Alors que personne n’a encore vraiment mis les pieds au bureau en ce début d’année, car il faut être franc, qui va au travail quand on reprend un mercredi, le marché continue sa marche en avant pour battre de nouveaux records. Encore et toujours. Le Nasdaq a profité du début d’année pour passer les 7'000 points et le Dow Jones a profité d’hier soir pour casser le niveau « mythique » des 25'000. Il est vrai que ça ne veut strictement rien dire du point de vue fondamental, mais psychologiquement les investisseurs aiment les chiffres ronds et il n’est pas difficile de penser que certains sont déjà en train de penser aux 30'000. D’ailleurs Trump a déjà laissé entendre que cet objectif était le sien pour cette année pas plus tard qu’hier soir.

L’Audio du 5 janvier 2018

De la à penser que la vision de Trump a une quelconque valeur dans le monde merveilleux de la finance, c’est autre chose, mais tout de même.

Au-delà de l’objectif purement « chiffres » des 25’000 points, il faut aussi noter que le S&P500, qui lui a les 3’000 en point de mire, a battu des records historiques d’altitude tous les jours depuis la « reprise », ce n’était plus arrivé depuis 1964 et le Nasdaq a fait pareil, sauf qu’il ne l’avait plus fait depuis 1999 seulement.

Mis à part l’aspect statistique, ce qui est supposé nous intéresser ce matin, c’est surtout de savoir POURQUOI nous montons comme ça depuis début 2018… Si l’on en croit les « experts à Wall Street », le « momentum » positif mis en place en 2017 continue son office – nous sommes d’accord, vous et moi, que ce genre de théorie ne veut strictement rien dire, cela équivaut à peu près à dire que ça monte parce qu’il y a plus d’acheteurs que de vendeurs – mais peu importe, c’est le bruit qui court : « le momentum positif de 2017 continue de fonctionner » – et puis même si ça ne veut rien dire, ça fait toujours bien de pouvoir le dire le jeudi soir dans les bars à la mode pour faire « genre je sais de quoi je parle »…

En plus du fait que le « Momentum » est là, il y a aussi le fait que le pétrole monte à cause des tensions en Iran et que cela re-booste la confiance des pétrolières qui étaient déprimées en 2017, que l’on nous reparle de la réforme fiscale qui va booster les marchés en 2018 – je ne l’invente pas, c’est Wells Fargo qui le disait hier – sans compter le Japon qui est au plus haut depuis 26 ans (tiens, soudainement on s’intéresse au Japon), que les prix des matières premières sont en hausse, que les rendements obligataires sont au fond de la tasse, encore et toujours et que les chiffres économiques sont plutôt pas mal, pour ceux que l’on a vu jusque-là. Les chiffres ADP d’hier soir étaient même carrément encourageants pour les chiffres de l’emploi américains attendus CE SOIR.

Tout cela mis bout à nous donne un début d’année en fanfare, sans compter que les marchés européens étaient en folie également hier. La plupart des indices du Vieux Continent étaient en plein délire, emmenés par les fabricants de voitures qui avaient annoncé des ventes au-dessus des attentes, mais aussi grâce au pétrolières qui se réveillent, comme aux USA.

La volatilité est toujours quasiment inexistante et les volumes relativement légers, étant donné que l’on attend le retour « pour de vrai » de tout le monde au bureau dès lundi matin, ce qui sera tout de même considéré comme la vraie rentrée de 2018.

En attendant, après la vague de mercredi qui avait vu plusieurs invités de CNBC parler négativement des marchés, hier nous avons également eu droit à Monsieur Ralph Acampora – considéré comme un des meilleurs analystes techniques – qui était sur la chaîne d’information et qui exprimait toute son excitation à l’idée de ce Bull Market qui continue. Comme il disait hier soir ; il est obligé de s’asseoir de temps en temps pour se calmer, tellement il est excité par la hausse. Selon lui, les 29’000 sont à nos portes sur le Dow Jones et il est littéralement emballé par la « saine rotation de secteurs » en place actuellement. Dans les composants du Dow, il aime IBM et Exxon qui sont clairement deux des perdants de 2017 et qui pourraient être les artisans de l’ascension en direction des 29’000 cette année.

Pour la petite histoire, j’ai eu l’occasion de rencontrer Monsieur Acampora en tête à tête et en tout bien tout honneur, il y a plus de 20 ans et je dois dire qu’après 30 minutes de meeting au Sud de Wall Street, j’avais envie de vendre mon chien et ma grand-mère pour acheter des actions, tellement il « donnait envie d’acheter ».

Dans les histoires individuelles, on retiendra que Tesla était toujours un peu pris dans les phares des traders alors qu’ils ont déçu avec leurs premières livraisons du Model 3 et l’on commence à se demander quand est-ce que la plaisanterie va s’arrêter. La compagnie brûle du cash aussi vite qu’un moteur à explosion, elle vaut 53 milliards de valorisation alors que chaque trimestre sa perte se creuse un peu plus et cette année, la plupart des fabricants de voitures vont sortir des modèles électriques qui vont étoffer l’offre concurrente à Tesla. Hier le titre ne baissait que de 1% suite à la déception de livraison, mais on peut tout de même se demander quand est-ce que la musique va s’arrêter.

Pour le reste, l’or est à 1322$ et il a l’air en bonne santé en ce début d’année. Le Bitcoin vaut 14870$ et ça fait quand même 48 heures qu’il n’a pas bougé de 15% et le pétrole se traite à 62$, soutenu par les tensions en Iran. Tensions qui motivent plus les investisseurs en tant que catalyste sur le baril plutôt qu’en tant que risque géopolitique mondial.

Ce matin le Japon est en hausse de 0.8%, Hong Kong de 0.13% et la Chine de 0.3%, mais c’est du vert partout et rien ne semble vouloir arrêter la marche en avant des marchés, même pas les révélations du dernier bouquin sur Trump qui laisse penser qu’à côté de lui, Bill Clinton fait plutôt penser à un pasteur ultra-conservateur. En son temps, Clinton avait paralysé les marchés avec une histoire de cigare, mais visiblement, autre temps, autre mœurs.

Dans les nouvelles du jour on retiendra que l’ex-CEO d’UBER est sur le point de vendre 30% de sa participation dans SA boîte pour 1.4 milliards, les cours semblent en baisse. La saga sur la « chips » d’Intel continue, puisqu’il y a 24 heures la société dénigrait le rapport et entre deux, ils ont tourné la veste, surtout depuis que l’on a entendu dire que le CEO d’Intel lui-même avait vendu pour 24 millions de dollars de titres de SA société avant la publication du rapport et que visiblement, il était au courant de l’histoire.

Encore une fois la démonstration en live et en couleur comme quoi dans le monde de l’investissement nous sommes tous égaux, sauf que certains sont plus égaux que les autres.

Le Barrons se demande s’il est temps d’investir dans les commodities (à nouveau), ils publient une interview de Soros – tiens, je pensais qu’il avait pris sa retraite – on y trouve ses préférences dans les « micro-caps ». Le journal du dimanche revient également sur les déclarations Grantham d’avant-hier et précise que même si le gourou pense à une correction D’ABORD ça peut monter quand même.

Pour le reste, on va se concentrer sur les chiffres de l’emploi qui sortiront cette après-midi. Le marché attend 190’000 créations d’emploi pour décembre et un taux de chômage à 4.1% inchangé sur les 30 derniers jours. Il y aura également le CPI en France, les Retail Sales en Allemagne et le CPI-PPI en Europe.

C’est ainsi que cette première semaine de l’année se termine. Pour l’instant les futures sont en hausse de 0.1% et tout semble se passer pour le mieux. Le vrai retour commencera donc lundi matin, en espérant que le ciel arrête de nous tomber sur la tête. Dans l’intervalle, je vous souhaite un excellent vendredi et on se retrouve lundi, comme d’habitude.

Excellent week-end à tous.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Everything is hard before it is easy ».
— Johann Wolfgang von Goethe