La séance d’hier aura été une de ces séances qui fait qu’on se demande si on a bien fait d’ouvrir les bourses mondiales. Malheureusement on n’a pas encore réussi à inventer un concept où les jours où il n’y a rien à dire, on ferme et on part à la plage. Alors comme on est « obligé » d’ouvrir, on ouvre mais on sent bien qu’on n’est pas convaincu d’être là, qu’on ne sait pas quoi faire et du coup, on brasse beaucoup d’air pour ne pas faire grand-chose, limite que si l’on utilisait l’énergie créée par l’air que l’on a brassé hier, je pense que l’on pourrait rapidement remplacer le nucléaire et les barrages valaisans.

L’Audio du 13 mars 2018

Il n’y avait pas de chiffres économiques, pas de « grosse nouvelle » et du coup on s’est contenté de réutiliser les « vielles infos » de vendredi et faire comme si, grâce à ça on arrivait à prendre des vraies décisions d’investissement et à justifier nos salaires mirobolants pour ne rien faire. Dans les thèmes de la journée on a quand même réussi à trouver « trop cool » encore une fois que la croissance des salaires soit sous contrôle comme le démontrait les chiffres de vendredi et c’était une « bonne nouvelle » que l’on ait créé tant d’emplois en plus. Mais pour être franc, personne n’y croyait vraiment et mis à part les Européens qui montaient là-dessus après avoir raté une partie de la hausse vendredi dernier, on sentait bien que le cœur n’y était pas.

Il faut dire que l’Europe était également poussée par un gros deal dans le secteur industriel, une espèce de deal croisé entre EON, RWE et Innogy pour que EON augmente sa participation dans Innogy – qui fait justement dans l’énergie alternative, rapport au brassage d’air que nous faisons actuellement – EON rachète la part de RWE et poussait Innogy à la hausse et générait au moins un peu d’intérêt en Europe. L’indice EuroStoxx terminait en hausse pour la sixième séance consécutive.

Par contre aux USA, on tapait sur le même secteur principalement parce que l’on craignait une « guerre économique ». Je vous le disais, on se cherche des excuses pour faire quelque chose et ne pas s’endormir sur nos claviers. Boeing était sous pression et perdait 3% – d’ailleurs la perte du Dow Jones d’hier c’était rien qu’à cause de l’avionneur, ou presque. Pendant ce temps Apple sortait enfin le portemonnaie et se décidait à racheter Texture qui n’est rien d’autre que le « Netflix » des magazines. En payant 10$ dollars par mois vous pouvez avoir accès à 220 magazines différents, mais vous ne pourrez plus les lire sous format papier sur la table de la salle d’attente du dentiste.

Le montant du rachat n’a pas été communiqué. Une chose est certaine, ça n’a pas du entamer la montagne de cash de la firme de Cupertino. Par contre la configuration technique du titre laisse supposer que le trillion capitalisation boursière, c’est pour bientôt. Et pan dans les dents de la correction de février.

Pendant ce temps, le pétrole ne faisait rien, l ‘or non plus et les semi-conducteurs continuaient en de monter au firmament alors que ceux qui veulent acheter des actions ne trouvent satisfaction que dans ce secteur, il faut dire qu’entre les bonnes nouvelles, les rumeurs de take-over qui reviennent régulièrement et la configuration graphique de l’indice sectoriel, on dirait que ça ne veut plus s’arrêter. Quoi qu’il en soit, les investisseurs veulent de la technologie et c’est là que ça se passe.

Le feuilleton du jour c’est le bid Qualcomm-Broadcom. Depuis quelques jours le « deal » est suspendu et les autorités fédérales ont bloqué le vote des actionnaires de Qualcomm qui devaient décider d’accepter l’offre de Broadcom ou pas. On en sait dorénavant un peu plus et ça à le goût d’un roman d’espionnage mélangé à de la manipulation politique puisque tout cela a la marque des doigts gras de Trump un peu partout.

Le Président a signé un ordre exécutif qui stoppait le vote de la semaine dernière, parce que Broadcom, qui vient de se relocaliser aux USA, mais qui est à la base de Singapour avec – semblerait-il – une forte influence chinoise, deviendrait un danger pour la sécurité technologique américaine. Très peu de détails sont donnés sur les tenants et les aboutissants du problème, toujours est-il que les implications de Qualcomm dans le réseau 5G laissent supposer que le Gouvernement US ne voudrait pas trop que les Chinois aient les mains là-dessus via Brodacom.

L’histoire reste tout de même peu claire, surtout depuis qu’Intel est soudainement intéressé par Broadcom et il y a fort à parier que le roman d’espionnage que nous sommes en train d’observer au travers du prisme du Wall Street Journal n’est pas encore terminé. On n’a pas encore vu de poursuite en Aston Martin DB11, ni de smoking, ni de Walter PPK, mais ça ne saurait tarder.

Ce matin le Japon est en hausse de 0.45%, pendant que la Chine et Hong Kong reculent tous les deux de 0.2%. Pas de quoi s’exciter non plus, mais il faut dire que cette après-midi il y aura des chiffres économiques qui vont nous donner des indications sur l’inflation.

Parce que oui, HOUOUOUOUOUU, il ne faut pas croire que l’on va s’en sortir comme ça. Comme ça fait tout de même depuis vendredi après-midi que l’on n’a plus rien à dire, depuis la publication de la croissance des salaires, il va bien falloir que l’on s’excite sur quelque chose, au risque de tomber dans le coma de l’ennui boursier.

Alors oui, afin de nous tenir éveillés, cette après-midi, il y aura le CPI. Encore un chiffre dont on se foutait magistralement depuis 9 ans qui devient soudainement presque aussi important que les résultats des tests psychiatriques du Président Américain.

Dans les nouvelles du jour je crois que ça va être super-vite fait. Il y a donc le feuilleton 007 de Trump contre les Chinois via l’affaire Broadcom-Qualcomm, les Anglais qui sont en train de se foutre sur la gueule par diplomates interposé pour une sombre histoire d’espionnage aussi, ça n’a pas vraiment d’influence sur les marchés, mais comme il y a tellement rien à dire que l’on occupe la première page du FT avec ça. Du coup, les Russes et les Anglais sont fâchés. Les Américains et les Chinois se font de l’espionnage industriel. Déjà que l’on a de la peine à avoir des vraies infos économiques, si maintenant ça passe via les services secrets c’est pas gagné.

Une chose est certaine, les scénaristes vont boire du petit lait pour les 12 prochains James Bond.

Autrement le Wall Street Journal parle de « management shake-out » de Goldman Sachs qui pourrait éventuellement peut-être mener au départ de Blankfein, le CEO. Bien que ce dernier n’arrête pas de twitter à qui veut l’entendre que ce n’est pas à l’ordre du jour. On parle également de Stormy Daniels qui veut rembourser les 130’000$ que Trump lui a filé pour son silence après une nuit « d’amour » pour pouvoir tout raconter dans un livre, un film et une série Netflix… Quand on voit le genre de nouvelles que l’on nous colle en première page du Wall Street, on se dit qu’on aurait meilleur temps de s’abonner au Pif Gadget ou alors carrément directement au Voici, au Gala et au Playboy.

Mis à part ça, le Bitcoin est en train de congestionner autour des 9400$ depuis trois jours et il n’est pas exclu qu’un de ces 4, il accélère dans un sens ou dans l’autre. Mais mis à part ça, ce que l’on a à se mettre sous la dent ce matin est plutôt mince. Voir très très mince.

Je m’en vais donc aller m’injecter du Nespresso – What else ? – pour pouvoir tenir dans l’ennui jusqu’à ce soir, mais je n’exclu pas d’assister à une poursuite en voitures de sport sur CNBC. Poursuite menée par Donald Trump qui court après le CEO de Broadcom qui s’enfuit avec une Bugatti Chiron pendant que Trump roule en Dodge Challenger Hellcat.

D’ailleurs, quand j’y pense… Quand on regarde les nouvelles du jour et celles d’hier, on a : du cul avec l’actrice porno de Trump, de l’espionnage et du pognon avec Broadcom et Qualcomm, manque plus que des voitures de sport et on est officiellement en plein James Bond. En son temps Clinton avait fait fort avec Monica, mais force est de constater que le nouveau locataire de la Maison Blanche est carrément au-dessus.

Que votre journée soit belle et on se retrouve demain pour la suite de Quantum Solace.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Ici c’est une grande famille. Quand un gars veut une augmentation, il vientme voir, je l’écoute et hop ! je le vire. »

Michel Audiard