Jeudi matin, en lisant la presse financière, on avait un peu l’impression que les marchés étaient en phase de correction et que « quelque chose avait changé » dans l’esprit des investisseurs, que la tendance étaient en train de se modifier et, par moment, on avait le sentiment que l’ambiance était morose et que les intervenants étaient perclus de doutes. Ce n’était probablement pas la réalité, mais les médias ont tendance à faire un drame de la moindre baisse, surtout en ce moment, quand il n’y pas la moindre volatilité. Cet état de fait n’aura pas duré longtemps.

L’Audio du 12 janvier 2018 :

Il n’aura pas duré longtemps parce qu’il nous aura fallu moins de 24 heures pour que les quatre indices principaux américains se retrouvent au plus haut de tous les temps. Un grand classique ces derniers temps. Je ne vais pas vous abreuver de statistiques, mais ces 12 derniers mois, ce n’est pas la première fois que ce « quadruple record » se produit. Il y a certainement quelqu’un quelque part qui tient les comptes et sûrement quelqu’un d’autre qui en tire des conclusions, mais peu importe ; ça monte et ça monte bien.

Quand les marchés baissent, ils baissent de 0.07% et quand ils montent, c’est de 0.7%. Je crois que c’est clair.

Il y 48 heures, nos craintes étaient principalement fondées sur le fait que les Chinois ne voulaient plus acheter de bons du trésor américains et sur le fait que les rendement du 10 ans US pourraient continuer à monter et pousser les investisseurs en dehors du marchés des actions. Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’on range nos craintes dans un carton au fond du garage et que l’on passe à autre chose : les bénéfices de la réforme fiscale et la hausse du pétrole ainsi que tous les bénéfices que cela pourrait donner aux pétrolières, sans oublier le fait que les chiffres trimestriels qui arrivent dès aujourd’hui vont sûrement nous démontrer que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Que dire de plus ? Encore une fois l’élixir magique du Docteur Trump a fonctionné. Même si lui aura profité de sa journée pour déclaré qu’Haïti et l’Afrique sont des « pays de merde » (traduction littérale), le monde fabuleux de l’économie continue de croire (ou d’espérer) que nous sommes encore loin d’avoir « pricé » l’impact de la réforme fiscale à venir et que, potentiellement ça pourrait être même nettement plus rémunérateur qu’une escadrille d’Airbus A380 qui survoleraient les USA en lançant des billets à l’effigie de Benjamin Franklin par la fenêtre.

Encore une fois, si l’en était besoin, on a eu le sentiment que la réforme fiscale EST et SERA la solution à tous les maux économiques, sociaux et même médicaux s’il en est besoin. Il paraît même que la Maison Blanche va produire la réforme fiscale sous forme de gélule ou de suppositoire pour combattre la grippe. On attend juste l’approbation de la FDA.

Autre sujet du jour, le pétrole qui monte gentiment, mais surtout qui ne baisse plus. À force d’enfoncer le clou, le baril aura fini par emmener les pétrolières avec lui. Avec les années, on sait tous que la corrélation entre le prix du baril et le secteur pétrolier n’est pas toujours facile à déterminer, mais on sait aussi que si le baril monte sans arrêt à un certain moment, les investisseurs vont quand même sentir un urgent besoin d’acheter des actions liées à l’industrie. C’était un de thèmes hier, thème qui est d’ailleurs très à la mode depuis 2 mois et demi.

Puis, dernier argument utilisé hier par les intervenants pour faire oublier la hausse des taux et le fait que le rendement du 10 ans US s’approche dangereusement des 2.6%, les chiffres trimestriels qui arrivent. Dès ces soir, BlackRock, JP Morgan et Wells Fargo vont donner le ton et le consensus global est que la saison devrait être bonne et devrait même donner des perspectives encore meilleures à l’aube de l’arrivée de… je vous le donne en mille… de la réforme fiscale.

Pour faire simple, la « correction » de la veille a été clairement effacée des tabelles et pour être franc, on ne la voit même plus sur un chart.

En Europe c’était un peu moins drôle, puisque les marchés locaux étaient en baisse pour la seconde journée consécutive. La faute à la BCE qui a publié les minutes de son dernier meeting. Minutes qui laissent entendre que la BCE pourrait prochainement « changer son discours », voir même sa politique. On craint que Draghi viennent resserrer les boulons et que l’année 2018, marquera fin de la politique monétaire ultra-accommodante pour la Banque Centrale Bleue avec des étoiles jaunes.

C’est une réflexion à long terme qui nous ressemble assez peu actuellement, mais il n’y a tellement rien à dire qu’il faut quand même trouver de quoi s’exciter dans la journée. Et comme en général, quand ce genre de nouvelle arrive sur les téléscripteurs, l’Euro monte, les marchés baissent. Vous ajoutez à cela le fait que certains acteurs du secteur du Retail ont fait des commentaires « prudents sur l’avenir et timorés sur le passé » et vous avez une journée pas terrible en Europe, mais surtout, deux jours de suite. Londres terminait en légère hausse, mais on s’en fout parce que Londres n’est plus en Europe.

L’or est à 1330$ et semble toujours relativement fort. Aussi intéressant qu’une série brésilienne en 3987 épisodes traduite en suisse allemand, mais relativement fort. Le pétrole est à 63.63$ et les Cryptomonnaies sont en plein doute.

Enfin, étaient en plein doutes pendant au moins 3 heures hier.

Le Bitcoin s’est prix 10% dans des dents durant la séance d’hier, avant remonter. À la minute actuelle, il se traite à 13605$ après avoir touché les 12639$ au plus bas de la séance d’hier. L’Ethereum n’a plus touché un plus haut historique depuis 3 jours et le Ripple est en hausse de 25% ce matin.

La « correction » de ces derniers jours est principalement dû au fait que la Corée du Sud donne des messages assez divergents sur leurs intentions vis à vis des plateformes de trading pour les cryptomonnaies, puisque l’on parle d’en fermer certaines et d’en interdire le trading. Ce n’est pourtant pas toujours très clair, mais dans le doute, cela donne une certaine volatilité que l’on adorerait avoir sur le marché des actions, j’en suis sûr.

Ce matin le Japon ne fait rien. Hong Kong est en hausse de 0.2% et monte pour la quatorzième séance consécutive, pendant que la Chine progresse de 0.10%. Il y a quelques heures la Chine a publié ses exportations et son trade surplus avec les USA a atteint des records et, encore une fois, les chiffres économiques chinois sont, ce que l’on pourrait qualifier de « moins pire que prévu », bien que les commentaires sur l’avenir incitent à la prudence, mais ce n’est pas nouveau.

Dans les nouvelles du jour, je crois que l’on atteint des niveaux jamais vus en terme de « rien à dire ». Alors oui, on nous apprend que Facebook va changer la manière dont ils publient les fils d’actualités sur vos murs et que cela pourrait vous inciter à y passer moins de temps (sur Facebook), mais franchement, tout le monde s’en tape et je dois dire que depuis que je n’y suis plus, je me sens nettement mieux. Et puis surtout j’ai plus de temps pour aller sur Instagram. On nous apprend aussi que Trump est prêt à aller discuter avec les Nord-Coréens et que la Suisse et inquiète du merdier que sa venue va faire à Davos, mais ce n’est pas avec ce genre de nouvelles que l’on va s’exciter en bourse ce vendredi.

Le Barron’s se demande combien de temps la politique de la BNS – type Hedge Funds – va encore pouvoir continuer, ils se demandent aussi si le Bitcoin est le « nouvel or » et ils pensent qu’éventuellement peut-être TripAdvisor pourrait doubler en 4 ans. Il me semble que le Barron’s a eu connu des périodes où il se « demandait » moins de trucs et était plus tranché dans ses prises de positions.

Pour faire simple et pour s’occuper durant la séance, nous allons nous concentrer sur les chiffres économiques de la journée. Chiffres qui ne vont probablement rien changer à quoi que ce soit, puisque j’imagine assez mal que les CPI’s américains et français puisse changer la face du monde et même les retails sales US ne devraient rien pouvoir y faire. En revanche, les chiffres trimestriels des bancaires qui commencent cette après-midi pourraient avoir l’avantage de nous motiver quelque peu.

Enfin bref, plus je regarde ce marché, les graphiques surtout, plus j’ai le sentiment que l’euphorie nous gagne et que si l’on fait des bêtes comparaisons avec les 20 dernières années, tout cela ressemble fortement à ce qui s’est passé au début de l’an 2000. L’euphorie qui nous gagne, les marchés qui accélèrent à la hausse. Tout ça pourrait commencer à devenir décoiffant, parce que si l’euphorie ne fait que commencer l’accélération pourrait nous amener rapidement à 3’000 sur le S&P500, sans que l’on sache trop pourquoi…

Entre la peur d’une correction qui ne manquera pas d’arriver après 8 ans de hausse et la peur de rater les prochains 25% de hausse, notre tâche d’investisseur ne sera pas forcément aisée. Mais si je devais prendre un pari, je dirais que le S&P500 va à 3’000 avant tout et qu’Apple sera au trillion de capitalisation avant ce printemps. À moins que Trump nous fasse un truc entre deux…

En conclusion, même si les marchés ne semblent que très peu passionnants, quelque chose est en train de se passer. Et même si l’on essaie de nous endormir à coup de hausse de 0.7%, 0.7% de hausse 5 fois par semaines ça fait quand même 14% à la fin du mois… Bon. Je me calme et je retourne me coucher.

Passez une très belle journée, un excellent week-end et à lundi !

Thomas Veillet
Investir.ch

« A person who never made a mistake never tried anything new. » —Albert Einstein