Après les semaines que l’on a vécu, tout spécialement depuis le début du mois de février, on aurait pu craindre le pire. Je dirais même plus, dans un marché «normal » avec les nouvelles que l’on s’est pris sur le coin de la figure pendant des semaines, on aurait largement du, craindre le pire, voir le vivre.

L’Audio du 18 avril

Sauf que le marché fait preuve d’une force relative inouïe et est capable d’encaisser les pires nouvelles et de ne pas céder. Ces dernières semaines la moyenne mobile des 200 jours aura été un mur et même celui que Trump prévoit (toujours) de construire sur la frontière du Mexique n’aurait pas fait mieux. Plusieurs fois, la semaine dernière, nous nous sommes retrouvés accrochés à la falaise par le bout des doigts – que dis-je – par le bout des ongles, mais visiblement nous étions équipés de griffes type « wolverine » et du coup, on a tenu pour enfin retrouver le sourire en ce début de semaine, alors que samedi matin, lors des bombardements en Syrie, c’était pas gagné.

Mais il semblerait que la devise des investisseurs en ce moment soit : « le marché meurt mais ne se rend pas » – la devise des investisseurs qui sont dans le camp des Bulls, on s’entend bien. Les autres ils doivent être en train d’avaler leur boîte Prozac au petit déjeuner, pendant que les Bulls se nourrissent d’Ovomaltine, sachant que ça n’ira pas mieux, mais plus longtemps.

Hier le DAX a cartonné et terminé en hausse de 1.57%, c’est sa plus haute clôture depuis 7 semaines, le S&P500 gratte encore 1.07%, pendant que le Dow Jones monte de 0.87% et offre à nouveau une performance positive pour l’année en cours. Le S&P500 a cassé sa moyenne mobile des 50 jours et n’est plus qu’à une dizaine de points de casser sa tendance baissière dans laquelle nous sommes depuis quelques semaines. Encore un effort, un coup d’épaule et les Ours seront en voie de disparition encore une fois, jusqu’à la prochaine.

Cette soudaine euphorie printanière n’est pas due à la météo, pourtant il est prouvé que les investisseurs sont plus enclins à acheter le marché quand il fait beau que quand il pleut, mais cette fois c’est surtout à cause des chiffres du trimestres qui sont exceptionnellement bons. Ils ne sont pas toujours forcément acclamés à leur juste valeur, mais ils sont bons. Hier le marché a salué le trimestre de NetFlix comme il se doit et le titre terminait sa séance au plus haut de tous les temps. Dans la foulée, tout ses petits camarades des FAANG’s prenaient le même chemin, même Facebook montait, c’est dire si l’ambiance était festive. On se serait cru en plein « Spring Break » – ben tiens, ça tombe bien, c’est la saison.

Au-delà des chiffres de NetFlix qui étaient canons, on a également eu Goldman Sachs qui était nettement au-dessus des attentes, mais pour des raisons de perception future, le titre reculait d’un peu plus de 1.5%. Même chose chez Johnson & Johnson, chiffres plus fort que le consensus, mais dans le doute, on prenait les profits parce que si l’on dit qu’après la pluie vient le beau temps, l’inverse est également valable, après le beau temps, la pluie.

On sent que ça va mieux mais que c’est quand même pas encore gagné. Une chose est déjà quasiment certaine, cette saison des trimestriels sera une cuvée exceptionnelle, un peu comme un cuvée 2005 dans un grand Bordeaux, on ne pourra que difficilement rêver mieux. Cependant pour en sortir la tête haute comme l’a fait NetFlix hier, il faudra non seulement battre les attentes, afficher de la croissance dans tous les secteurs et se montrer confiant comme jamais devant les journalistes et les analystes. Sinon, la sanction sera à l’image des ¾ des bancaires qui publient : « bien mais bof »…

Mais globalement le marché semble aller bien. Nous sommes en phase de rebond et même si les intervenants gardent un œil sur le compte Twitter de Trump et sur les mouvements de troupe au Moyen Orient, on semble avoir passé l’épaule du côté géopolitique… pour le moment. Sachant bien qu’il ne faudra pas grand-chose pour r-allumer le feu… et faire danser les diables et les Bears.

Enfin, bref… Pour le moment ça va et on ne va pas se plaindre. Encore une fois, l’excès de négativisme et la conviction affichée par les indicateurs baissiers auront donné un signal parfait pour se remettre à la hausse. La volatilité est au plus bas depuis le top du mois de mars et elle ne fait que chuter depuis 5 séances, ce qui est remarquable quand on pense ce que l’on a vécu depuis 5 séances…justement…

L’or est en plein chamboulement, la mesure de la volatilité sur ce dernier ne doit pas être loin du zéro absolu et ce matin le métal jaune est à 1347$, ce qui fait quand même une variation de 2$ par rapport au prix d’il y a 24 heures. Je vous laisse faire une règle de trois, mais en pourcentage ça fait quand même pas grand-chose, je crois que l’on se trouve dans la zone qui permet d’utiliser le qualificatif « chiant » sans être qualifié de vulgaire, mais plutôt de réaliste.

Le pétrole va bien, il bénéficie toujours de ce que l’on qualifie de « tensions au Moyen Orient et reste bien établit au-dessus des 66$, laissant supposer que la porte est ouverte pour aller bien plus haut, restant à déterminer un peu plus clairement le concept de « tensions au Moyen Orient ». Non, parce que c’est toujours étonnant d’entendre le mec qui traite des futures pétrole dans la banlieue genevoise déclarer qu’il y a des tensions au Moyen Orient alors que les Arabes des fêtes de Genève ne sont pas encore arrivés et que cette année ils ne viendront peut-être même pas au vu de l’état des fêtes de Genève..

Toujours est-il que dès qu’un avion US survole une étendue sablonneuse quelque part dans le monde, on a le droit d’utiliser le qualificatif « tensions au Moyen Orient ». Si un palestinien lance une pierre sur…. Peu importe sur qui il la lance, c’est des tensions au Moyen Orient. Et même si Mohamed Salah se fait tacler en Premier League ce week-end c’est une agression caractérisée, cela rentre donc dans le champ des « tensions au Moyen Orient ». Il y a donc largement assez d’arguments pour que le pétrole monte à 80$ au moins et que l’on recommence à parler d’inflation aux USA.

Pour le reste, sachant que l’or est chiant et que le pétrole est destiné à aller plus haut, il n’y a plus que le Bitcoin qui est marrant. D’ailleurs si vous n’avez pas les moyen de spéculer dans les Cryptomonnaies, je tiens à signaler qu’il existe un simulateur qui reproduit les sensations du trader en Cryptomonnaies, il vous suffit de vous introduire dans le tambour de votre machine à laver le linge et mettre le programme sur essorage à 1800 tours/minutes, ça devrait vous donner une bonne idée.

Hier le Bitcoin a reperdu 200$ en 20 minutes parce qu’un « gros wallet » – comprenez un gros portemonnaie virtuel détenu par un client très très riche en Bitcoin – on estime le compte à 1.5 milliards – en a vendu pour 100 millions. Les journaux appelle ça une baleine – un gros investisseur en cryptos c’est une baleine… Comme les gros joueurs dans les casinos… C’est rassurant. On espère juste que quand tu gagnes trop souvent en Cryptos, y a pas trois gros balèzes qui arrivent et te jettent dehors en te cassant un bras.

Bref, ce matin le Bitcoin vaut 7900$ et trois jetons de casino.

Actuellement le Japon est en hausse de 1.25%, Hong Kong ne fait rien et la Chine recule de 0.35%, elle ne parvient toujours pas à trouver la niaque, même si ses chiffres de croissances étaient salués par la communauté internationale hier. Peut-être que si la Chine rentrait en guerre contre quelqu’un ça aiderait.

Dans les nouvelles du jour, IBM a également publié des chiffres au-dessus des attentes, ce qui est assez rare depuis quelques années pour être signalé, en revanche, en épluchant les chiffres, on se rend compte que le secteur de l’Intelligence Artificielle ne paie pas encore. Elle n’a donc pas non plus pris le pouvoir et Skynet n’est pas encore pour tout de suite. D’ailleurs le titre perdait 4% dans la foulée.

Carl Icahn a pris une position dans VMware, le patron de la CIA a rencontré discrètement le leader Nord Coréen pour causer sommet avec le Président Trump et son compte Twitter, Barbara Bush, femme et mère de Président est décédée hier à 92 ans et David Hogg, un des étudiants qui a survécu à la dernière tuerie de Floride encourage les investisseurs à boycotter BlackRock parce certains de leurs fonds détiennent des compagnies qui vendent des armes.

On reparle de Tesla qui ne perdait que 1.7% hier après avoir annoncé qu’il stoppaient leur chaîne de production sur une durée indéterminée, le marché a été rassuré parce qu’ils ont également annoncé qu’une fois que le problème serait réglé, ils engageraient plein de monde pour « tenir les délais » – en même temps ils sont déjà en retard d’une montagne – en tous les cas ils ont intérêt, parce que ça va commencer à sentir le roussi ou si ce n’est le roussi, la bobine électrique grillée.

Et puis le FMI ramène sa science comme tous les trimestres, il prévient que la zone euro bénéficiera d’une forte croissance en 2018, mais qu’ensuite, pour des raisons de faible productivité et d’une population vieillissante, ça sera « très dur ». Bon, en même temps on s’en fout, si le FMI savait quelque chose ça se saurait, si ils avaient raison de temps en temps, ça se saurait aussi et comme de toutes façons, nous on ne regarde que le prochain quart d’heure, ce qui se passera en 2019 et après, c’est à peu près aussi concret que l’époque à laquelle se passe la Guerre des étoiles.

Pour le moment les futures sont en hausse, encore, et on attend les chiffres trimestriels de : Abbott, Alcoa et Morgan Stanley et c’est à peu près tout ce qu’il y a de sexy. Côté chiffres économiques, il y aura CPI en Angleterre et en Europe et puis aux USA ça sera le Beige Book.

Voilà, c’est tout ce qu’il y avait à dire ce matin. En gros ça va pas mal depuis ce week-end, il faut surveiller les 2720 sur le S&P500, en cas de rupture à la hausse, ça pourrait s’emballer, en attendant les indices européens sont extrêmement bien disposés et la Suisse n’est pas en retard.

Passez une excellente journée de printemps. Pour ne pas dire d’été. Et on se retrouve demain à la même heure et au même endroit. Soyez forts…

Thomas Veillet
Investir.ch

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― Oscar Wilde