Les trois indices américains ont encore battus des records. Il faut l’admettre, pas de beaucoup, mais en même temps, un marché qui monte est un marché qui ne baisse pas. Pourtant, quand on regarde la journée d’hier, les volumes, la volatilité et surtout, l’envie intrinsèque, on se demande si on a bien fait de venir. Bilan de situation.

L’Audio du 14 septembre

Si l’on presse sur le bouton pause, où en sommes-nous ?

1) L’Europe a corrigé de près de 10% ces derniers mois, mais personne n’en parle parce que c’est surtout masqué par l’Euro qui lui, a pris bien plus de 10%.
2) Les USA sont au plus haut de tous les temps, mais personne ne semble satisfait, puisque chaque hausse de 0.1% est utilisée pour dire que « ça ne va pas durer » et que le krach prévu ou tout au moins la « correction massive » va se pointer au coin du bois. Sauf que ça fait 2 ans qu’on nous l’annonce et que si on a commencé à shorter il y a 2 ans, je suppose que ça doit commencer à piquer un peu.
3) En cherchant un peu sur le net, je peux vous trouver en 5 minutes à peu près 50 rapports qui disent que le marché est trop cher et que les évaluations sont trop hautes et que la neige elle est trop dure, mais ça monte quand même tout le temps.
4) Aujourd’hui le marché vient d’aligner 5 mois de hausse aux USA. Si l’on se plonge dans l’histoire boursière américaine, on se rendra compte que sur les 24 fois que cela s’est produit dans l’histoire ; 23 fois, 12 mois plus tard le marché était encore plus haut. Et la seule fois où il était plus bas, c’était de 0.7%.
5) Mais on nous assure quand même que la hausse ne peut pas durer.
6) Actuellement on a oublié les tempêtes qui balayent tous les jours les Caraïbes, on a oublié la Corée du Nord, on a oublié les plans fiscaux et les plans de stimulus de Trump. On ne parle que succinctement des taux et de la FED. Et on commence déjà à attendre les publications du trimestre du mois d’octobre tellement on ne sait plus quoi faire. Ou dire. Selon certains, ces publications devraient ENFIN montrer que le marché est trop cher.
7) Résultat, nous sommes dans un immobilisme latent où personne n’ose augmenter son exposition sur les actions et peut parfaitement le justifier avec les doutes que nous avons sur le dos – pour lister ces doutes, il vous suffit de retourner voir le point 6 – on ne sait plus quoi faire sur les obligations, l’or n’est utilisé que lorsque la guerre est à nos portes et le pétrole est toujours coincé sous les 50$ – bien qu’il semble prêt à bouger de manière un peu plus décisive ces prochaines semaines. La volatilité est au plus bas et montre bien que TOUT LE MONDE pense que ça va se péter la gueule, mais en même temps, personne ne semble utiliser les options, in extenso, la volatilité pour se protéger. Pourtant, historiquement c’est pas cher – c’est donc un peu étrange de voir toute cette angoisse sur nos épaules et personne qui achète des assurances. C’est un peu comme si vous étiez en Floride, que vous regardez la chaîne météo, que vous voyez qu’il y a 5 « hurricanes » qui font la queue dans le Golfe du Mexique pour traverser l’état du jus d’orange en long et en large et que votre première pensée c’est de NE PAS renouveler votre assurance bâtiment.
8) En finalité, nous voici dans un marché étrange, qui bat record sur record, mais où tout le monde se plaint parce que « le marché n’a pas compris qu’il est temps de baisser ». Cependant, il me semble, à écouter le « pouls » du marché, que l’on oublie juste DEUX CHOSES IMPORTANTES – DEUX RÈGLES DE BASE DE L’INVESTISSMENT :

Règle numéro 1 :

Le marché a TOUJOURS raison.

Règle numéro 2 :

Ne JAMAIS se battre CONTRE la tendance.

Il me semble que si l’on avait appliqué ces deux préceptes depuis 2 ans, on se poserait moins de questions et aujourd’hui encore.

Hier nous sommes donc montés par défaut. Peut-être aussi parce que nous sommes trop convaincus que ça ne peut plus monter, que tout le monde réduit ses positions en prévision du « big one » qui ne vient pas et qui fait que dès que ça baisse, on n’a rien à vendre et dès que ça remonte, on est terrorisé de rater le train. Alors loin de moi l’idée de vous recommander de vendre les bijoux de la grand-mère et l’écuelle du chien pour acheter des actions, mais pour le moment, je me rend compte qu’à force de pisser contre le vent, il y a quand même deux ou trois gourous qui doivent avoir les chaussures sacrément humides.

Et puis il y a le BITCOIN…

Depuis des mois le débat fait rage, est-ce que c’est une révolution ou est-ce que c’est une nouvelle version de la méthode Madoff, mais à l’échelle internationale. À voir la performance de l’animal depuis le début de l’année, la plupart des détracteurs n’ont qu’à bien se tenir et surtout n’ont qu’à juste se taire. Il est vrai qu’avec une hausse de plus de 300% depuis le mois de janvier, il n’y a quand même que très peu d’actions (même les FAANG’S) qui peuvent se targuer d’avoir fait aussi bien. Et je ne vous parle même pas des fonds ou du marché obligataire.

Sauf que depuis quelques jours, il y a comme quelque chose de pourri au Royaume des Cryptomonnaies. Les Chinois ont ouvert le feu en interdisant les levées de fonds via le Bitcoin, ils ont enchaîné en interdisant les plateformes qui traitaient du Bitcoin et hier c’est le patron de JP Morgan qui annonce que le Bitcoin est un « fraude » et que la bulle spéculative dans laquelle le Bitcoin et les autres monnaies se trouve, n’est rien d’autre que la réplique de la bulle des Tulipes.

En février 1637, le marché du bulbe de la tulipe qui était en plein délire depuis des mois s’est littéralement effondré pour revenir à la case départ, là où il était trois ans auparavant, un journaliste anglais nommé McKay a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet : « Les délires collectifs extraordinaires et la folie des foules ».

Les paris sont ouverts, mais depuis hier Jamie Dimon a pris la tête de rebellion anti-bitcoin et les enjeux sont clairs, soit il a raison et les cryptomonnaies sont mortes sous la forme que l’on connaît aujourd’hui et vont DEVOIR se faire réglementer par les gouvernements ou alors, il a tort et ses détracteurs n’ont pas fini de rigoler et de se faire plaisir.

Toujours est-il, qu’au pire de la journé d’hier, le Bitcoin a effacé 20 milliards de capitalisation et cela depuis que les Chinois ont décidé de « se le faire ». Depuis quelques heures ont tente le rebond, mais c’est pas facile. D’autant qu’un « quant » – un analyste quantitatif de chez…. JP Morgan… quelle coïncidence ….a déclaré que les « cryptomonnaies avaient des similitudes avec les ponzi schemes »… Madoff encore.

Quoi qu’il en soit nous sommes à un tournant pour le Bitcoin et les autres. Les prochains mois et semaines nous diront si les Bitcoins et les bulbes de tulipes finiront dans le même carré au cimetière des révolutions déchues ou est-ce que Dimon va devoir venir sur CNBC pour boire le calice jusqu’à la lie et admettre qu’il a eu tort. Toujours est-il que, pour le moment, il n’y a pas un employé de JP Morgan qui va oser toucher à ce truc, de peur de se retrouver au chômage.

À l’heure actuelle, le Bitcoin vient de repasser sous les 3’800$ après avoir tenté le rebond tôt ce matin, mais que nenni. Pour mémoire nous étions à 5’000$ le premier septembre. L’or est à 1326$. Le Pétrole est à 49.20$, alors que l’OPEP pourrait laisser venir plus de membres, laissant les spécialistes penser que le marché se tend et que les 50$ vont casser à la hausse et qu’ensuite peut-être que le ciel sera la limite pour le pétrole. Pas mal pour un truc qui devait aller à 20$ – À COUP SÛR !!!

Ce matin le Nikkei est inchangé, Hong Kong baisse de 0.4% et la Chine de 0.2%, il faut dire que les chiffres de la croissance chinoise qui ont été publiés ce matin, montrent pour le second mois consécutif que ce n’est pas l’euphorie, puisqu’ils étaient en-dessous des attentes.

Dans les nouvelles du jour, la plus drôle est surement le secrétaire du Trésor, Steven Mnuchin qui a été assez idiot pour demander qu’on lui fournisse un jet de l’armée américaine pour partir en lune de miel en Europe. Le jet en question coûte 25’000$ de l’heure et c’est en train de faire un scandale aux States. Ce n’est pas tant le fait qu’un politicien abuse de l’argent des contribuables, non, ça c’est un grand classique, c’est d’ailleurs pour ça que la plupart d’entre eux font de la politique. Ce qui est le plus ridicule, ce que ces gars, qui sont « censés » à priori être moins cons que la moyenne, puissent penser que ça pourrait ne pas se voir !!!

Autrement Tesla a perdu ENCORE un de ses top-executives, juste à la veille de lancer le marketing du modèle 3, mais pour noyer le poisson (ou pas) Elon Musk a publié un communiqué de presse qui dit que le 26 octobre Tesla va lancer son premier Semi-remorque made in chez eux. On se réjouit donc de voir le look des Super-Super-Chargers.

Le Barron’s estime que le « break-out » de lundi sur les indices américains est un signe que le BULL MARKET n’est pas mort. C’est aussi un signe comme quoi le Barron’s peut tourner la veste plus vite que la lumière. Pour le prouver, cela fait 4 jours qu’ils disent qu’il ne faut pas acheter NIKE, mais ce matin ils viennent nous expliquer comment « jouer » le rebond de NIKE avec des options. Autrement, ils ne précisent pas ce qu’ils mettent dans leur café le matin, mais on peut supposer que sur un contrôle anti-dopage, ça ne passerait pas la rampe ou alors dans le cyclisme seulement.

Et pour terminer, Marc Faber, Docteur Doom Gloom & Boom était à la télé hier. Faut bien payer les factures. Et il a déclaré que le dollar pouvait rebondir de 4 à 5%, mais que sur le long terme, la politique de Trump ne pouvait qu’affaiblir le billet vert un peu plus. Il n’est pas revenu sur son objectif 30% plus bas sur le S&P500, c’est dommage, j’aurais pu rajouter un paragraphe « ironie » dans ma chronique.

Ce matin les futures sont en baisse de 0.10%. Côté chiffres économiques, nous aurons le CPI en France et en Italie. Il y aura aussi la décision sur les taux de la BNS et la réunion de la banque d’Angleterre. Puis aux USA, ça sera Jobless Claims et CPI.

Voilà, en ce qui me concerne, je vais tenter de ne pas m’envoler ce matin en sortant de la maison, à voir ce que ça souffle, j’hésite à partir à la voile. Je vous souhaite une belle journée et si vous achetez des bulbes de tulipes avec du Bitcoin ce matin, tâchez de ne pas vous tromper sur les couleurs histoire d’être à la mode le printemps prochain.

Moi je vous retrouve demain pour une nouvelle chronique boursière, mais aussi pour une nouvelle chronique auto/moto, la troisième d’une série qui s’annonce très longue à voir l’intérêt porté sur le monde merveilleux de la finance actuellement.

À demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

« The client is not always right. »

Enzo Ferrari