Si l’or est en hausse ; c’est la faute de la Corée du Nord. Si le pétrole est hausse (ou en baisse, d’ailleurs), c’est de la faute à Pyongyang. Si le marché baissait en Europe hier, c’est encore de la faute à Pyongyang. Si le Yen monte, c’est de la faute à Kim Jong Un. Si les gens se ruent sur les classes d’actifs « défensives », c’est de la faute de la Corée du Nord. Si j’ai chopé la crève hier, c’est de leur faute aussi et si Roger Federer ne parvient pas à gagner son vingtième grand chelem, il n’est pas exclu que la Corée du Nord y soit pour quelque chose.

L’Audio du 5 septembre

Vous l’aurez compris, hier et probablement aujourd’hui encore, tout est et sera de la faute de la Corée du Nord. Il faut reconnaître que vu qu’il n’y a pas 5 minutes qui passent sans que l’on entende qu’ils sont prêts à lancer un nouveau missile intercontinental ou qu’ils sont en train de faire un « test nucléaire » ou, comme récemment ; qu’ils pourraient faire péter une bombe nucléaire à haute altitude au-dessus des USA pour que les « pulsations électro-magnétiques » détruisent le réseau électrique des Etats-Unis et fasse court-circuiter la totalité des iPhones du pays, forcément on panique à chaque fois…

Imaginez, soudainement un pays entier sans iPhones !!! Les gens devraient commencer à se parler !!! Est-ce que l’on sait encore ??? Oui, c’est effectivement difficile à imaginer.

Toujours est-il que le marché tremble – faiblement – mais tremble quand même à chaque nouvelle nouvelle sur le sujet de la Corée du Nord.

Alors hier les USA étaient fermés – heureusement – mais en même temps, quand on voit la réaction des futures, qui eux, étaient ouverts, on se dit que globalement tout le monde se fout de ce qui se passe en Corée ou dans les couloirs des Nations Unies où la diplomatie tourne à 200% – Labor Day ou pas, pour essayer de trouver une solution afin de calmer une fois pour toute le cinglé de service et éviter une guerre nucléaire. Quand je parle du « cinglé de service », je parle de Kim Jong Un, pas de Trump. Non, je dis ça, parce que des fois on peut confondre.

Pour résumer la journée d’hier – uniquement en Europe – les marchés ont baissé (légèrement) et tout était à cause de la « crise des missiles coréens ». Point final.

Et à priori, quoi qu’il se passe sur les marchés ces prochaines heures, ça devrait être la même salade. Corée-Missile-ICBM-EMP-Nucléaire-Hydrogène-Kim Jong Un et Trump. Si vous utilisez ces quelques mots, vous devriez être capables d’écrire une chronique boursière et les 4 premières pages du New York Times.

Autant vous dire qu’il y rien à raconter. Surtout que l’on peut réellement se poser la question du niveau de crédibilité de la menace. Non, parce que si l’on y croyait VRAIMENT, vous pensez sincèrement que le marché ne baisserait « QUE » de 0.3% ? Une guerre nucléaire cela ne représenterait « QUE » 0.3% de baisse ? Soyons sérieux, pour le moment comme on n’a rien à dire, ça nous arrange bien de justifier nos quelques ordres de ventes, mais ne me faites pas croire que ceux qui vendent, ils vendent parce qu’ils ont peur de la guerre. Il est évident que, pour le moment, personne ne peut ou ne veut croire que l’autre taré serait vraiment capable de lancer un missile nucléaire sur Los Angeles. Si nous y croyions ne serait-ce qu’à 50%, je pense que ce n’est pas de 0.3% que nous baisserions, mais de 30%… Et puis quand on regarde l’état de l’indice VIX, la volatilité, on se dit que personne n’y croit, sinon il serait tout de même un poil plus haut que les 10% où il se traîne lamentablement.

Alors, NON ! pour le moment personne n’y croit et mis à part le fait de brasser beaucoup d’air, la thématique d’une guerre nucléaire ne fait pas l’unanimité dans le monde merveilleux de l’investissement. Alors OUI ! L’or est à 1341$ et les gens ils achètent ça pour juste au cas où ça finit par partir en vrille et que l’on se retrouverait dans un monde post-nucléaire peuplé de Mad Max sans iPhones qui se battraient dans la boue pour une once d’or…

Reste à savoir comment est-ce que l’on mettrait main sur tout l’or « physique » que l’on aura acheté et qui sera stocké dans une banque qui n’ouvrira plus ses portes pour les 12 prochaines années, mais ça on verra sur le moment. Et puis on achète du 10 ans américain, comme ça quand dans 10 ans on pourra sortir des abris pour remonter à la surface, le Gouvernement US, la première chose qu’il va faire, c’est rembourser ses dettes. Il ne le fait pas maintenant, on peut donc être certain qu’il va le faire immédiatement après une guerre nucléaire.

Ou alors on achète du Yen, parce que c’est trop cool le Yen, quand ils auront rasé le Japon, on aura une monnaie qui aura de la valeur dans un pays qui n’existe plus. Ça sera collector, ça vaudra autant que le Bitcoin quand ils auront grillé tous les ordinateurs des USA…

Bref, pour le moment on se préoccupe soit trop, soit pas assez de Pyongyang, mais en attendant, le marché ne fait rien et on ne s’intéresse même pas à ce qui se passe dedans. Même le rachat de Rockwell par United Technologies, pour la modique somme de 30 milliards et 18% de prime, laisse les marchés de marbre.

Le Bitcoin s’est fait démonter après que la Chine ait interdit les levées de fonds par le biais des cryptomonnaies. C’est finalement un des risques principaux qui est lié au Bitcoin : si les autorités commencent à déclarer certaines pratiques illégales. Ça risque de faire mal. Entre ce week-end et ce matin, le Bitcoin est passé de 4’950$ à 4’000$, là où il se traite ce matin.

Ça fait quand même 20% en 48 heures…

Pour faire simple, la Corée du Nord « drive » les marchés, le Bitcoin se fait démonter et l’or est à nouveau une valeur refuge.

Ce matin le Japon perd encore 0.7% (à cause de la Corée et du Yen) et le reste monte de 0.2%. Les futures sont en baisse de 0.3% et les Américains reviennent au bureau ce matin. On va aussi parler « back-to-school », parce que cette fois, les vacances, c’est fini. Mais avant de se concentrer sur la chose, sur les fondamentaux économiques et sur le prochain meeting de la FED, il va tout de même falloir mettre la Corée derrière nous.

Autrement, mis à part le sujet central, les journaux parlent tout de même des élections en Allemagne et se demandent si Merkel va être réélue, on apprend dans le FT qu’il y a de plus en plus de banques en danger en Europe et que le fossé entre celles qui vont bien et celles qui vont mal se creuse de plus en plus – bon, là tout de suite on s’en fiche, mais quand on aura fini de parler de Kimmy, on devrait s’y intéresser.

Du côté chiffres économiques nous aurons la Suisse qui publiera son GDP et son CPI, plein de PMI’s partout en Europe, le Redbook et l’ISM New York, si New York ne se fait pas tirer de dessus depuis l’Asie…

Pour le moment, il n’y a pas grand-chose à ajouter, on est encore dans un de ces marchés « géopolitique » où tout peut arriver, plus rien n’a d’importance et une parole de travers de la part d’un politicien quelconque et tout peut partir en « live », ce qui est tout de même dangereux, sachant que les mots confiance et politicien ne vont que très rarement bien ensemble.

En attendant, je vous souhaite une très belle journée, demain est autre jour. Je passe le salut amical à mes nouveaux amis de Julius Baer que j’ai rencontré hier – ils peuvent voir que c’était VRAIMENT moi hier soir…

On se retrouve demain à la même heure et au même endroit pour un nouveau cours sur l’équilibre des forces nucléaires dans le monde.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Hitler knows that he will have to break us in this island or lose the war. If we can stand up to him, all Europe may be free, and life of the world may move forward into broad, sunlit uplands. But if we fall, then the whole world, including the United States, including all that we have known and cared for, will sink into the abyss of a new Dark Age… Let us therefore brace ourselves to our duties, and so bear ourselves that, if the British Empire and its Commonwealth last for a thousand years, men will still say, ‘This was their finest hour. ‘ »

Winston Churchill