Ce qu’il y a de bien dans la finance, c’est que nous sommes prévisibles. La semaine dernière, nous avons commencé la semaine sous le signe de l’angoisse totale en nous disant que « SI LA FED RÉDUIT sont bilan, aïe, aïe, aïe !!! ». Certains avaient même prévu que cette annonce pouvait être le début de la fin du Bull Market. Et puis il ne s’est rien passé. Pire, les indices américains ont terminé au plus haut ou presque et c’est la seconde semaine de hausse consécutive pour le marché US.

L’Audio du 25 septembre :

Pendant ce temps, le marché européen finissait la semaine en hausse également – parce que l’ensemble de TOUS les PMI’s publiés vendredi étaient globalement meilleurs que les attentes. Il faut reconnaître que les hausses de vendredi étaient tout de même homéopathiques, mais jusqu’à preuve du contraire, une hausse est une hausse et on n’a encore jamais vu une bulle se dégonfler en terrain positif. C’est antinomique.

Et pourtant, on continue à s’entêter, ce matin on ne parle que de ça : du dégonflement de la bulle. Il n’y pratiquement pas un article qui n’y fait pas allusion. Nous avons droit à « les évaluations sont à des niveaux qui, généralement, rappellent les plus grands krachs boursiers », mais pas que, il y a aussi le fameux « tout est réuni pour que l’on soit dans une bulle qui est au bord de l’explosion », sans oublier qu’il ne se passe pas une semaine sans que Jim Rogers ne passe à la télé pour dire que, selon lui on va se faire démonter dans la baisse et que tout sera la faute des ETF’s et que c’est une question de jours.

Jim Rogers, celui qui avait annoncé 17 ans de Bull Market dans les commodities en 2007. Visiblement on est encore dedans si j’ai bien compris.

Bref, tout ça pour vous dire qu’il y a des lundis matins qui commencent comme celui-là, où vous ne pouvez pas surfer sur un site internet de finance sans que l’on vous parle de krach, de bulle qui se dégonfle, de « fin qui est proche » et du fait que ça va faire tellement mal que ce n’est pas du riz et des pâtes qu’il faut stocker dans votre abri anti-atomique, mais des anti-douleurs et de la morphine, tellement ça va faire mal.

Au risque de me répéter ; j’étais là en l’an 2000 quand la bulle internet a fait « pop ! », j’étais là en 2007 quand le Subprime est arrivé et que PERSONNE ne savait ce que c’était le « subprime » et que c’est devenu super-branché de sortir le mot dans les « afterworks » trop cool du monde la finance et c’est étrange, parce qu’en ce temps-là, personne ne nous mettait en garde contre un « dégonflement de la bulle », d’une correction à venir sur le marché immobilier américain ou du fait que Madoff était barjot.

Au contraire, jusqu’au dernier moment on nous a proposé des « dotcoms » trop géniales qui allaient changer votre manière d’acheter des chaussettes en fil d’Écosse, jusqu’à la dernière minute, il fallait être débile pour ne pas investir dans les produits structurés garanti par le marché immobilier américain avec des noms trop sympas comme ABS ou CDO, une chose était certaine, le risque était nul, imaginez certains de ces produits étaient garantis par Lehman Brothers, que vouliez-vous qu’il se passe ?????

Alors je ne sais pas, mais les matins où je vois que TOUT LE MONDE sait que ça va baisser et peut nous le prouver par A+B, mais que personne n’achète des puts pour se protéger parce qu’ils n’ont rien à protéger ou carrément rien à vendre, ça me paraît tout de même tiré par les cheveux.

Mais bon, comme mon boulot de chroniqueur c’est de vous raconter ce qui se passe et ce qui se dit, alors je vous le dis : nous sommes trop haut, ça ne peut pas durer et la correction va être sanglante. Reste quand même à déterminer si l’on va commencer à baisser depuis ici ou est-ce que l’on va encore monter de 25% juste pour embêter les prédicateurs qui viennent sur CNBC avec les mêmes charts depuis 3 ans, des charts qui nous disent que « cette fois c’est sûr, on est trop haut, trop cher, trop surévalué et que la fin est proche ».

En tous les cas, une chose est sûre, les médias financiers ont besoin de sang pour faire vendre. Je suppose que le mot « krach » fait mieux vendre que le mot « bull market » ou hausse permanente, en tous les cas, je peux vous dire que si j’écris un article qui a le mot « krach » dans le titre, il y a soudainement plus de lecteurs. Avant c’était le mot « sexe » dans le titre qui attirait du monde, maintenant c’est juste le mot « krach ».

Tout ça pour vous dire que, selon certaines mesures d’évaluations, nous sommes au quatrième rang des valorisations les plus élevées de l’histoire de la bourse. Ce qui veut dire deux choses :

Pour le reste, Merkel est toujours et encore patronne de l’Allemagne, elle a été réélue pour la quatrième fois dans une excitation qui dénote bien que tout le monde s’en fout. Néanmoins, le support dont elle bénéficie s’érode quelque peut et l’Euro n’aime pas puisqu’il est tout de même passé de 1.1960 à 1.1930 sur l’annonce… ça fout la trouille.

On continuera de superviser les joutes verbales entre Trump et Kim Jong, histoire de voir si cela pourrait éventuellement peut-être déclencher le krach boursier que l’on prédit suite aux évaluations trop chères. Trump s’est également fâché avec à peu près tous les sportifs américains pour une histoire d’hymne national dont tout le monde se fout à l’étranger.

Toujours au chapitre Trump et ses casseroles, je voudrais le beau-fils. M. Kushner, le mari de la fille de Trump, a utilisé son email de la Maison Blanche pour faire du business « personnel ». Il est vrai que c’est quand même plus cool quand ton mail finit par @whitehouse.com que @gmail.com – niveau marketing, c’est pas pareil.

Au chapitre de la Corée du Nord, on a enregistré un tremblement de terre d’un peu plus de 3 sur l’échelle de Richter ce week-end et on a cru un moment que c’était un essai nucléaire. En fait non, c’était un tremblement de terre, comme quoi la planète elle-même essaie de nous jouer des tours. Pendant ce temps, des bombardiers américains font des missions de reconnaissance au-dessus de la Corée du Nord. Ça s’appelle de la prévention ou de la provocation, c’est selon. Comme les Américains sont les gentils et les Nord-Coréens, les méchants, il semble logique ce soit de la prévention.

Le Barron’s fait sa première page avec la thérapie génique et pense que le secteur est au bord de découvertes majeures. Uber essaie de récupérer sa licence à Londres par tous les moyens.

Ce matin les futures sont légèrement en baisse et on attend l’IFO en Allemagne et Draghi qui devrait parler. Il y aura aussi le Chicago FED et le Dallas Fed Manufacturing. La semaine devrait commencer tout en douceur, même si l’on sait tous que la fin est proche.

Je vous souhaite un très bon café ainsi qu’un très bon lundi et on se retrouve demain pour voir si la bulle a ENFIN explosé comme le prédit à peu près les trois quarts des experts en finance de la planète.

À demain, si vous le voulez bien !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Money’s only something you need in case you don’t die tomorrow… »

From Wall Street (1987)