Les marchés boursiers sont en mode catalepsie. On n’attend virtuellement plus grand-chose d’eux d’ici 2018 et pire encore, certains « experts » s’attendaient hier à un « mois de janvier très calme », plus calme que ce que l’on vit en ce moment, ça veut dire « fermé » à mon sens.

L’Audio du 21 décembre 2017

Hier les Européens étaient en mode « prise de profits ». Pas de raison particulière, si ce n’est que dans 48 heures c’est Noël et qu’ensuite il ne restera que 4 jours à tirer en 2017 et on a l’impression que personne ne sera au bureau pour les 4 derniers jours. En tous cas, moi pas. Les intervenants étaient donc en mode « soldes pré-Christmas » et il n’y avait rien d’autre à dire.

La seule autre chose qui préoccupait (un peu) le marché c’est encore et toujours la Réforme Fiscale. Rien n’a changé de ce côté, si ce n’est qu’elle suit sont court et que tout devrait être bouclé d’ici la fin de l’année. Hier soir le document est parti à la Maison Blanche pour obtenir la signature du Président, reste à savoir s’il sait signer mais ça devrait bien se passer.

Les investisseurs commencent à se demander si l’on va appliquer le vieil adage qui dit qu’il faut acheter la rumeur et vendre la nouvelle, auquel cas l’année devrait se terminer dans le rouge étant donné que l’on monte principalement sur les attentes de cette réforme depuis des mois et que là, si elle passe, il devrait y avoir logiquement quelques prises de profits, la fin de séance ressemblait en tous les cas furieusement à cela. Le Dow Jones qui était en hausse de 80 points au firmament de la journée terminait légèrement dans le rouge à la clôture alors que la Réforme Fiscale partait pour la Maison Blanche.

Quoi qu’il en soit, c’est une victoire pour Trump et il n’y a pas si longtemps encore, personne n’aurait parié là-dessus.

Pour le reste, le compte à rebours et en cours pour la fin de l’année et la publication des chiffres trimestriels de FedEx ont encore une fois rassuré les intervenants, puisqu’ils étaient meilleurs que les attentes et que quand les sociétés de livraison comme FedEx vont bien, c’est un bon signe pour l’économie, puisque que ça veut dire que le consommateur consomme.

Tout va bien en cette fin d’année. On se contente d’ajuster les portefeuilles, de prendre deux-trois profits à droite et à gauche et on attend l’an prochain, sans attendre grand-chose non-plus. La grande question est de savoir de quoi nous allons parler une fois que la Réforme sera sous toit et que le Bitcoin sera complètement rentré dans les mœurs, pour autant que cela se produise.

Hier la Cryptomonnaie a vécu une séance relativement calme pour une fois, ce matin le Bitcoin vaut 17’000 à la louche. L’or est à 1271$ et le pétrole franchit à nouveau les 58$. Globalement et pour être franc, on pourrait arrêter aujourd’hui et se retrouver le 3 janvier, ça suffirait largement. Je vais quand même m’accrocher jusqu’à demain et on verra pour la suite.

Je continue donc avec mon abécédaire 2017 :

P comme Paradise Papers

Après les Panama Papers, voici les Paradise Papers. En 2017 un nouveau groupe de super-journalistes d’investigation se sont vu remettre une montagne de documents qui prouve qu’en plus du Panama, il y a plein d’îles ensoleillées au large des USA qui ne se contentent pas de vivre du tourisme et qui ont aussi vocation de faire de la finance, mais pas que de la finance classique puisqu’ils ont aussi le talent de donner un coup de main pour stocker de l’argent qui vient de loin.

Ce n’est pas franchement une nouvelle, c’est un peu comme si vous vous allongez au soleil après 5 mois d’hiver et que vous ne mettez pas de crème solaire, vous allez cramer. Apprendre qu’il y a des banques qui sont un peu moins regardantes pour ouvrir des comptes que nos banques suisses qui sont devenues expertes pour être plus blanches que blanches et plus transparentes que jamais, n’est pas vraiment un scoop. Sans compter qu’une grande quantité de ces « comptes » ne sont même pas forcément de l’argent sale, mais simplement des gens qui veulent avoir des comptes ailleurs pour des raisons qui leurs sont propres.

Contrairement à ce que l’on nous a vendu parfois, avoir un compte à l’étranger et à plus forte raison dans un paradis fiscal, n’est pas de l’évasion fiscale tant que cet argent est déclaré dans le pays de domicile. Souvent l’amalgame a été fait. Mais comme d’habitude dans ce genre d’histoire, ça ne dure que le temps nécessaire imparti pour faire vendre des journaux. Une fois que le soufflé est retombé, il faut passer à autre chose pour que les lecteurs ne s’endorment pas. Les Panama Papers avaient monopolisé les médias pendant un gros mois. Les Paradises Papers pendant une grosse semaine, le prochain scoop sur l’évasion fiscale devrait nous occuper une bonne journée et puis comme on dit : « Pour que les Paradis fiscaux existent, il faut des Enfers Fiscaux » – n’est-ce pas Monsieur Macron ?

Q comme Quid de 2018

Il y a un truc que l’on adore faire dans la finance, c’est des prévisions. L’an passé à la même époque on nous avait dit, à grand renfort médiatique, qu’il ne fallait rien attendre de 2017. Que l’année serait pourrie, que les banques centrales allaient passer l’année à se dépêtrer de ce qu’elles avaient créé depuis 8 ans et que si l’on ne baissait pas, on pourrait déjà s’estimer super-content.

C’est cela, oui…

En cette fin d’année, comme la plupart des stratèges se sont complètement « mangés » sur 2017, on en remet une couche en espérant que les « gens » ont oublié que l’on avait été mauvais l’an passé. Et ça marche parce que l’investisseur à toujours et encore une mémoire de poisson rouge. Le même stratège qui a été complètement faux en 2017, peut revenir avec de nouvelles prévisions sans que personne ne le remette en question, tellement son PowerPoint il est bien présenté et qu’il fait sérieux avec sa cravate Hermès.

En conclusion, on n’attendait rien des marchés pour l’année qui se termine, je vous passe les détails de la performance annuelle et pour l’année qui vient, les mêmes qui se sont vautrés en 2017 pensent que ça va monter – en moyenne de 7 à 10% – sachant qu’il y a toujours des extrémistes. Du coup j’ai carrément peur, ça pourrait baisser en 2018.

Je ne vais pas vous faire de prévisions, je n’ai pas été à l’école très longtemps et j’ai raté mon CFA. Mais une chose est sûre, c’est qu’il ne faut pas pisser contre le vent, au risque d’avoir les chaussures mouillées et plus que les chaussures en fonction de la force et de l’angle du vent. Et actuellement, les tendances pointent vers le Nord, vers des performances positives, j’aurais donc tendance à continuer à surfer la vague haussière, tout en gardant à l’esprit que si l’euphorie devenait trop grande, il faudra commencer à envisager de paniquer. Mais nous n’y sommes pas encore. Pas avec des taux à 10 ans en-dessous de 2% aux USA et en-dessous de 0% en Suisse.

R comme Réforme Fiscale

C’est UN des carburants de l’année. On en parle aujourd’hui comme une évidence, mais il n’y a pas si longtemps, on en parlait comme le Monstre du Loch Ness, comme un truc qui serait bien, mais qui ne passera jamais. Et puis c’est arrivé. Depuis Reagan personne n’avait réussi à changer le code fiscal américain et il aura fallu que ce soit lui… Lui il a réussi à changer tout. Non seulement il a tout changé mais en plus il a réussi à faire exactement l’inverse de ce que Robin de Bois voulait faire.

Par Karibou

Trump a réussi à prendre aux pauvres pour donner aux riches et tout le monde trouve ça génial. Enfin, c’est surtout les marchés et les riches qui trouvent ça génial.

À la fin le Président aura fait beaucoup de conneries lors de sa première année et il n’est même pas exclu qu’il ne se fasse pas virer avant la fin de son mandat, mais on gardera ça de lui, il a réussi à faire réformer la loi fiscale américaine.

S comme Short

Historiquement, le short, qu’on appelait alors culotte courte, est apparu à la fin du 19ème siècle pour la pratique des sports physiques de plein air. C’est dans les années 1920 que ce vêtement prend pour nom l’anglicisme short, ellipse de short trousers et ce n’est, véritablement, que dans les années 1930 qu’il est adopté comme vêtement de confort estival.

En France, sa popularisation est notamment due à l’avènement des congés payés. D’abord adopté par la jeunesse, il va conquérir, à partir des années 1950, une population plus âgée. Dans les années 1960 à 1970, en parallèle à la minijupe et la mode mini qui prévaut à l’époque, il se décline en minishort.

Plus tard apparait sa version encore plus épurée, le micro-short.

En finance, « être short » signifie « vendre à découvert », en gros vendre un titre que l’on ne possède pas encore avec pour but de le racheter quand il sera moins cher. Cette année bien des « experts » en finance auront essayé d’être les premiers à « vendre » le marché, histoire d’anticiper la baisse (inévitable) à venir. Cette obsession à vouloir ABSOLUMENT trouver le « TOP » du marché aura coûté un maximum de fric à bien des gens.

Il est toujours étonnant de voir Ô combien la population financière tient à être le premier à faire quelque chose, quitte à s’entêter, à y perdre sa chemise pour avoir simplement la joie de dire un jour (peut-être) ; « oui, moi j’ai vendu au plus haut » – chose qui n’arrive d’ailleurs que très rarement, pour ne pas dire jamais, puisqu’il y a une chose que j’ai appris en finance, c’est qu’on n’achète jamais au plus bas et que l’on ne vent jamais au plus haut non plus.

Néanmoins, cette année on aura vu et entendu énormément de monde qui ont « essayé » d’être les précurseurs d’un mouvement « short », mais qui finalement terminent l’année à poil en se disant qu’ils auraient mieux fait de se casser une jambe, mais que, peut-être l’année 2018 sera plus fructueuse pour eux. L’entêtement n’est jamais une bonne chose en finance et la frustration peut être parfois mauvaise conseillère.

Personnellement j’observe avec affection ces gens qui essaient de vendre à découvert depuis le mois de février 2017 et je me dis que le jour où ils décident qu’il est temps d’acheter – finalement – on tiendra éventuellement un signal de vente définitif.

T comme Trump

Putain, un an.

Franchement quand c’est arrivé, personne ne croyait que ça serait possible. Les USA avaient élu le pire Président possible. Un type grossier, imbu de lui-même, qui a fait plusieurs fois faillite et qui a été élu avec l’aide du Kremlin et de Poutine.

Toujours est-il que depuis qu’il est au pouvoir et que tout le monde nous avait promis la correction de la mort qui tue en cas de victoire, le marché ne fait QUE monter. Jusqu’à la réforme fiscale, il n’avait obtenu aucune victoire politique, mais rien que sur des vapeurs d’essence, il a réussi à faire monter le marché, à faire croire qu’agiter les bras et teindre ses cheveux en orange allait suffire à relancer l’économie. Je ne sais pas si l’on doit se féliciter de la chose, sachant qu’il lui reste 3 ans à tirer et qu’il est largement capable de déclencher une guerre avec la Corée du Nord, relancer l’Intifada, se fâcher définitivement avec le Mexique et le Canada et se faire interdire de séjour en Chine et en Russie, mais pour le moment, « SA » méthode ou peut-être juste sa présence aura décomplexé les marchés boursiers.

On ne va pas dire que c’est « grâce » à Trump que ça monte, mais en tous les cas, on ne pourra pas dire que depuis qu’il est au pouvoir, les marchés vont mal. Tout cela reste clairement irréel et je me dis que si je sortais du coma après 2 ans et qu’on me disait que Trump était Président et que son Secrétaire d’Etat était l’ancien patron d’Exxon et que ce dernier pensait sincèrement que le Président est un con, j’insisterais pour que l’on m’anesthésie à nouveau.

Il est temps pour moi de vous laisser aller vaquer à vos occupations matinales, comme faire les derniers cadeaux et décider finalement quel vin vous allez servir dimanche et lundi. Je vais aller chercher ce que je pourrais bien raconter avec mes 6 dernières lettres et je vous retrouve demain pour boucler l’année.

Très belle journée à vous tous.

Thomas Veillet
Investir.ch

« In politics stupidity is not a handicap. »
Napoleon Bonaparte