du revenu de Rolls-Royce provient de la motorisation d’avions 🙂

Après cette remonté dans le temps et une petite synthèse de Rolls-Royce aujourd’hui, il s’agirait de faire un point de marché, car le titre a bel et bien été réévalué ce matin par les analystes theScreener. L’évaluation du titre est d’après nos analyses bonne depuis le début de l’année mais avait perdu il y deux semaines notre intérêt sur les éléments de risque. Aujourd’hui, la bonne nouvelle provient du fondamental car les 18 analystes qui suivent le titre sont de nouveau positifs sur les révisions bénéficiaires. Toujours sur le fondamental. le titre nous semble au prix de 897 GBp encore légèrement sous-évalué. Enfin sur la partie plus technique, le titre s’inscrit à la hausse dans un environnement haussier, et enregistre une surperformance relative dans un environnement positif.

En somme, on est sur un titre à 4 étoiles. Avec de bon indicateurs :

Fondamental

  1. En terme d’évaluation, le titre semble légèrement sous-évalué.
  2. Les analystes sont positifs.

Technique

  1. La tendance technique souligne l’intérêt des investisseurs.
  2. Le titre enregistre une surperformance relative dans un environnement «Produits & Services Industriels» positif.

Enfin le risque sur le motoriste anglais a changé récemment. La sensibilité est devenu le 27 juin dernier moyenne. Il semble dès lors que le titre soit en ligne avec les mouvements du marché, mais encore assez résilient en cas de pressions spécifiques, en cas de mauvaises nouvelles.

Somme toute, en combinant d’un côté de bons signaux sur le fondamental et le technique, avec un risque considéré comme moyen, le titre Rolls-Royce nous offre de bonnes perpectives et une évaluation globale plutôt positive.

Si vous voulez approfondir l’analyse sur ce fleuron de l’industrie des moteurs, veuillez télécharger l’analyse détaillée theScreener.

Nous vous souhaitons de la part de toute l’équipe theScreener, une excellente journée,

Stanislas Laurent