Je ne suis pas certain que l’on puisse considérer un lundi veille de meeting de la FED et premier jour d’une semaine de publications trimestrielles juste énormes, comme étant très relevant, ni très « indicateur » de la suite des événements à venir, mais en même temps, si l’on ne commence à parler plus que des lundis qui comptent vraiment, on va vite se retrouver à ne plus parler du tout.

L’Audio du 25 juillet

Hier nous avons beaucoup parlé de l’Euro et des conséquences que sa récente hausse avaient sur les marchés européens et sur les valeurs exportatrices en particulier. Sur la séance de ce lundi, la bonne nouvelle c’est que l’Euro a cessé de monter. Il est toujours relativement haut pour un truc que pas mal de monde voyait à parité un de ces jours, mais il ne frise plus les 1.17 et n’est « plus qu’à 1.1650 ». Pas que cela change grand-chose à la performance de ces mêmes valeurs exportatrices, mais au moins, ça n’aggrave pas les choses.

Et puis, entre vous et moi, je me pose toujours la question de l’impact réel d’une variation de trois figures sur une monnaie pour une « grosse valeur exportatrice ». Non, parce que dans le cas des « très grosses », j’imagine que le type qui gère les entrées et les sorties de pognons en provenance de l’étranger, n’est pas le comptable du coin avec aucune notion de FOREX…

On peut tout de même supposer que ces sociétés-là ont leur propre salle de trading et ont compris depuis longtemps ce que le mot « hedger » veut dire. Et d’ailleurs sûrement mieux que certains banquiers. Je me souviens même qu’il fût un temps, à chaque publication trimestrielle de Nestlé, si le dollar/suisse avait bougé de plus de 2 figures les trois derniers mois, tout le monde angoissait que les chiffres de la société veveysane soient mauvais.

Et puis, à chaque fois on se rendait compte qu’en fait ils étaient « hedgés » et qu’à limite même, ils avaient gagné de l’argent là-dessus… Je doute quand même que des boîtes comme Siemens n’aient pas anticipé certaines choses.

Mais là n’est pas le sujet, hier le marché européen a terminé au plus bas depuis deux semaines parce que les fabricants de voitures allemands se seraient organisés en cartels depuis des décennies et qu’ils auraient violé les lois anti-trust. Il paraît que s’ils ne l’avaient pas fait, tous les gens qui ont acheté des Audi RS4 ou des BMW M3 auraient largement préféré acheter des Xantia Diesel ou des Peugeot 2008. C’est trop injuste. Le marché a été choqué que l’on ne soit pas tous égaux dans ce bas monde.

Je ne sais pas vous, mais j’ai de la peine à être choqué sur ce genre de nouvelles, ça ne me surprend même plus. Pour résumer la baisse en Europe, c’est les voitures allemandes et Gemalto qui a perdu 20% qui pesaient sur les indices.

Aux USA, c’est le trimestre qui mène la danse. Actuellement 68% des sociétés qui ont publié on battu les attentes de Wall Street. Sauf que de nos jours, « battre les attentes » ne suffit plus à faire monter le marché.

NON ! De nos jours, si vous voulez que votre action monte à la fin du trimestre, vous devez :

1) faire mieux que les attentes d’au moins 20%
2) donner des prévisions à 9 mois au moins avec un ton et des espérances au-delà de « bullish », je dirais même « bullishement délirantes », type nous allons « pulvériser le marcher », écraser la concurrence et peut-être même nous faire racheter par Amazon !
3) Annoncer l’arrivée d’un produit qui va révolutionner l’industrie, voir le monde… Je ne sais pas, le vaccin contre le cancer, l’iPhone qui fait le café, si il y a une app for that, la voiture qui roule toute seule, qui se charge toute seule, qui va à la visite toute seule et qui roule toute seule même quand vous n’êtes pas dedans ou encore être la banque qui a inventé le produit financier qui vous fait gagner à tous les coups et toujours plus que les indices.
4) Et pour couronner le tout, si vous n’annoncez pas tout ça en ayant l’air super-cool et que vous ne portez pas le hoodies, le t-shirt ou le col roulé, vous êtes foutu ça n’aura aucun impact sur les experts en investissement.

Dans cet environnement, on retiendra Halliburton qui a fait mieux que les attentes, mais qui s’est pris plus de 4% dans les dents parce que c’était mieux mais pas vraiment mieux-MIEUX, juste mieux. Ensuite nous avons eu Hasbro, qui eux ont fait plus simple, ils ont fait « moins bien », la sanction ne s’est pas fait attendre et le titre perdait près de 10%, comme quoi Optimus Prime et Spiderman ne sont pas la solution à tout. Mais Scientific Games était LA boîte qui faisait tout juste, le titre prenait 30% sur les publications, à voir comme ils ont battu les attentes, on pense que les analystes ont passé leur trimestre à jouer aux jeux de Scientific Games plutôt qu’à checker leur compta. Dans le secteur du matériel de sport, Hibbett Sports a fait un profit warning et perdait 33%, entrainant avec lui Sporting Goods et Foot Locker.

Dans la séance d’hier, il nous faudra encore retenir la hausse de 20% de WebMD Health Corp qui va se faire racheter par KKR, sans oublier Blue Apron qui reprenait 13% après avoir décroché le titre de pire IPO de l’année. Si, si, pire que Snapchat.

Du côté des matières premières, l’or est toujours parqué à 1254$ et le pétrole terminait en hausse, à 46.61$, parce que l’OPEP a laissé entendre qu’il allait demander au Nigeria de fermer un peu les robinets. Encore un meeting de l’OPEP qui aura surtout rapporté de l’argent aux hôtels 5 étoiles de Saint-Pétersbourg.

Aujourd’hui je peux l’écrire : ce matin l’Asie ne fait rien ! Les indices locaux ne bougent tellement pas, que j’ai du vérifier deux fois si ils étaient vraiment ouverts.

Côté nouvelles du jour, la première c’est Google qui a publié ses chiffres hier. Pour faire simple, c’était meilleur que les attentes, mais il y a tout de même cette amende de 2.7 milliards qui fausse les calculs et du coup, on est un peu perdu. Sans compter que disséquer les chiffres de Google demande un peu plus de 5 minutes. Conclusion, on n’est pas super-à l’aise avec les chiffres de Google et le titre perdait 2% hier soir. Pourtant le titre du leader des moteurs de recherche faisait partie des « winners » d’hier, puisque le Nasdaq est tout de même parvenu à clôturer au plus haut de tous les temps.

Le beau-fils de Trump n’a rien à se reprocher. Selon lui. Quelle surprise. Qu’ajouter de plus ? C’est un patriote et God Save the Queen – ah non, c’est pas là. Mais peu importe, il est innocent. Normalement. Le FT aime les titres japonais. La FED entame son meeting ce jour et devrait confirmer demain que les taux vont encore monter cette année (une fois) mais pas CETTE fois.

Les Chinois ont intercepté un « avion espion » américain. Enfin, pour les Chinois. Pour les Américains, c’est un pilote de la Navy qui s’est paumé dans le brouillard en VFR et qui cherchait des voies de chemin de fer au sol pour se repérer et trouver un aérodrome pour aller livrer le courrier.

Une plateforme qui va offrir des options sur le Bitcoin a obtenu l’approval de la CFTC aux USA. LedgerX va donc pouvoir commencer à offrir des options à ses clients. Au vu de la volatilité et de la liquidité de la chose, je me réjouis de voir la tête des spreads et les swings que tout cela va nous donner. En même temps, un call à 5 ans avec un strike à 5’000, quand le sous-jacent vaudra 55’000, ça devrait le faire pour la retraite.

Le Barron’s pense que le dollar est au bord du gouffre. Ça va bien aider les affaires des marchés européens et des exportatrices locales en particulier. Le journal met également en avant Caterpillar qui pourrait « doubler » dans les années à venir. Et aussi étonnement que cela puisse paraître, ils ne se sont même pas lancé dans le Cloud, ni même dans les smartphones, c’est à ne rien y comprendre.

Sur CNBC on a peur que la FED fasse la même erreur qu’en 1994 et resserre les taux trop vite par rapport la dynamique économique. Les experts obligataires s’en souviennent encore. Et puis la Chine renforce ses défenses à la frontière de la Corée du Nord.

Côté chiffres économiques, nous aurons le French Business Survey et le PPI de chez Macron. Il y aura aussi le Business Expectation en Allemagne ainsi que l’IFO. Aux USA c’est Redbook, Consumer Confidence et Richmond Manufacturing index.

Et puis pour les trimestriels, évidemment c’est du lourd, puisque nous aurons notablement 3M, AT&T, Amgen, Akamai, Celgene, Biogen, Caterpillar, DuPont, Dassault, GM, McDo et UTX. Entre autres…

Actuellement, les futures sont inchangés et le Bitcoin aussi. Nous allons donc continuer de « screener » les chiffres du jour, de réagir avec excès, comme d’habitude et se dire qu’avec l’annonce de la FED de demain soir, on y verra plus clair. En attendant, on va s’injecter du Nespresso pour ne pas s’endormir, parce que la volatilité est toujours aussi basse.

Moi je vous laisse, je vais aller traiter des options sur le Bitcoin. Que votre journée soit excellente et God Save Doris Leuthard et son shopping italien.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

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Harvey Specter