Si le marché était un être humain, je crois qu’il serait en arrêt maladie pour « burn-out ». Oh, ce n’est pas qu’il va mal, au contraire, le Nasdaq vient de battre son 57ème record d’altitude, les chiffres trimestriels que les banques viennent de publier sont carrément excellents, les titres bancaires terminent la semaine à la cave, mais ça c’est juste parce qu’on le savait déjà et qu’on a juste pris les profits, tellement on est fort. Mais mis à part ça, tout est calme et on ne fait simplement que monter, le S&P500 vient de terminer sa cinquième semaine de hausse consécutive et pourtant le moral n’y est pas.

L’Audio du 16 octobre

Nous sommes incapables d’apprécier la hausse parce que nous attendons tellement la baisse que bientôt, à chaque jour de progression, on sent que le moral décline et que l’on déprime parce que « ça ne veut pas baisser ». Pourtant, tous les arguments sont là, tout est trop cher, Trump n’arrive pas à avancer vraiment sur les dossiers qui sont importants, les taux sont en train de monter et les banques centrales retirent progressivement leur soutien, sans compter que si ça se trouve, Yellen va partir à la retraite, ce qui nous arrange moyen parce qu’on sait ce qu’on a, mais pas ce qu’on aura.

Et pourtant, ça ne baisse pas et ça nous fout le moral en bas. On n’a plus envie de « traiter » parce que la volatilité n’est pas là et aussi parce que ça fait 9 ans que ça monte qu’on a un peu l’impression d’avoir raté le train, c’est frustrant. Même les chiffres économiques ne nous excitent plus. Vendredi il y a eu les chiffres de la confiance de l’Université du Michigan, ils n’ont jamais été aussi bons depuis 2004 !!! Mais pourtant tout le monde s’en fout.

La semaine se sera terminée au plus haut, les indices montrent que, techniquement, rien ne peut les arrêter et du côté des fondamentaux, après la première semaine de publications, plus personne ne remet en doute le fait que le trimestre sera probablement encore une fois « EXCELLENT » et que tout se jouera sur la perception des investisseurs, un peu à l’image du secteur bancaire qui a publié un trimestre fantastique en absolu, mais tout pourri en réalité parce que les génies de la finance que nous sommes avions déjà anticipé le recovery du secteur bancaire pour le trimestre.

Nous voici donc à l’aube d’une nouvelle semaine. Une nouvelle semaine de publications qui devrait fortement ressembler à la précédente. Ce sera un peu plus diversifié que la semaine dernière en terme de publications, mais on devrait avoir à peu près la même « bonne » surprise. J’aurais tendance à dire qu’il faudra regarder attentivement tout ce qui touche de près ou de loin aux semi-conducteurs, puisque c’est peut-être de là que viendra le vent du changement. Si eux commencent à décevoir, on risque de voir le début de quelque chose, dans le cas contraire, nous risquons fort de nous retrouver encore dans une de ces semaines où il ne se passe rien, mais qu’à la fin on bat quand même des records sans trop savoir pourquoi et surtout sans que cela apporte la moindre saveur à notre méthode de gestion.

Soyons francs, on attend qu’il se passe quelque chose et cet immobilisme latent commence à peser sur notre moral, nous poussant un peu plus dans le burn-out et la dépression saisonnière. Alors s’il vous plaît Monsieur le Marché, donnez-nous quelque chose… Une bonne petite euphorie automnale ou une belle correction, mais je crois qu’on en peut plus d’avoir la volatilité qui traite au-dessous des 10% depuis des semaines et que, mis à part quelques biotechs et deux ou trois titres du secteur « networking », plus rien ne bouge… Et si possible, on aimerait éviter de se raccrocher au Bitcoin pour trouver quelque chose d’excitant. Lui qui a repris 100% en moins d’un mois.

Côté or, ce matin on est à 1304$ et on repart à la hausse, on devrait prochainement nous parler du « coup sûr » des 1400$. Et le pétrole, après quelques jours de faiblesse, a repris d’assaut les 50$. Ce matin le baril est à 51.87$, parfaitement positionné pour atteindre les 60$ à Noël.

Ce matin le Nikkei enquille encore une séance de hausse, l’indice japonais prend encore 0.6% et peut s’enorgueillir d’avoir pris 1000 points en moins de 2 semaines et de retrouver des niveaux que l’on n’avait plus vu depuis 1996 !!! Hong Kong est en hausse de 0.9% et la Chine recule de trois fois rien.

Dans les nouvelles du jours, on parle surtout politique, il y a Madame May qui a téléphoné à Madame Merkel pour trouver une solution sur certaines impasses liées au BREXIT et aux désidératas de Bruxelles. Il y a Rex Tillerson qui dément que Trump est un débile et qu’il se sent castré par le Président, c’est super crédible comme déclaration. Pour le reste, on a eu un Président de la FED vendredi qui a appelé à le renommination de Yellen au poste de patronne de la FED. Pas sûr que Trump ait entendu.

Il y a aussi Draghi qui a parlé au sommet du FMI à Washington ce week-end et il a dit que les Banques Centrales devraient travailler sur le long terme et être patientes. Tout ce que le monde de l’investissement ne fait pas. Christine Lagarde a aussi dit que le Bitcoin allait amener beaucoup de « disruption » dans la finance. Ce qui veut tout dire et rien dire, mais une chose est sûre, c’est que c’est le seul truc de marrant en ce moment dans les marchés financiers.

Dans le cadre de l’anniversaire du krach de 1987, le Barron’s se demande si la monté du trading algorithmique ne pourrait pas, finalement, nous créer le même genre de situations que nous avons vécues en 1987 avec une correction immédiate et quasi instantanée de 30%, déclenchée par des ordinateurs qui « paniqueraient » tous ensemble dans une belle harmonie. Le sujet est toujours très tendance durant les mois d’automne, puisqu’il ne nous reste plus qu’à se dire que nous sommes assez stupides pour refaire exactement la même chose qu’il y a trente ans, jour pour jour… Si l’on croit à cette théorie…

Le journal du dimanche a également fait un sondage et il semblerait que la plupart des « funds managers » sont plutôt bullishs –bon, en même temps si ils gèrent tours des « long only », ils n’ont pas non plus intérêt à que ça baisse. Toujours est-il que l’on peut se demander : « mais où sont passés tout ces acheteurs potentiels !!! ».

Ce matin les futures sont en hausse de 0.10%. Côté chiffres économiques, nous n’attendons rien du tout, par contre sur les trimestriels, ça va commencer à chauffer, puisqu’un des FAANG va publier ce soir, il s’agira de NetFlix, pour le reste, c’est encore assez calme, mais nous allons monter en puissance durant la semaine et il y aura de plus en plus de choses à dire, je l’espère.

En attendant, il me reste à vous souhaiter un excellent début de semaine et que votre lundi soit aussi bon qu’un lundi peut l’être et je vous retrouve demain au même endroit et en pleine forme !

À demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

« In order to succeed, we must first believe that we can ».

Nikos Kazantzakis