Les investisseurs ne peuvent plus faire l'impasse sur les obligations émises par des entreprises des pays émergents, qui profitent particulièrement de la croissance mondiale et de la hausse de la demande de matières premières.

Par Cornel Bruhin, gérant du fonds MainFirst Emerging Markets Corporate Bond Fund Balanced.

Cornel Bruhin

Il a rarement été aussi opportun de commencer à investir dans les obligations d’entreprises des pays émergents.

Cinq raisons plaident en faveur d’un tel investissement: l’ensemble de l’économie mondiale est pour la première fois en situation de croissance; la demande de matières premières augmente; les pays émergents sont plus stables et robustes que par le passé grâce aux réformes structurelles; l’endettement des entreprises dans les marchés émergents est largement inférieur à celui de leurs homologues des pays industrialisés et de nombreuses obligations d’entreprises affichent une valorisation attrayante, notamment dans le segment du haut rendement.

 

La tendance à l’électromobilité donne une impulsion aux matières premières

Le Fonds monétaire international prévoit une croissance de l’économie mondiale de 3,6% pour cette année et de 3,7% pour l’année prochaine. Parallèlement, l’indice mondial des directeurs d’achats laisse entrevoir une poursuite de la reprise. La hausse de la demande de métaux divers et de produits de base émanant de l’industrie est renforcée par la tendance à l’électromobilité. En effet, le cuivre, le nickel, le zinc et le lithium sont nécessaires à la fabrication de batteries. Les mesures d’infrastructures prises dans de nombreux pays industrialisés, qui ont par exemple entraîné la multiplication par deux du prix du minerai de fer en provenance de Chine en l’espace d’un an, constituent un autre moteur. Même dans les pays émergents, la consommation de matières premières traditionnelles comme le charbon, le pétrole et le gaz augmente avec la reprise de l’économie.

Les pays émergents sont dans l’ensemble plus résistants qu’il y a quelques années, maintenant que de nombreux gouvernements ont mené d’importantes réformes structurelles. Les monnaies de ces pays sont elles aussi relativement fortes aujourd’hui. Les économies n’ont dès lors pas réagi négativement à la stabilité du dollar US, ni au relèvement des taux opéré par la Réserve fédérale américaine. Les entreprises sont en outre bien positionnées : les secteurs d’activité non rentables ont été vendus ou abandonnés et les frais de production réduits. Nombreuses sont les entreprises à réunir les conditions nécessaires pour faire croître leurs bénéfices pendant la phase de croissance.

 

Les obligations d’Amérique latine et d’Afrique ont de quoi séduire

Par ailleurs, l’endettement des entreprises des pays émergents est aujourd’hui largement inférieur à celui de leurs homologues des pays industrialisés. Au sein de ces derniers, les primes de risque des obligations ont nettement chuté et sont sensibles aux fluctuations des taux. Dans les pays émergents, en revanche, le taux d’endettement diminue, et les marchés sont bien positionnés pour profiter du nouveau cycle d’investissement. Les obligations d’entreprises des marchés émergents continuent d’afficher des primes de risque attrayantes. L’Amérique latine et l’Afrique sont particulièrement intéressantes.

Au Brésil, le principal gestionnaire de chaînes d’approvisionnement, Júlio Simões Logistica (JSL), constitue par exemple un solide candidat à l’investissement. Depuis 2013, JSL conquiert le marché de la location de voitures et a multiplié par plus de 25 l’étendue de son parc pour le porter à 65.000 véhicules. La direction a fait preuve d’habileté pendant la récession et s’est parfaitement positionnée afin d’accroître la rentabilité de l’entreprise. Un coup de pouce supplémentaire est attendu pour le secteur logistique cyclique, compte tenu de l’amélioration générale des conditions macroéconomiques au Brésil.

 

Les notations des entreprises restent basses

La sélection concrète d’obligations d’entreprises dans les marchés émergents reste toutefois difficile, car il est indispensable de disposer d’une expérience et de connaissances de marché approfondies dans les différentes régions. Par rapport à la hausse des prix des matières premières, de nombreuses entreprises conservent néanmoins une faible notation. Il est possible que les agences de notation réévaluent prochainement à la hausse un grand nombre des entreprises qui avaient vu leur notation abaissée entre 2014 et 2016. Les investisseurs prêts à nager à contre-courant peuvent espérer des plus-values attrayantes. Ce sont surtout les obligations d’entreprises à haut rendement qui présentent du potentiel, compte tenu de l’embellie conjoncturelle à l’échelle mondiale ainsi que de la diminution des risques de crédit et des défauts de paiement. Le spread de crédit des obligations notées B- et BB est le plus attrayant, que ce soit par rapport aux pays industrialisés ou aux autres segments des pays émergents.