Il y a des jours, on n’a même pas besoin de poser de questions sur l’ambiance des marchés. En lisant trois articles, on sait déjà que la semaine qui commence démarre sous de mauvais auspices. Attention, ça ne veut pas dire que ça va se terminer dans un bain de sang et que c’est CETTE semaine que les marchés vont se casser la figure grave, NON, mais il y a des semaines qui commencent (comme celle-là), où l’on sent tout de suite que c’est plutôt un terrain propice pour acheter des puts et jouer du côté de Bears…

L’Audio du 21 août 2017

Je dis ça, parce que quand je fais ma revue de presse habituelle et que je vois des articles en première page qui citent encore une fois le fameux Hindenburg Omen – qui correspond à l’alignement des étoiles boursières idéal pour produire un krach – qu’il n’y a pas deux articles de suite qui donnent envie de s’ouvrir les veines tellement tout va mal et que l’on voit partout la tête de Trump accompagnée de phrases telles que « les marchés confronté à l’échec de Trump », « la bourse en difficulté par rapport à l’agenda du Président », « le marché va-t-il droit dans le mur » ou encore « le marché est-il dans le mur mais ne le sait il pas encore »… On peut tout de suite se dire que l’ambiance va être sympa cette semaine.

Bon, il faut dire que les raisons techniques pour dire que tout va mal ne manquent pas. On peut citer le fait que ça fait deux semaine de suite que le Dow Jones termine en baisse, que c’est la quatrième (mine de rien) pour le Nasdaq. Qu’il y a une divergence entre le Dow Jones et le Dow Jones Transportation et que ce n’est jamais bon, que l’indice Russell 2000 (l’indice des small caps américaines) est entré dans une tendance descendante vendredi passé en cassant la moyenne mobile des 200 jours à la baisse. Il y a aussi la volatilité qui semble remonter et prendre (enfin) une tendance « haussière », ce qui démontre un niveau d’incertitude en augmentation. Nous avons aussi le « rallye » sur l’or – bon, rallye, il faut le dire vite, mais ces derniers jours il est tout de même brièvement passé au-dessus des 1300$ et ce n’était plus arrivé depuis l’élection de l’homme qui murmure à l’oreille des balles de golf.

Et puis, il ne faut pas non plus oublier le fait que le marché a, actuellement, un très mauvais « breath » – ce qui veut dire (en français) qu’il y a plus de titres qui sont au plus bas depuis 52 semaines que de titres qui sont au plus haut depuis 52 semaines. Ce qui n’est pas bon signe.

Et pour terminer, il y a Trump.

Cela devrait suffire en lui-même pour faire baisser le marché actuellement, puisque nous sommes monté de plus de 15% sur ses promesses et sur les espoirs portés par sa politique et qu’aujourd’hui, dans la torpeur du mois d’août, on se rend compte que rien ne fonctionne qu’il a tellement de casseroles au cul que mêmes ses casseroles sont impliquées dans des scandales, que ses soutiens se sont fait la malle à Cuba et qu’il est en guerre avec le Sénat, le Congrès et la Réserve Fédérale.

Il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un des types de son staff et de sa garde rapprochée quitte son poste et si il avait un chien un la Maison Blanche, lui aussi se serait déjà barré.

En gros, quand on met tout ça bout à bout… On ne peut qu’arriver à la conclusion que l’on va finir par se la prendre cette fameuse correction que l’on attend depuis la nuit des temps. C’est en tous les cas ce que l’on nous vend ce matin dans les médias du monde merveilleux de la finance.

Vous avez donc trois choix :

Choix numéro 1 : Vous retournez à l’aéroport, vous prenez un billet d’avion et vous repartez loin d’ici, dans un pays où les bourses mondiales ne sont qu’un détail dont tout le monde se fout

Ou, Choix numéro 2 : Vous shortez et vous faites comme tout le monde ; essayer de vendre au plus haut historique et de faire partie des « happy fews » qui étaient shorts le jour du krach du mois de septembre 2017.

Et pour terminer, Choix numéro 3 : Vous jouez les contrariants, vous utilisez les comptes off-shores et vous achetez le marché et vous vous dites que quand c’est évident, c’est évidemment faux et que donc, ça va monter…

Ce matin l’or est à 1291$, le pétrole est à 48.67$ et les futures sont en baisse. Le Bitcoin est à 4070$ et ça fait 4 jours que ça baisse… ça devient presque inquiétant. Le Nikkei est en baisse de 0.4%, Hong Kong est en hausse de 0.5% et Shanghai monte de 0.3% et Jerry Lewis est mort, tout fout le camp.

Côté news du jour, nous apprenons que Sempra Energy va acheter Oncor pour 9.45 milliards, le tout au nez et à la barbe de Warren Buffet qui lorgnait sur Oncor. Que Trump va annoncer une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan. Alors ça on se réjouit parce qu’historiquement il n’y a pas un seul pays depuis 1000 ans qui sorti vainqueur d’Afghanistan, on est impatient de voir si Trump à la solution.

Le destroyer américain USS John McCain a tenté de se saborder tout seul en heurtant un pétrolier bien plus gros que lui, 10 marins sont portés disparus. L’armée US démontre que même sans les terroristes, elle arrive à se couler toute seule. Besoin de personne.

Les investisseurs qui étaient dans « Double Line », le fonds du gourou obligataire Jeff Gundlach ont retiré 8.5 milliards depuis le « top » du mois de septembre 2016, ça doit quand même faire mal au niveau des revenus… un peu en tous les cas. Et puis, dans le Barron’s de ce week-end, on pense que Starbucks pourrait monter de 20% et que Lockheed Martin est le pari du moment, si l’on veut ne pas prendre de risques.

Côté chiffres économiques, il n’y aura rien ce lundi, je vous recommande donc de revenir demain, ça sera peut-être moins déprimant et il y aura peut-être plus de choses à dire. Et ces choses en question seront (peut-être) moins désespérantes et moins du côté obscure de la force qu’elles ne le sont ce matin.

Il me reste à vous souhaiter – quand même – un très bon début de journée et un beau début de semaine. Nous on se retrouve demain, même heure, même endroit pour des nouvelles encore plus excitantes sur le monde merveilleusement fabuleux de la finance que même Alice aux pays des merveilles semblait terne à côté.

À demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“ An intelligent man is sometimes forced to be drunk to spend time with his fools. »

― Ernest Hemingway