Je crois que l’on peut arrêter de compter. Encore une fois, les trois indices américains principaux ont profité des la trêve de Thanksgiving pour accrocher de nouveaux records pour 2017. Rien de surprenant, même si les volumes traités depuis mercredi dernier frisent le ridicule. Les ventes du Black Friday, la frénésie du shopping partout dans le monde aura donné le coup de fouet nécessaire pour que cette semaine tronquée se termine à nouveau en hausse.
L’Audio du 27 novembre 2017
Nous voici donc à la fin du mois de novembre avec les indices au plus haut, l’heure du bilan qui approche et une espèce de « suffisance » qui commence déjà à planer sur le marché – je n’ai pas encore entendu le fameux « oui, je savais que 2017 serait en hausse, mais je l’ai pas dis pour ne pas choquer », mais ça ne saurait tarder. Tout le monde semble se satisfaire de cette année haussière faramineuse et personne ne se souvient qu’au début de l’année, personne n’aurait parié sur un S&P500 qui aurait « nettoyé » les 2600 avant Noël et pourtant depuis vendredi soir, c’est fait.
La grande question que l’on commence à se poser est donc de savoir ce que nous allons faire l’an prochain. Un peu comme à chaque fois que nous sortons d’une année « hyper-bullish », on a de la peine à être trop euphorique pour l’année à venir, mais en même temps, nous avons largement tenté de jouer contre la tendance cette année, sans se ridiculiser encore un peu plus en 2018. Pourtant, ce week-end la Société Générale a annoncé que 2018 serait « difficile pour les Bulls », peut-être, ou alors ça sera difficile pour la Société Générale.
Toujours est-il que selon les « statistiques » publiées par Bloomberg, la moyenne des stratèges parie sur un S&P500 à 2800 dans 13 mois et le plus optimiste d’entre eux mise sur les 2950. Peu importe, j’imagine que d’ici-là, nous aurons largement oublié ces joueurs d’osselets qui tentent de marquer les esprits tout en sachant que la mémoire du marché reste toujours aussi courte. Nous avons cette capacité a oublier le passé, à faire « comme si de rien n’était » et naviguer avec le flot.
Ce week-end je suis encore tombé sur une pub du Crédit Suisse – pas une pub qui explique comment payer ses amendes régulièrement (ce qui est pourtant la spécialité du Crédit Suisse), non, une pub sous forme de « publireportage ». Un publireportage sous forme d’une interview de leur CIO (Chief Investment Officer – ou responsable des investissements, le job qui flatte les égos). Dans cette interview, on pouvait boire les paroles de Michael Strobaek qui nous expliquait – à nous pauvres ignorants – ce qu’il fallait faire pour que notre fortune s’accroisse considérablement sur les années à venir. Je dois dire que j’ai été totalement fasciné par la lecture de cette interview qui ne laissait aucune équivoque ; le Monsieur, il sait mieux que nous et si ça se trouve, il ne se trompe jamais. D’ailleurs si ça se trouve, il a donné des cours à Warren Buffet et acheté des Apple à 5$ qu’il a toujours en portefeuille, sans compter qu’il était dans l’IPO de Nvidia à l’époque et qu’il est « long Bitcoin » depuis 5 ans.
Tout ça pour vous dire que je suis fasciné par la capacité du monde merveilleux de la finance à se repenser toutes les 5 minutes et à laisser croire qu’on est super-content de cette super-année, parce qu’on l’avait super-bien-vue… Sauf qu’il y a encore deux mois on ne nous parlait que de krach à l’aube du mois de septembre.
Une chose est certaine, nous sommes entrés dans une zone d’euphorie. On ne sait donc pas quand nous allons en sortir, mais en l’espace de 2 semaines, j’ai entendu trop de commentaires du style « j’ai mis 3’000 frs dans une boîte qui fait du bitcoin en Suède, ça peut faire fois 100 facilement »… Manquerait plus que le Matin Dimanche lance une section « comment investir mon argent dans la techno en 2018 »…
L’or est à 1294$, le pétrole menace toujours la résistance des 60$, mais comme l’OPEP se réunit cette semaine, on est un peu timide. L’Asie est en rouge un peu partout et le truc qui intéresse tout le monde, c’est le Bitcoin qui a passé les 9’700$ ce matin et qui a pris 1500$ en trois jours. Inutile de vous dire que l’on va toucher les 10’000$ dans la semaine et que les nouvelles comparaisons avec la bulle des tulipes vont fleurir un peu partout, mais en attendant, ça monte et il n’y a plus grand-chose d’autre à ajouter.
Dans les nouvelles du jour, c’est très mince, c’est une semaine qui démarre gentiment après les libations du week-end prolongé et la digestion compliquée de la dinde et de la facture de la carte de crédit. Néanmoins on continue dans les rachats en tous genres, puisque le groupe Meredith met la main sur le groupe Time pour une prime de 10% par rapport à la clôture de vendredi.
Autrement le reste des médias est assez silencieux en ce lundi matin, on retiendra peut-être le Barron’s qui aime Verizon et Mondelez et qui explique comment « jouer » les Emerging Market ce matin. Et puis surtout, le journal publie également un article qui explique pourquoi il faut être « bullish » sur le pétrole. Ce qui est assez inhabituel depuis que l’on a raté le « coup sûr » du pétrole à 20$.
Nous allons donc entamer cette semaine tranquillement, la date la plus importante de ces prochains jours semble être la confirmation de Powell par le Congrès, qui devrait avoir lieu le 28 – en même temps on voit assez mal ce qui pourrait se passer. Mais ça devrait rassurer les marchés que le nouveau patron de la FED – le moins problématique de tous les candidats – soit confirmé par une bande de politiciens qui, on l’espère, seront encore assez nombreux au vu du nombre de plus ne plus grand qui est en train de démissionner pour des histoires de cul.
Côté chiffres économiques il y aura le chômage en Suisse, la confiance du Business en Italie, les New Home Sales et le Dallas Fed Manufacturing Index aux USA. Les futures sont en baisse de 0.10%, mais le Bitcoin monte de 4% depuis ce matin. D’ici que cette chronique soit dans vos boîtes mails, il n’est pas exclu que la star des cryptomonnaies ait atteint les 10’000…
En ce qui me concerne, je vous souhaite un excellent début de semaine et je vous retrouve demain pour la suite, bien que je ne m’attende à un déchainement de passion ces prochains jours, il va bien falloir tenir jusqu’à la fin de l’année. La fin de l’année qui aura lieu le 15 décembre puisqu’après tout le monde renonce… et qui reprendra le 15 janvier, parce que quand même, faut pas pousser.
Que votre croissant et votre café soient à votre goût et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
« When people discover they are no good at baseball or hockey, they put away their bats and their skates and they take up amateur golf or stamp collecting or gardening. But when people discover they are no good at picking stocks, they are likely to continue to do it anyway. »
Peter Lynch