J’ai bien tout vérifié ce matin, nous sommes bien passés en 2018 il y a quatre jours, on s’est bien tous dit : « Bonne Année !!! » et puis on est allé se coucher. On a bien changé de date toute à la fin de quand on écrit la date et on sait déjà que dans 365 jours, il n’y a pas de doute, nous serons en 2019. J’ai bien tout vérifié. Pourtant quand je regarde le marché depuis 2 jours, quand je regarde les articles qui sont publiés et les opinions qui sont exprimées, j’ai quand même un peu l’impression que rien n’a changé.

L’Audio du 4 janvier 2018

En même temps, vous me direz : « Pourquoi cela devrait-il changer juste parce que l’on a changé d’année ? » et vous auriez raison. Il n’y a absolument aucune raison que l’on modifie notre comportement pour la simple raison que nous avons changé d’année.

Pourtant, il y a cette espèce de sentiment global que l’on a à chaque fin d’année comme quoi tout sera différent après Noël et la Nouvelle Année, que tout sera comme une page blanche qui recommence et que les erreurs du passé ou simplement les errances du passé ne seront qu’un souvenir et que l’on peut recommencer à zéro.

En fait non.

Hier les marchés Européens sont repartis à la hausse après avoir constaté que la techno américaine était toujours vivante, que les fabricants de « chips » avaient visiblement encore de la place pour monter et de l’espoir pour 2018, on a donc repris des couleurs après un début d’année quelque peu morose. Sans compter que secteur du Retail européen bénéficiait de nouvelles positives du côté de Next en Angleterre, puisque les premiers « updates post-Christmas shopping » se montraient limite euphoriques. Les bancaires étaient légèrement en repli parce qu’hier c’était aussi la mise en fonction officielle des réglementations MIFID – réglementations dont je ne parlerais pas, trop peur que tout le monde s’endorme en lisant cette chronique – toujours est-il que le secteur était un peu délaissé d’autant plus que la Deutsche Bank était sous pression – une très légère pression – puisque les ex-actionnaires de Deutsche Post se sont soudainement rendus compte qu’ils n’ont pas assez été payés pour la vente de leurs actions lors du rachat de 2010.

Près de 8 ans pour se rendre compte qu’ils n’ont pas été assez payés et pour réclamer le solde via les tribunaux. À mon sens, ils n’auraient peut-être pas dû investir dans le secteur financier, mais plutôt dans la pharma et tout parier sur un nouveau médicament contre Alzheimer.

Aux USA on a remis ça encore une fois.

« Ça », étant une journée de hausse et un multiple record de la part des indices boursiers. Difficile de trouver des raisons spécifiques, si ce n’est que le « Santa Claus Rally » semble vouloir perdurer en 2018, mais ça va paraître tout de même difficile de nous faire croire encore au Père Noël les prochaines semaines à venir. Néanmoins la publication des Minutes du Dernier FOMC Meeting de Yellen étaient le principal focus de la journée et quand on en regarde le contenu, on se rend bien compte que nous sommes toujours restés bloqués en 2017 – en tous cas en ce qui concerne la digestion des nouvelles – en effet, les Minutes en question montraient clairement un désaccord total entre deux camps dans les membres de la FED : ceux qui pensent que trois hausses de taux en 2018 c’est trop agressif et ceux qui pensent que ce n’est PAS ASSEZ agressif…

Dans un monde normal, le marché aurait été inquiet de cette incertitude, mais actuellement, une mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle et une bonne nouvelle est une très bonne nouvelle. Donc à la fin c’est les Bulls qui gagnent.

En résumé, les intervenants sont en « mood » positif depuis les premières heures de 2018 et pour l’instant, rien n’a changé par rapport à l’an dernier. Même la volatilité est cliniquement morte, puisque c’est la première fois de l’histoire du monde, depuis que les bourses et la spéculation existent que l’indice de volatilité, le VIX, termine en-dessous des 9%. À chaque fois que l’on bat des nouveaux records d’emmerdement maximum, on se dit que ça ne peut pas aller plus bas et pourtant.

Pourtant il y a bien un moment où l’on va s’arrêter de baisser sur la volatilité, ou alors il faudra fermer les marchés, ce qui nous mènera inévitablement à une volatilité de 0%. Ou alors je n’ai rien compris aux mathématiques, ce qui n’est pas exclu non plus.

Pour le reste, les premiers chiffres économiques de l’année sont encourageants, mêmes s’ils sont basés sur les dernières données économiques de l’an passé. Les protestations en Iran ne font pas broncher les analystes et Jeremy Grantham, qui est connu pour avoir repéré la baisse de 2000 et de 2008 a fait son show hier et a déclaré que « ça ne pouvait pas durer et qu’on allait finir par se « la prendre » quelque part entre maintenant et plus tard » – le plus tard voulant dire « jusqu’à fin 2019 ».

C’est donc bien ce que je disais, quand on regarde ces trois derniers jours, il y aurait eu un 32, 33, 34 voir 35 décembre 2017, personne n’aurait protesté si c’est n’est les impôts qui auraient du attendre plus longtemps pour commencer à faire la quête.

Bref, nous avons battu de nouveaux records, tout va bien, on n’a même pas peur et le verre est toujours à moitié plein.

Ce matin l’or est à 1309$, le pétrole passe les 62$ à l’instant et le Bitcoin se repose, il est à 14750$, on ne peut pas non plus monter de 15% tous le jours, sinon ça fatigue, c’est inévitable.

Le Japon vient d’entrer en 2018 en fanfare puisque le Nikkei était fermé jusqu’à ce matin, il devait forcément rattraper le retard accumulé. L’indice du pays du Soleil Levant est actuellement en hausse de presque 3%, pendant qu’Hong Kong avance de 0.5% et Shanghai également.

Dans les nouvelles du jour, en plus de Grantham, Ray Dalio était à la télé pour dire qu’il était inquiet d’un éventuel retournement économique qui pourrait, cette fois, selon lui, déclencher des émeutes entre les riches et les PAS riches – à voir le fossé qui se creuse aux USA, le nombre des PAS riches pourraient largement remporter le match et les combats de fourches ne devraient pas être à l’avantage des 1%.

Dalio et Grantham sont donc les deux premiers gourous de 2018 à exprimer leur inquiétude sur la suite du Bull Market. En août 2017 ils avaient déjà été 7 à faire ça dans la même semaine pour le résultat que l’on connaît. Je ne critique pas, je constate. J’ai décidé que cette année je ne serai plus ironique, mais juste factuel. C’est comme le Bitcoin, je ne dirai plus de mal et je ne dirai plus que c’est un bulle, je dirai juste que c’est beaucoup monté et que ça fait beaucoup de beaucoup dans une même phrase.

On parle également énormément, pour ne pas dire beaucoup d’un problème de « design de chips » qui laisserait la plupart des PC vulnérables aux « hackers ». Le premier responsable de ce problème de « chips », c’est Intel. Cette nouvelle polémique promet d’être très intéressante, parce qu’elle touche à deux sujets que le commun des mortels ne maîtrise absolument pas, mais qui les fait fantasmer au plus haut point :

– comment fonctionne une puce dans un PC
– et c’est quoi un « hacker », mis à part un type déguisé qui cache sont visage et se la joue Robin des Bois dans les films d’Hollywood ??

Le rapport publié ces jours aux USA laisse entendre que le « design » de la puce d’Intel pose problème. Hier le titre a perdu 4% à cause de ça, mais on va laisser les « experts » à Miami s’occuper de la suite et voir si ça vaut vraiment la peine de shorter le marché du PC juste à cause de ça. Intel n’est pas d’accord du tout sur le rapport en question, AMD en profite pour déclarer que de leur côté, le risque est proche de zéro…

Autrement on parle de Trump qui dit du mal de son ancien chef de campagne, de Tesla qui n’a pas livré le nombre de « Model 3 » qui était prévu à la fin de 2017, on parle aussi de la France qui détient des positions dans 81 sociétés et que le rythme des « privatisations » pourrait s’accélérer et puis le Wall Street Journal parle d’un monde sans cash et que la Chine est en train de faire les premiers pas dans ce monde là. On retiendra aussi que Merrill Lynch a interdit ses clients et autres « advisors » qui traitent en leur nom d’opérer sur le Bitcoin, puisque selon Merrill, la cryptomonnaie n’est pas « compliance ». Ah bon ???? Sans blagues ??? – là aussi, toujours aucune ironie. Toujours factuel.

Pour ce qui est des chiffres économiques nous aurons plein de PMI un peu partout, c’est normal, c’est la saison et puis il y aura les chiffres ADP de l’emploi aux USA, histoire de se chauffer pour demain et les Non Farm Payrolls. Sans oublier les Jobless Claims et les inventaires pétroliers.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.1% et les bêtes à cornes ne veulent toujours rien lâcher en ce début d’année 2018, parce que oui, je vous le confirme ; malgré les apparences, nous avons changé d’année. Pas de « sentiment général », mais d’année, c’est sûr.

Je vous souhaite une excellente journée en mode « bottes de pluie et imperméable » et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures mais toujours en 2018.

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“People Who Are Crazy Enough To Think They Can Change The World, Are The Ones Who Do.”- Rob Siltanen