Dans cette chronique, j’ai souvent râlé parce qu’il n’y avait rien à dire. La séance d’hier est au-delà du « rien à dire », c’est le « copié/collé » de la séance de lundi. Les arguments sont les mêmes, les interrogations sont les mêmes, les justifications sont les mêmes et même les performances de la journées sont quasiment les mêmes.

L’Audio du 4 octobre

Les trois indices américains (Dow/S&P/Nasdaq) terminent au plus haut de tous les temps, les trois indices battent des records d’altitude, mais pas qu’eux, puisque le Russell 2000 est également au plus haut de tous les temps. D’ailleurs une des seules différences de la journée d’hier avec celle de lundi, c’est que les analystes commencent à se dire que la hausse de l’indices des « small caps » ne fait aucun sens et que c’est une « quasi-certitude » que ce dernier va corriger tout soudain.

Quand un analyste estime qu’une correction est une quasi-certitude, c’est une souvent une quasi-certitude qu’elle ne va pas se produire. Preuve à l’appui.

Mais bon, peu importe, si l’on cherche les raisons de la hausse, on prend les mêmes et on recommence ; tout d’abord les derniers chiffres économiques étaient bons, les PMI et autres ISM Manufacturing étaient forts et montraient une économie en super-forme.

Enfin, peut-être pas en « super-forme », mais on n’est pas à l’agonie non plus et puis ces derniers jours il y a eu tellement de PMI’s, de PMI’s Manufacturiers ou pas manufacturiers, ou des markiit PMI ou des ISM Manufacturier ou pas, qu’à la fin on va se dire qu’ils étaient TOUS bons, parce que pour les décortiquer un par un prendrait plus de temps qu’il n’en faudra à Trump pour faire valider l’achat d’une voiturette de golf par le Congrès.

Bref, on va dire que les chiffres économiques étaient bons dans leur « globalité », finalement on a peut-être trouvé la solution pour que les chiffres n’impactent pas trop les marchés : on noie les investisseurs sous les données et à la fin, ils préfèrent les regarder de loin et faire une estimation à la louche.

Ensuite il y avait toujours la bonne vieille théorie comme quoi les taux sont trop bas et que les investisseurs doivent investir pour générer du rendement et que ce n’est pas en achetant du 10 ans de la Confédération Suisse que ça va le faire.

Puis ensuite il y avait la réforme fiscale.

Alors elle, elle géniale parce que ça fait une semaine que ça monte là-dessus. L’agent orange de la Maison Blanche a fait un discours comme quoi il allait prendre aux pauvres pour donner aux riches, permettre aux fraudeurs fiscaux (les grandes compagnies US qui ont du fric planqué en Irlande) de rapatrier leur pognon et ainsi leur offrir l’opportunité d’investir aux USA, de faire des take-over et de rendre les riches encore plus riches. Robin de Bois se retourne tellement dans sa tombe que la forêt de Sherwood est victime de tremblements de terre depuis une semaine.

Mais c’est pas grave, parce que là-dessus, le marché trouve ça « encourageant » et il monte. Comme il est monté depuis un an parce qu’il trouvait encourageant que Trump annonce des trucs encourageants bien que l’on ne sache pas trop si cela sera passé au Congrès un jour.

Enfin, plutôt oui, on sait qu’il n’arrivera jamais à faire passer ça au Congrès, mais on préfère rêver et cacher la poussière sous le tapis plutôt que prendre la vérité en face. En même temps, comme les fonds de pension sont obligés d’acheter et que ceux qui ont « peur » n’ont rien à vendre, autant vous dire que cette hausse artificielle peut durer un moment. Si j’osais, je dirais que l’on est entré dans une espèce d’euphorie douce ou l’on sait que ça ne fait pas de sens, mais en même temps, n’ose pas et l’on ne peut pas pisser contre le vent, sinon on va avoir les chaussures mouillées.

En résumé, la hausse appelle la hausse et même si tout le monde est convaincu que ça ne fait pas de sens fondamentalement, que tous les analystes peuvent prouver par A+B que ça ne peut pas fonctionner, que ça ne « joue pas », le marché continue de monter, comme hier et comme probablement aujourd’hui.

En Europe, l’Allemagne était fermée mais le reste montait pour les mêmes raisons que la veille, sauf qu’en plus hier l’Espagne ne baissait pas et que les banques espagnoles rebondissaient après le désastre de la veille et du week-end. Il n’y a rien à dire sur l’Europe, encore moins que sur les USA ; mais on notera que l’Eurostoxx monte pour la 9ème séance consécutive.

Côté or et pétrole, c’est encore plus ennuyant que le reste, l’or est au plus bas depuis 2 mois et tout le monde s’en fout comme de l’an quarante sauf ceux qui croient à l’hiver nucléaire prochain parce que ça sera nettement plus agréable d’y vivre avec des pièces d’or dans la poche pour acheter du pain qui n’existera plus et le pétrole tient les 50$ péniblement en attendant qu’il se passe quelque chose du côté de l’OPEP.

Le Japon monte de 0.2%, comme tous les jours et Hong Kong est en hausse de 0.7% pendant que la Chine est toujours en vacances.

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que les fabricants de voitures affichent de bons chiffres, principalement à cause du nombre de voitures qu’il aura fallu racheter après le passage des « hurricanes » d’il y a quelques semaines. Les chiffres des ventes étaient bons et Tesla compensait sa mauvaise séance de la veille suite aux problèmes de production et terminait la séance en hausse de 2%. Même punition pour le reste du secteur en général.

Du côté des nouvelles du jour, il n’y a rien. Ou pas grand-chose. Le Barron’s revient sur la réforme fiscale et sur les semi-conducteurs qu’il faut acheter pour jouer les voitures autonomes. Le Wall Street Journal ne parle que du « mass shooting » de Las Vegas. Et le FT n’a rien à dire.

Pour les chiffres économiques, nous aurons une avalanche de PMI’s des services cette fois, ça va surement nous changer la vie et il y aura l’ISM NON-Manufacturing, les Chiffres ADP de l’emploi US – connus comme l’antichambre des NFP de vendredi, puis il y aura aussi les inventaires pétroliers.

C’est aussi une grosse journée pour les patrons de banques centrales, parce que Yellen et Draghi vont parler, même s’ils ne devraient pas trop dévier de leur ligne de communication habituelle, on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut faire bouger les marchés et la volatilité (la VIX) pourrait même donner des signes de vie.

Mais globalement c’est Waterloo, morne plaine et ça continue de monter, on ne change pas une équipe qui gagne – bien que quand j’écris ce genre de chose, c’est en général là où ça baisse…

Moi je vous souhaite une belle journée et on se retrouve demain à la même heure.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“A good matador doesn’t try to kill a fresh bull. You wait until he’s been stuck a few times.”

Bobby Axelrod