Contraint et forcé par l’écart qui s’accentue entre l’offre et la demande, le secteur de l’eau s’adapte et se réinvente. Avec de nouvelles opportunités d’investissement à la clé, présentées par Hubert Aarts, le gérant du fonds Parvest Aqua.

Hubert Aarts

À quoi ressemblera la consommation d’eau dans le futur et quels sont les principaux catalyseurs du secteur pour l’instant ?

Les déséquilibres entre l’offre et la demande d’eau potable persistent mondialement. Ils sont exacerbés par les dérèglements et catastrophes climatiques, et ils exigent donc des investissements énormes en capitaux dans les technologies d’assainissement ainsi que dans les infrastructures de distribution. Il se crée par conséquent des opportunités d’investissement dans de nombreuses nouvelles technologies et dans de nombreux types de services pour préserver, traiter et distribuer l’eau.

Il y a aussi l’urbanisation croissante d’une population grandissante et l’anticipation d’une augmentation du niveau de vie dans les pays en développement. Je pense notamment à l’engagement de la Chine à investir dans l’eau et le traitement des eaux usées dans le cadre de son dernier plan quinquennal. Dans les principaux catalyseurs, je mentionnerai enfin le durcissement des réglementations publiques dans les domaines tels que le prix de l’eau, les services de traitement et la rénovation d’infrastructures vieillissantes dans les pays développés.

 

Quels sont les principaux segments qui structurent le marché de l’eau ?

Les opportunités d’investissement liées au thème de l’eau sont vastes, diversifiées et couvrent trois domaines. Le premier, ce sont les services de distribution d’eau. Le deuxième, les infrastructures liées à l’eau, dont les entreprises actives dans des projets d’infrastructure et les fabricants de pompes, canalisations et valves, mais aussi dans la réutilisation, la préservation et les systèmes de mesure de la consommation d’eau ainsi que l’irrigation. Et le troisième a trait au traitement de l’eau, à savoir les entreprises actives dans le traitement chimique, la filtration, les membranes, le dessalement, le suivi et l’analyse de l’eau.

Pour optimiser la performance à long terme de l’investissement, il est primordial d’investir dans une grande variété d’actions de marchés divers, dans les pays développés et en développement, et d’équilibrer le portefeuille à toutes les étapes du cycle économique. Les marchés en développement, comme la Chine, dont le programme d’urbanisation est colossal, offrent parmi les meilleures opportunités de croissance.

 

Quelles entreprises sont-elles les mieux positionnées pour profiter de ces nouvelles tendances ?

Les progrès technologiques changent les modes de gestion et de consommation de l’eau, offrant de multiples opportunités d’investissement dans les nouvelles technologies pour préserver, traiter et distribuer l’eau. Par exemple, les solutions de mesure poussées de la consommation d’eau progressent plus vite que les compteurs d’eau traditionnels. En outre, «l’Internet des objets», associé à la sophistication croissante dans l’analyse et la saisie des données, laisse présumer une gestion plus efficace des infrastructures, notamment en matière de réduction du pourcentage de fuite. Nous anticipons aussi des innovations dans l’utilisation plus efficace de l’eau et dans les équipements de traitement de l’eau et des eaux usées.

 

Quelles valeurs pourriez-vous citer à titre d’exemple ?

Deux titres que nous détenons actuellement, Suez et Xylem, en sont la parfaite illustration.

Suez, entreprise française de gestion des déchets et de l’eau, est active partout dans le monde. Outre la conception et l’installation d’infrastructures destinées à l’approvisionnement en eau potable, les produits de l’entreprise permettent d’optimiser les infrastructures existantes. C’est le cas par exemple de l’installation de compteurs intelligents dans les bâtiments résidentiels, qui permettent de suivre la consommation d’eau et d’identifier ainsi les fuites.

Xylem est une entreprise américaine spécialisée dans les infrastructures liées à l’eau. Elle permet à ses clients de transporter, traiter, tester et consommer l’eau de manière plus efficace dans les bâtiments publics, résidentiels et commerciaux, de même que dans des environnements agricoles et industriels. L’entreprise est actuellement la première à élaborer une technologie destinée à remédier aux problèmes des crues soudaines. Elle a récemment acquis Sensus, un fournisseur de premier ordre dans les compteurs intelligents, les technologies de réseau et l’analyse poussée de données.

 

Quels critères avez-vous retenus pour qu’une entreprise soit susceptible de rentrer dans le fonds ?

Pour intégrer l’univers d’investissement, qui comprend environ 250 sociétés à ce jour, il faut qu’au moins 20% des bénéfices ou des revenus proviennent d’activités liées à l’eau ou à la chaîne de valeur de l’eau. Les entreprises dans lesquelles le fonds investit génèrent en réalité en moyenne plus de 60% de leurs revenus dans le secteur de l’eau.

 

Cet article a été publié initialement dans le magazine SPHERE (N°7 – octobre/décembre 2017)