Records, records et records. Difficile de mieux résumer la journée d’hier. Le Nasdaq termine au plus haut de tous les temps, le S&P500 aussi et le Dow Jones n’est plus qu’à 44 points des 23'000, autant dire une journée de marche du sommet. Les records n’arrêtent pas de tomber, on ne compte même plus le nombre de fois que les indices américains ont franchi des « milestones » cette année, c’est d’ailleurs devenu totalement irrelevant. Ça n’arrête pas de monter et plus ça monte moins on y croit et moins on y croit, plus ça monte.

L’Audio du 17 octobre 2017

Hier, alors que tous les indices battaient des records dans l’indifférence la plus totale, tout le monde se concentrait sur le fait que dans 3 jours c’est les 30 ans de l’anniversaire du Krach de 1987 et on passait plus de temps à se demander si « ça pouvait se reproduire jeudi ou pas », c’est un peu comme si l’on se demandait si la météorite qui a fait disparaître les dinosaures pouvait frapper à nouveau des millions d’années après, jour pour jour.

Sur le sujet de « le Krach peut-il se reproduire 30 ans après jour pour jour », la réponse est : arrêtez de fumer la moquette et de dire n’importe quoi… Mais peu importe la réponse, la communauté des investisseurs qui attendent le Krach ont ce côté masochiste qui fait que l’on aime se faire des scénarios catastrophe qui ont à peu près autant de chances de se produire que Trump en a d’être nommé pour le prix Nobel de chimie.

Toujours est-il que pendant que tout monte, on préfère continuer de tergiverser sur le sujet de « qu’est-ce qui pourrait bien nous faire baisser » – pour notre défense, il faut tout de même dire que la hausse est à peu près aussi passionnante qu’une interview de Jean-Claude Vandamme sur la fission à froid , quoique tout de même moins drôle – la hausse du marché, bien sûr, par l’interview.

Nous sommes donc dans une « hausse furtive des indices », un peu comme si le but était de monter sans se faire remarquer. On fait un gigantesque écran de fumée où l’on parle de réforme des taxes, de hausse d’intérêt, du départ de Yellen, des chiffres économiques qui sont partout excellent, mais dont on se méfie, des chiffres trimestriels qui sont bons mais quand même, on prend les profits parce qu’on savait ou encore des tensions au Kurdistan (même si on ne sait pas où c’est) pour faire monter le pétrole… Et pendant ce temps le marché monte, bat des records et personne ne voit rien pendant que tout le monde cherche le bon moment pour « shorter »… La hausse furtive quoi – ça monte, mais personne n’y voit rien.

En Europe ça monte aussi, mais c’est plus dur, parce qu’en Europe on joue avec un handicap majeur : l’Espagne. En dehors du fait que tout le monde (sauf les Catalans) se fout totalement des jeux subtiles d’annonce entre le pseudo-gouvernement catalans et le gouvernement officiel de Madrid, les marchés sont tout de même perturbés par le fait qu’il y a de l’incertitude et comme tout le monde le sait ; le monde merveilleux de la finance n’aime pas l’incertitude. Donc dans le doute, on est plutôt méfiant et selon les annonces d’un camp ou de l’autre, le marché espagnol peut nous faire vivre de belles séances ou des séances pourries, c’est selon. Hier c’était la version pourrie, mais demain ça sera sûrement mieux.

Ceci dit, la seule chose qui intéresse les investisseurs, c’est de savoir si oui ou non on va avoir deux Espagne(s) et ensuite si le FC Barcelone va continuer à jouer dans le championnat espagnol et pour terminer, si le Qatar va pouvoir racheter Messi à bas prix pour le faire jouer à Paris.

Et pendant ce temps, les marchés US battent des records et le Japon redevient à la mode, puisque l’indice se retrouve chaque jour un peu plus haut…Il est intéressant de voir que tout le monde se moque du Nikkei depuis bien longtemps, 1996 pour être franc et en 1996 nous étions exactement là où nous sommes aujourd’hui, mais en phase descendante. Là nous sommes en mode ascension… Notons aussi que depuis les bas de 2012, l’indice japonais a repris 160% et que là, après 5 ans de rallye, tout le monde se dit que l’on est toppish… Mais si les 22’000 venaient à céder, on voit clairement sur le graphique, qu’il y a un potentiel de rebond qui reste stratosphérique avant de revoir les 39’000 points de 1989… Ne négligeons pas la puissance de ce genre de mouvement d’inversion de tendance séculaire, le Nikkei n’est peut-être pas à la fin de quelque chose, mais plutôt au début d’autre chose….

 

Bref, ce matin le Nikkei monte encore de 1%, les deux autres marchés ne font rien et le pétrole est à 51.42$ à cause des discussions sur le nucléaire iranien et des tensions au Kurdistan. Ne cherchez pas, le Club Med n’a toujours pas ouvert de village là-bas.

Le pétrole est donc en pleine forme, mais il y a quand même un type qui a écrit un article ce matin comme quoi le baril va à 10$ et ce, à cause des Chinois qui passent à la voiture électrique. C’est rassurant de voir que tous les avis sont dans la nature. L’or est à 1295$ et se rapproche subrepticement de sont target évident des 1400$, à coup de 1 dollar chaque jour, dans 105 séances on y est. D’ici là on devrait être à 24’000 sur le Dow Jones et à 3000 sur le S&P500.

Hier soir NetFlix a publié ses chiffres du trimestre. Le départ de Disney du catalogue du plus grand video-club du monde aura eu à peu près autant d’effet sur les performances et le revenus de NetFlix que les dernières statistiques sur les naissances des canards en Nouvelle Zélande en ont sur les performances du GSHC cette saison. La compagnie de Reed Hastings a battu les attentes, annoncé des nouvelles productions à venir pour remplacer Disney et annoncé des nouveaux abonnements à hauteur de 5.3 millions.

En conclusion, après la clôture, le titre était au plus haut de tous les temps, de bonne augure pour les FAANG’s d’autant qu’un broker a mis un objectif à 187$ pour Apple, citant une « forte performance à venir » à cause du (je vous le donne en mille) du nouvel iPhone… ça tombe bien, parce qu’à 187$ Apple devrait valoir un trillion, on y arrive gentiment.

Dans les nouvelles du jour, on s’attend à voir arriver un deal Uber-Softbank dans les jours à venir. Le secrétaire au Commerce Américain, Wilbur Ross aurait transféré 2 milliards dans un trust juste avant d’être nommé à son poste, évitant du même coup de devoir « annoncer » sa fortune personnelle, vu que ça fait mauvais genre d’être au service de l’Etat ET d’être milliardaire. Ça fait juste un « scandale » de plus dans l’équipe Trump, qui s’en préoccupe encore ?

Et puis ça va être « showtime » sur le Crédit Suisse, puisqu’un Hedge Fund, RBR Capital Advisors est en train de prendre des participations dans la grande banque suisse et pousse derrière afin de la casser en trois morceaux. Le patron du Hedge Fund, Gaël De Boissard est un ancien du CS et cherche a inverser la performance pourrie du titre (en baisse de 20%) depuis l’arrivée de Thiam, dernier CEO en date. Peut-être que l’on va enfin avoir un peu de volatilité quelque part !

Autrement, Airbus a pris une participation dans Bombardier. Yellen et Trump vont se rencontrer cette semaine pour parler renouvellement de mandat ou démission. Pour Yellen, pas pour Trump, bien que pour Trump, Larry Flynt ait proposé 10 millions de dollars a qui parviendra à le virer de la Maison Blanche.

Et puis, dans les nouvelles qui passent inaperçues mais qui auraient fait leur effet il y a deux mois, l’ambassadeur de la Corée du Nord à l’ONU a plus ou moins déclaré qu’ils étaient prêt à faire la « guerre nucléaire » à tout moment… Ils sont super ces gars, ils disent ça comme vous vous dites : « bon, on va boire un verre ou bien ? »… On n’est pas câblé pareil. Définitivement.

Côté chiffres économiques nous aurons le Trade Balance en Italie, le CPI + PPI en Angleterre et en Europe, le ZEW en Allemagne et en Europe et le Redbook, Capacity of Utilization et Production manufacturière aux USA.

Pour les trimestriels, nous aurons Goldman Sachs et Morgan Stanley, puis IBM et Johnson & Johnson pour le plus connus.

Pour le moment les futures sont inchangés – toujours en mode furtif – et il ne se passe rien. On attend. Reste à savoir quoi. Là tout de suite, je dirais que mis à part le bus, on n’attend pas grand-chose, mais à écouter les « grands de ce monde », je dirais que le seul truc que l’on attende vraiment, c’est une mauvaise nouvelle qui nous rappellerait encore un peu plus fort qu’il y a 30 ans, on s’en est pris une méchante que l’on n’avait pas vu venir.

Moi, il y a 30 ans, je commençais mon premier job à l’Union de Banques Suisses et le 20 octobre, les clients venaient frapper aux vitres de l’agence pour réclamer leur argent… Comme quoi, mis à part les vitres dans les agences, il n’y pas grand-chose qui a changé…

Je vous souhaite une excellente journée et on se retrouve demain, comme d’habitude.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Both bull and bear can be your friends.”
― Mohit Bansal