Les analystes de Nomura nous livrent quelques réflexions pour l'année 2018 dignes d'un polar d'Agatha Christie.

1. L’ »Amazonification » de l’inflation

Le récent ralentissement de l’inflation aux États-Unis a été causé par la forte baisse des prix des biens et peut-être que l’effet «Amazon» ne s’arrêtera pas là. La forte augmentation des ventes de smartphones dans les pays en développement combinée à l’essor des services d’externalisation à l’étranger, au développement de l’économie locale et à la progression de l’intelligence artificielle pourrait signifier que le ralentissement de l’inflation pourrait être plus long que prévu.

2. L’objectif de l’inflation à 2% est démodé

Un objectif d’environ 2% de la part des banquiers centraux est un phénomène relativement nouveau. Une vision à plus long terme pourrait révéler qu’il n’est rien de plus qu’une mode. Il y a deux raisons principales pour que ce chiffre soit plus bas: les banquiers centraux n’ont pas atteint les objectifs d’inflation au cours des dernières années et le vieillissement de la population. Alors que les banques centrales conserveront (pour l’instant) leur indépendance quant au choix des moyens pour atteindre les objectifs d’inflation, les pouvoirs exécutif et législatif de certains pays pourraient voir des avantages politiques en abaissant ce pourcentage à 1%.

3. Les États-Unis d’Europe

2018 offre aux pays de la zone euro une opportunité politique unique de resserrer leurs liens et de se lancer dans une aventure politique qui aboutirait à la création des «États-Unis d’Europe». En fait, les politiciens européens pourraient s’engager dans un changement de traité qui conduirait à une mutualisation accrue des dettes et à un partage des risques.

4. Un autre revirement politique au Royaume-Uni

Même si le vrai cygne gris pour la politique britannique en 2018 n’est en soi pas intéressant, le risque extrême serait que l’instabilité politique devienne si grave qu’une autre élection générale ou un deuxième référendum sur le Brexit ait lieu en 2018. Ces derniers mois, nous avons vu qu’une mince majorité dans les sondages a déclaré rétrospectivement que c’était une erreur pour la Grande-Bretagne d’avoir voter pour quitter l’UE. Si cette tendance se poursuit, certains députés de la Chambre pourraient demander un deuxième référendum sur les grandes lignes de l’accord avec l’UE.

5. Bitcoin commence à influencer d’autres marchés

L’arrivée des contrats à terme sur Bitcoin devrait entraîner une expansion des fonds négociés en bourse de Bitcoin en 2018. La technologie Blockchain utilisée pour les transactions consomme une énergie folle. Alors peut-être que le cygne gris de l’année prochaine n’est pas la bulle de cette crypto, mais la demande croissante d’électricité et de charbon.

6. Le déclin du marché du logement = baisse des taux?

La croissance vigoureuse, les faibles taux d’intérêt et l’afflux d’argent provenant de l’étranger ont contribué à la hausse rapide des prix de l’immobilier en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Norvège et en Suède. Ces déséquilibres croissants ne peuvent être ignorés par les politiciens et les investisseurs réclament depuis quelque temps une intervention sur ces marchés. Si des mesures extrêmes étaient mises en place, les taux pourraient s’orienter à la baisse. Si tel était le cas, les rendements obligataires et les devises de ces pays pourraient se déprécier.

7. Une augmentation du risque de conflit au Moyen-Orient

En 2018, les tensions au Moyen-Orient pourraient s’intensifier et les prix du pétrole, donc l’inflation mondiale, pourraient être affectés. Si le prix du pétrole Brent augmente de 30% à 80 $, il ajoutera respectivement 0,4% et 0,9% d’inflation aux États-Unis et en zone euro. Il y aurait évidemment des répercussions dans les marchés émergents. Avec la réduction des écarts de production dans les grandes économies, un choc sur les prix de l’énergie pourrait plus facilement entraîner des effets secondaires sur l’inflation. Ceci pourrait nécessiter une nouvelle politique monétaire qui pourrait affecter les actifs risqués.

8. « Allez à l’hélico! »

La Banque du Japon est l’un des candidats les plus probables pour l’ »helicopter money». Bien que les experts de Nomura pensent que le gouverneur Kuroda soit reconduit, une nomination de M. Honda serait un choc important pour le marché, surtout en ce qui concerne les attentes d’une politique budgétaire et monétaire beaucoup plus souple. Mais ce n’est pas seulement une histoire japonaise. L’»helicopter money» peut être un pas naturel vers un assouplissement supplémentaire pour les banques centrales confrontées à des limitations politiques comme c’est le cas de la Banque centrale européenne.

9. Crédit: l’effet de levier apparaît?

Après des années de politique accommodante, nous pensons que l’effet de levier s’est accumulé dans le système et se trouve sous diverses formes: prêts immobiliers commerciaux, prêts automobiles, prêts étudiants et aussi le simple levier financier. Au cours des dix dernières années, l’endettement le plus rapide a été enregistré sur les marchés de capitaux. La dette des entreprises a augmenté d’environ 3 trilliards de dollars. A suivre donc l’évolution du prix des obligations d’entreprises dont les bilans sont fragiles.

10. Ce que les films nous disent sur 2018

Les films sont parfois de meilleurs devins que les analystes financiers. Nous avons trouvé « Terminator Salvation » et « Rollerball » dont l’intrigue à lieu en 2018 et qui révèlent des aspects étrangement similaires au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Bien qu’il soit facile de critiquer les scénarios extrêmes décrits dans les films, il est difficile de ne pas noter certains de leurs thèmes tels que les drones, les réseaux électriques contrôlés par ordinateur et l’intelligence artificielle. Peut-être que les films ne sont, après tout, pas si fous?