Alors que la saison des résultats bat son plein, que nos journées sont rythmées par les publications, les prévisions futures et les interprétations de chacun, le marché semble montrer ses limites – en tous les cas pour le moment. Depuis le temps que l’on ne « croit » plus à cette hausse, depuis une semaine nous arrivons à un moment précis dans l’espace temps où nous semblons ne plus pouvoir aller en avant.

L’Audio du 24 juillet

Et cela commence par l’Europe. Ou plutôt par l’Euro. Depuis quelques semaines, rien n’a fondamentalement changé – économiquement parlant – Macron est en train de révolutionner la France (comme prévu), l’Allemagne continue d’être l’Allemagne et le Sud de l’Europe pagaye toujours pour rattraper le retard. Mais par contre, depuis que Draghi a parlé il y a presque un mois, en se prenant les pieds dans son discours, les intervenants ont globalement décidé qu’ils s’autorisaient à penser que ces quelques phrases laissaient penser que la BCE allait changer sa politique monétaire très prochainement.

Le patron de la banque centrale en question a bien essayé d’enrayer cette façon de penser jeudi passé, rien n’y a fait et les experts en futures décisions de politique monétaire sont dorénavant convaincus de leur fait. Dès lors, l’Euro se renforce. Il a même repris carrément trois figures ces dernières semaines et ne montre pas le moindre signe de faiblesse. Reste à savoir si le responsable est l’Euro fort ou le Dollar faible, mais pour être franc, on s’en fout, il n’y a que le résultat qui compte.

Et le résultat est que l’Europe commence à montrer des signes de fatigue. Depuis l’accélération haussière de la fin de l’automne dernier, les indices européens prenaient l’ascenseur de concert avec les USA, mais depuis un mois, on sent bien que le cœur n’y est plus. Le bon vieux théorème qui dit que quand l’Euro monte, les exportatrices se font démonter semble se confirmer encore une fois. C’est en tous les cas ce que l’on peut constater depuis quelques jours ; les marchés européens calent et ne peuvent plus aller en avant.

Alors la question que l’on peut se poser est de savoir si cette soudaine faiblesse en Europe est « le canari dans la mine » et le début de la fin qui se dessine. On peut en effet se le demander, mais en attendant on s’accroche encore à la saison des publications pour voir si les USA en général et les technos en particulier, auraient encore un miracle à nous délivrer ce trimestre encore.

Là aussi, rien n’est moins sûr. On a déjà constaté que l’inflation a vraiment de la peine à décoller et que ce n’est pas « QUE » de la faute du pétrole qui se traîne dans la zone des 46$ et peine à aller voir plus haut – même si on compte un peu sur le Meeting de l’OPEP de ce jour pour avoir de nouvelles coupes de production et monter un peu plus haut – non, définitivement, la belle dynamique de l’économie américaine sous Trump Premier ressemble tout de même plus à un spaghetti trop cuit qu’à une division de chars Abrams qui rouleraient sur Pyongyang avec la bannière étoilée suspendue au canon.

Il ne faut pas non plus oublier qu’aux USA, nous sommes beaucoup monté sur les attentes de ce que Trump allait délivrer, sur la Healthcare, sur l’économie et sur l’aspect fiscal. Mais force est de constater qu’après 6 mois de règne, l’idiot du village est surtout parvenu à accumuler un nombre de scandale hallucinant, que même nos Conseillers Fédéraux à sept ne seraient par capables de réaliser en 100 ans.

On peut toujours rêver que cette semaine, Amazon, Facebook, Coca-Cola, Google, Exxon, Chevron ou encore Merck, viennent nous publier des chiffres de folie en disant qu’ils ne savent plus quoi faire de leur pognon et surtout de leur croissance et que même, ils pensent fermer leurs opérations durant les deux dernières semaines d’août parce que sinon ils vont gagner trop d’argent. Mais pour être franc quand on voit ce que l’on a vu ces derniers jours – ce n’était pas la catastrophe, mais on a connu tout de même des périodes euphoriques un peu plus euphoriques.

Depuis le début de la saison des résultats, c’est un cinquième du S&P500 qui a publié et le bilan que l’on peut en tirer se résume en un mot : BOF !

Cette semaine nous continuons donc sur la lancée, mais pour corser un peu les choses, il y aura aussi le FOMC Meeting et autant vous dire que mercredi soir, tout le monde sera sur le pied de guerre pour voir ce que Yellen a en magasin pour nous. Il est évident que la FED ne montera pas les taux ce mois de juillet, mais nous serons attentifs afin de vérifier si la patronne de la FED n’a pas changé son fusil d’épaule depuis son témoignage de l’autre jour. À priori ce n’est pas ce que l’on attend, mais on sera attentif à tous les indices qui pourraient nous donner la vision du futur, comme la réduction du bilan de la FED ou l’avenir de l’inflation selon Yellen.

Pour résumer, cette semaine pourrait être très compliquée. Sans compter que la volatilité est virtuellement morte, puisque la semaine dernière nous avons atteint le second plus bas historique à 9.36%. Du jamais vu depuis 1993 – mais à ce rythme-là, je sens que 2017 pourrait bien battre des records dans la semaine à venir tellement les gens donnent l’impression qu’il est urgent de ne rien faire.

Ce matin le Nikkei marque également le pas et recule de 0.8%, il faut dire que les chiffres du Manufacturing PMI qui ont été publiés ce matin, montre que la croissance manufacturière est au plus bas depuis 8 mois, alors que les exportations marquent le pas. Pendant ce temps, Hong Kong et Shanghai sont péniblement en hausse. Le pétrole est à 45.85$ et attend la réunion de l’OPEP et l’or est à 1254$, au milieu de nulle part, attendant on ne sait quoi comme signal pour bouger VRAIMENT dans une direction ou dans une autre. Le Bitcoin est à 2760$ et a vécu une belle semaine finalement, puisque les « Miners » ont décidé d’utiliser un nouveau software pour créer de la monnaie.

Pour être franc, je n’ai strictement rien compris au pourquoi du comment de cette bonne nouvelle, mais c’est pas grave, il suffit de savoir que le Bitcoin vaudra 55’000 dans 5 ans.

Ce matin dans les nouvelles du jour, on apprend que le FMI a conservé ses perspectives de croissance mondiale là où elles étaient. 3 mois que l’on n’a plus entendu parler d’eux et ils viennent nous dire que finalement, ils n’ont rien à dire. Moi, quand je serai grand, j’irai bosser au FMI.

Autrement Blackstone va prendre une participation de 40% dans la société de Cyber Security Israélienne NSO, le tout pour la modique somme de 400 millions de dollars. Aucun des deux porte-paroles ne veut confirmer ou infirmer, pour des raisons de sécurité sans doute.

Ailleurs Vanguard se rapproche de la place de numéro détenue par BlackRock dans le monde des ETF’s, actuellement la société américaine rentre 1 milliard d’asset par jour. Quand on pense que certains se battent pour lever 10 millions… ça laisse songeur, surtout que Vanguard se contente principalement de répliquer les indices, ça donne super-envie.

Et puis on va parler politique internationale, puisque Trump semble motivé pour se mettre un peu plus dans la panade en lançant des sanctions contre la Russie pour s’être mêlée d’un peu trop près dans la campagne électorale de 2016 – l’Europe a déjà déclaré qu’ils n’étaient pas d’accord et ne veulent pas être la victime collatérale d’une gé-guerre entre les deux grands.

Pas grand-chose d’autre à ajouter ce matin si ce n’est que nous sommes sans doute au début d’une grosse semaine qui pourrait être importante, ça va nous changer des soporifiques semaines d’été.

LE CHIFFRE du jour, ça sera le trimestre de Google qui sera publié ce soir. Il y aura aussi tout plein de Manufacturing PMI sur l’Europe, mais aussi sur la France, l’Allemagne et les USA, sans oublier le meeting de l’OPEP. En attendant, les futures sont en baisse de 0.14%…

Il me reste à vous souhaiter un excellent début de semaine et on se retrouve demain pour le premier bilan post-Google et pré-FOMC Meeting. Que votre petit-déj et votre café vous permettent de tenir jusqu’à midi, passez une belle journée et à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

About the Mercedes CLs55 : “Braking in this car is so brutal, it would be less painful to actually hit the tree you were trying to miss.”

Jeremy Clarkson