La reprise économique mondiale s’affermit. Mais si les perspectives de base montrent des signes positifs, la croissance reste faible dans plusieurs régions du monde et l’inflation est inférieure aux objectifs fixés par les banquiers centraux.

Dans l’état actuel, l’économie mondiale a besoin d’une politique accommodante des banquiers centraux car les taux d’inflation ne devraient se redresser que lentement. Le processus de normalisation des politiques monétaires doit se poursuivre encore plusieurs années. Une normalisation trop rapide de ces politiques monétaires non conventionnelles pourrait provoquer des turbulences «intempestives» sur les marchés financiers. Mais à l’inverse, un appui monétaire trop prolongé favoriserait une accumulation des excès financiers. Il y a trop d’argent en quête de trop peu d’actifs rentables. Selon le FMI, moins de 5% du volume mondial d’actifs à revenus fixes ayant valeur d’investissement génèrent un rendement supérieur à 4% contre 80% avant la crise.

 

Source: FMI

Parallèlement, l’endettement des principales économies ne cesse de croître. L’effet de levier dans le secteur non financier est plus élevé qu’avant la crise financière dans l’ensemble des pays du G20. Le secteur non financier est désormais plus vulnérable aux variations de taux d’intérêt. Ces tensions du secteur privé s’observent dans des pays comme l’Australie, le Canada, la Chine ou la Corée.

La Chine reste donc un moteur mais aussi un risque pour les marchés financiers. Si le resserrement de la politique financière chinoise a apaisé certaines craintes, la complexité du système financier chinois laisse entrevoir des risques élevés. Les actifs du secteur bancaire ont progressé de 240% du PIB à fin 2012 à 310% actuellement.

Parmi les facteurs de risque, le rapport met aussi l’accent sur l’endettement des ménages, surtout dans les pays développés. Dans ces derniers, avec des exceptions, la dette des ménages par rapport au PIB a progressivement pris du terrain, passant de 35% en 1980 à environ 65% en 2016. Dans les pays émergents le ratio reste plus faible mais a aussi progressé.

 

Il est passé de 5% en 1995 à environ 20% en 2016. Si une dette plus élevée des ménages peut stimuler la croissance à court terme, elle peut devenir un risque à moyen terme pour la stabilité macroéconomique.

Dans le registre des bonnes nouvelles le rapport met en évidence la santé des banques dites d’importance systémique mondiale (BISM). Grâce à l’amélioration des marges de fonds propres et de liquidité due en grande partie au durcissement de la réglementation, les bilans sont plus solides.

 

Source: FMI

Néanmoins, des progrès doivent encore être accomplis pour un tiers de ces banques. Celles-ci, dont l’actif se monte à environ 17’000 milliards de dollars, pourraient continuer de générer des rendements non viables, y compris en 2019.

Les compagnies d’assurance-vie adaptent, elles aussi, leur stratégie opérationnelle à la faiblesse des rendements. Elles délaissent les obligations et recherchent des rendements dans les portefeuilles d’investissement, ce qui pousse les instances de supervision a contrôler plus attentivement l’exposition croissante aux risques de marché.

Si les perspectives à court terme sont bonnes, les risques restent présents à moyen terme. Un durcissement rapide des politiques monétaires, la persistance d’une inflation basse dans les pays avancés ou des turbulences financières dans les pays émergents sont des facteurs négatifs. A cela s’ajoutent un démantèlement des réglementations du secteur financier et des politiques de repli sur soi. Il faudra donc que les décideurs agissent de manière résolue et concertée pour éviter les pièges qui se dessinent à plus long terme.