25'000 sur le Dow Jones, 2'700 sur le S&P et 7'000 sur le Nasdaq. Si l’on devait prendre les paris pour la fin de l’année, le fait d’atteindre les chiffres ronds précités devrait être un objectif raisonnable, sans compter que la volatilité à totalement disparu, que personne ne va « oser » vendre avant vendredi prochain et que le thème de la Réforme Fiscale fonctionne à tous les coups et pour tous les problèmes. La Réforme Fiscale est LA solution.

L’Audio du 19 décembre 2017

Vous avez la grippe ? Prenez de la Réforme Fiscale en gélules pendant trois jours et tout sera réglé. Vous cherchez un emploi ? La Réforme Fiscale devrait vous y aider. Vous cherchez un appartement ? La Réforme Fiscale. Des problèmes d’argent ? La Réforme Fiscale encore… Retour de l’être aimé, impotence sexuelle, manque de confiance en soit, problème de Via Sicura, la Réforme Fiscale peut vous aider…

Jamais dans une vie d’investisseur nous n’aurons vu un prétexte autant utilisé pour justifier la hausse. Je ne sais pas ce qui va concrètement se passer le jour où tout le package est définitivement approuvé par le Sénat, le Congrès, la Maison Blanche, le Conseil Fédéral, Yannick Buttet et le Conseil Municipal de Plan-les-Ouates, mais une chose est certaine, on l’aura utilisé à toutes les sauces.

Jeudi passé le Sénateur Rubio ruait dans les brancards et faisait baisser le marché, hier il est revenu dans les rangs et depuis le marché a repris trois fois ce qu’il avait perdu depuis les premières déclarations de Rubio… En gros, un pas en arrière aura coûté trois pas en avant aux indices américains. Les « experts » sont de plus en plus convaincus que tout ça va se régler avant la fin de l’année, ce qui ne nous laisse pas beaucoup de temps. Et puis même si ça ne se fait pas, ça laissera de la munition pour continuer à faire monter le marché l’an prochain.

Bref, vous l’aurez compris, la probabilité que la Réforme Fiscale se retrouve sous le sapin fait que les marchés montent, sans se poser de question. Que ce soit en Europe – les Européens qui ont réussi à mettre de côté leurs angoisses sur les élections italiennes pour fêter la presque-acceptation de la Réforme Fiscale, pendant que les trois indices US s’approchaient des chiffres ronds – et on sait combien ils les aiment, les chiffres ronds – ce qui nous laisse de beaux espoirs pour la séance de ce soir.

Pour faire simple, on est monté et on se prépare à monter encore.

Le Bitcoin ne parvient pas à franchir les 20’000$. Il garde probablement de la réserve pour nous faire une surprise à Nouvel An et monter directement à 25’000$, bien qu’hier la France et l’Allemagne ont commencé à déclarer qu’il était urgent de commencer à réglementer le Bitcoin citant le fait que le Bitcoin est utilisé par « les terroristes, les blanchisseurs d’argent pas propre et les traficants de drogue » – pendant ce temps, Nakamoto, le probable inventeur du Bitcoin est (en théorie) entré sur la liste des 50 personnes les plus riches de la terre, puisqu’autour des 20’000$, il pèserait 19.4 milliards de dollars.

Sauf que personne ne sait réellement qui c’est. Because la transparence du Bitcoin justement. Tout ce que l’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés, c’est qu’il posséderait (conditionnel) 980’000 Bitcoins. L’or est à 1265$ et le pétrole à 57.29$. Mais comme ce ne sont pas des Cryptomonnaies, tout le monde s’en tape.

Ce matin le Bitcoin vaut 18’784$ et on ne peut passer sous silence la hausse de LongFin. LongFin est une « Fintech Américaine » qui offre des solutions de FOREX pour …à peu près tout le monde et qui a fait son IPO la semaine dernière. Le titre a terminé sa première séance à 5 dollars et 15 cents.

À la fin de la semaine dernière, le titre valait 39$ et hier soir ils ont annoncé qu’ils rachetaient la société Ziddu.com – qui est active, je vous le donne en mille : DANS LE BLOCKCHAIN… – le titre est passé de 39$ à 142$ avant de terminer, dans une vague de prises de profits, à 72$. Soit tout de même 228% de hausse sur la journée et 1260% depuis l’IPO…

Débile n’est pas le mot que je cherche, mais je dirais plutôt « grosse connerie ». En l’an 2000 vous passiez votre société de « slips en gros » à « slips en gros.COM » et votre action faisait à peu près la même chose. LongFin possède un joli site « vitrine » que vous pouvez mettre en ligne pour 5’000 dollars et un bon hébergeur et pour le reste, ça ressemble à du vent.

En conclusion, le monde devient complètement débile ou alors on n’a vraiment rien appris du passé.

Ce matin, le Nikkei est inchangé, Hong Kong monte de 0.8%, la Chine de 0.5% et les futures US sont légèrement en hausse et puis côté chiffres économiques, nous aurons le SECO en Suisse, l’IFO en Allemagne, puis le Redbook et les inventaires pétroliers de l’API.

En attendant la Réforme Fiscale, on reprend l’abécédaire de l’année 2017 :

F comme FAANG

L’acronyme qui ne voulait pas dire grand-chose il y a un an et qui a transformé la finance en quelques mois. Ce n’est pas un médicament contre la dépression, ce n’est pas non plus le nom d’un nouveau groupe de Rap dont on ne comprend pas les paroles, c’est juste les premières lettre des stars de 2017 : Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google. Je ne vous apprends rien sur ce coup-là, mais il faut dire que sans ces 5 là, la performance du S&P500 serait nettement moins « glamour ».

Si on prend leurs performances individuelles, c’est de la pure folie. Facebook est en hausse de 56%, Apple grapille 49%, Amazon.com grimpe de 53%, Netflix de 55% et le loser de l’équipe, Google, ne progresse « que » de 32%.

C’est nettement moins bien que le Bitcoin, mais on ne va pas non plus parler que de lui. Par contre, il faudra noter que qu’Alibaba a pris 100% en 2017, que Tencent, l’autre chinois a aussi pris plus de 100% et que les deux ensemble valent plus de 1 trillion de dollars. Nvidia a aussi progressé de 109%… Finalement c’est pas terrible ces FAANG’s… surtout que même Boeing est en hausse de près de 100% sur l’année. C’est fou quand on met les choses en perspective. Par contre la capitalisation boursière cumulée de ces 5 là représente tout de même 2,8 trillions de dollars et sachant qu’en moyenne ils ont pris 50%, je vous laisse imaginer l’impact sur le S&P500 à eux 5…

Ce fût donc une année de folie pour ces « technos » là. La question que l’on peut se poser c’est de savoir si tout cela est durable. Comme c’est la grande question de l’année, on ne va pas revenir dessus encore et encore, on se demandait déjà si ça pouvait durer fin 2016. Toujours est-il que la farandole des chiffres est proprement hallucinante.

G comme Gold

Il y a des années avec et il y a des années sans. Pour l’or ce fût sûrement une année SANS. La seule bonne nouvelle que l’on retiendra pour lui, c’est qu’il est parvenu à monter de 10% les deux premiers mois de l’année et depuis il a réinventé le concept de « l’emmerdement maximum ». Il s’est contenté d’osciller entre rien et pas grand-chose dans une volatilité qui a donné l’impression que la statue du Général Dufour à la place des Bastions est très mobile. Le métal jaune a parfaitement rempli son office de « valeur refuge ».

Sauf qu’en 2017, on n’avait pas besoin de valeur refuge. Oh, on y a bien cru de temps en temps, lorsque que le clan des ours venait nous dire qu’on allait tous mourir dans d’atroces souffrances et que le KRACH était à nos portes. Durant ces brèves périodes de soulagement du côté des plantigrades, l’or parvenait à prendre 10$ d’un coup d’un seul dans une euphorie assez rare ces 12 derniers mois.

Puis, plus l’année avançait, plus ça partait en suçette, surtout depuis que les Crypto-Technos-Geeks fans ont commencé à dire que le Bitcoin c’est le nouvel or et que comme pour atteindre la valeur mondiale de l’or, le Bitcoin devrait monter à 500’000$, on s’est dit qu’avoir une Rolex en or c’était vachement surfait et du coup plus personne ne s’intéresse à la valeur refuge qu’est l’or. La seule chose qui le sauve pour le moment c’est qu’offrir une clé USB pour mettre autour du coup à Noël, risque de vous coûter cher en coups de sapin sur la tronche… Quoi que cela peut dépendre de combien y a sur la clé USB… et si c’est du Bitcoin ou de l’Etherum…

Il y a donc encore un peu d’espoir pour l’or et puis on ne sait jamais, un bon KRACH en 2018 et le tour est joué… Sachant que chaque jour qui passe nous en rapproche.

H comme High Dividend Yield

C’est un truc un peu « has been » qui est soudainement devenu très populaire ces derniers temps. Il y a quelques mois, tout le monde se fichait pas mal de toucher un dividende sur une action détenue en portefeuille, c’était même carrément vulgaire puisqu’il vous suffisait d’acheter des titres de croissance pour que votre capital s’apprécie de manière conséquente rapide et violente – oui, bon, d’accord, on est toujours plus intelligent après – toujours est-il que si vous vouliez aborder le thème des « hauts dividendes » tout le monde s’en fichait comme de leur premier iPhone.

Sauf que, petit à petit l’idée a fait son chemin dans la tête de certains investisseurs qui se sont rendus compte qu’en plus de détenir une part d’une société qui produit des trucs et qui n’est pas complètement inutile dans l’économie -pas comme Snapchat – vous pouviez même toucher un dividende, un peu au même titre que si vous étiez propriétaire d’un immeuble et que votre locataire vous versait un loyer… Ces derniers mois les sociétés qui avaient les moyens se sont même fait plaisir en rachetant des titres, en augmentant le dividende, bref c’est devenu un investissement rentable… ennuyeux, mais rentable. Figurez-vous que si vous vous amusez à faire le calcul, si vous aviez acheté du Philip Morris il y a 17 ans et que vous cumuliez la performance du titre, plus les dividendes encaissés chaque trimestre, la performance n’aurait pas grand-chose à envier au Bitcoin cette année.

Alors oui, c’est du tabac, c’est pas bon pour la santé, mais il y avait plein d’autres titres qui étaient moins fun que Facebook, mais qui payaient des jolis dividendes… On a eu tendance à l’oublier, cette année on s’en est souvenu. Pas assez, mais quand même.

I comme Intelligence Artificielle

Si la technologie a montré que l’année aura été belle, il y a un sous-secteur qui a marqué l’année plus que les autres, c’est l’intelligence artificielle. Depuis que l’on en parle, je ne peux pas m’empêcher de penser au scénario de Terminator. La prise de pouvoir des machines. Même si nous n’en sommes pas encore là, il faut dire que le terme et la thématique d’investissement est devenue extrêmement populaire. Le moindre fonds qui a misé sur le concept aura vécu une année extraordinaire et pour être franc, c’est probablement que le début.

Cependant, il faut peut-être oublier le concept du super-ordinateur qui prend le pouvoir dans le futur et qui envoie des robots dans le futur du futur pour exterminer les gens dans le passé qui pourraient éventuellement poser des problèmes au super-ordinateur dans le futur du futur du futur. En revanche, quand je vois que dès que je me connecte sur mon «smartphone » il retient tout ce que je fais où est-ce que je « surf » et qu’il n’arrête pas de me proposer des trucs dont je pourrait éventuellement avoir besoin, alors que je n’y avais même pas pensé. Que ce même « smartphone » est capable d’envoyer des infos à GoogleFacebookApple et les autres pour leur dire ce que je fais, où je suis et avec qui.

Sans compter qu’en plus, la plupart d’entre nous sont incapables de sortir sans leur « Smartphone » sans que l’angoisse les prennent à la gorge, je me demande si CETTE intelligence artificielle là n’est pas en train de nous pourrir la vie.

J’ai comme une envie de faire un stage dans une ferme où y a pas de réseau. Ah, je vous laisse je viens d’avoir un message.

J comme Japon

Quand j’ai commencé à travailler dans le monde merveilleux de la finance ; comme jeune trader, nous étions au début des années nonante et le Japon venait de se casser la gueule depuis les hauts du firmament sur lequel il était assis depuis quelques années. En ce temps-là, quelques vieux traders de l’époque étaient prêts à prendre leur retraite tellement ils avaient gagné d’argent avec les fameux Warrants Japonais. Mais le Japon était devenu « has been » et plus personne ne voulait s’y intéresser depuis que le Nikkei était passé de 38’000 à 16’000 en quelques mois.

Il y avait bien deux ou trois irréductibles qui tentaient de se former sur le sujet, pariant que dans les 5 ans, le marché japonais reviendrait en odeur de sainteté. Il aura fallu 20 ans pour que le Nikkei retrouve des couleurs et encore, tout le monde s’en fout. Début 2013, le Nikkei n’était même pas à 10’000 points. Début 2017 nous étions à 15’000 et ce matin nous sommes proches des 23’000 points. Le marché japonais a fait un retour magistral et pourtant, personne n’en parle. Personne ne trouve une raison de s’y intéresser vraiment.

En tous les cas, la Banque Centrale Japonaise, elle, elle s’y intéresse, puisque selon les statistiques et selon les sources que l’on emploie, la BoJ posséderait entre 50 et 75% des ETF’s sur le marché japonais. En gros ils sont juste les plus gros investisseurs locaux. Forcément on peut se poser la question de ce qui va se passer le jour où la banque centrale va vendre ses positions… Mais en attendant, le marché monte, monte et monte encore.

Faut-il encore croire au marché japonais ? Y-a-t’il encore du potentiel au pays du Soleil Levant ? Il faudra oser pour prendre le train en route, mais toujours est-il que la performance de l’année aura été spectaculaire pour un marché qui n’intéresse (presque) personne et puis quand la Banque Centrale sera actionnaire de tout le marché, ça nous donnera une bonne indication de ce que peut faire la BNS dans les années à venir…

Je vous laisse aller au café et je vous retrouve demain pour la suite de la hausse et pour le K, le L, le M, le N et le O… Si vous avez des suggestions, je suis preneur… tv@investir.ch

Passez une excellente journée et à demain ! Si vous le voulez bien. Et puis si vous ne voulez pas, moi je serai là quand même. Encore quelques jours.

Thomas Veillet
Investir.ch

« The difference between stupidity and genius is that genius has its limits. »

Albert Einstein