Je m’étais promis de ne pas en arriver là, parce qu’après la pub Swisscom qui se moquait de l’absence de l’Italie à la coupe du monde, je ne voyais pas l’intérêt d’en rajouter. Mais là, force est de constater que c’est devenu tellement insistant que personne ne peut faire autrement que de parler de l’Italie, de l’Italie et encore de l’Italie.

L’Audio du 30 mai

Ce qui est tout de même phénoménal parce que le MIB n’a jamais été « L’INDICE » principal que le monde merveilleux de la finance regarde avant tout, Milan n’a jamais été LA place de bourse qui dirige le monde par le bout du nez. D’ailleurs quand on dit que l’on veut devenir « trader » on dit : « j’aimerais travailler à Wall Street », pas : « J’aimerais travailler à Milan ».

L’Italie n’a jamais été LE PAYS que l’on regarde en premier quand on parle d’investissement. Pas d’insulte, pas d’offense, c’est juste que ce n’a jamais été LE MARCHÉ auquel on s’intéresse D’ABORD. En Europe on regarde le DAX, le CAC, mais pas le MIB… Sur les 6 banques qui sont en baisse de 25% en moyenne depuis un mois, je vous met au défi de m’en citer 3 sans vous tromper dans l’orthographe.

Toujours est-il que jusqu’à hier c’était une crise Européenne et depuis hier soir, c’est une crise mondiale parce que les Américains se sont rendus compte – après 3 semaines de bla-bla sur la RAI et dans le journaux – que l’Italie était autre chose qu’une entreprise qui fabrique des pâtes, des pizzas et de voitures de sport. À 22h00, heure de Rome, les Américains ont officialisé la similitude entre l’Italie et la Grèce.

L’Italie est donc devenu l’équivalent de la crise grecque, mais en 2018.

Ne cherchez pas une autre raison pour le bain de sang d’hier, c’est tout de la faute de l’Italie et de son merdier politique en cours. Cottarelli est en train de former un gouvernement, mais ils vont principalement organiser de nouvelles élections. Il ne va donc RIEN se passer pendant des semaines, si ce n’est une campagne électorale tout en douceur, pleine d’amour et de câlins entre l’extrême droite et l’extrême gauche, puisque personne n’imagine un seul instant qu’un groupe « un peu plus modéré » puisse prendre place aux premières places.

Et du coup, on se dit que peu importe qui gagnera dans quelques mois, nous serons de retour à la case départ. Ça sera le merdier total en Italie et on va parler d’Italexit comme on nous bourré le crâne avec le Grexit en 2011-2012. Aujourd’hui la Grèce est toujours dans l’Europe, toujours endettée, c’est toujours un pays où on n’imagine pas autre chose que d’aller en vacances, fondamentalement, rien n’a changé. On a juste « oublié » d’en parler.

Pour l’Italie, ça sera pareil, mais pour le moment, on ne parle que de ça. Hier les marchés ont pris l’eau à l’unissons à cause de l’Italie. Le seul indice qui semble faire de la résistance et qui n’a pas bronché ou presque, c’est le Nasdaq tant il est vrai que les nouvelles technologies sont un pays à elles toutes seules et puis Apple c’est trois ou quatre fois la capitalisation du MIB a elle seule. Alors si tu mets Facebook, Apple, Amazon, NetFlix et Google ensemble, si tu rajoutes Microsoft et Intel, tu vas rapidement te rendre compte que l’Italie, c’est une « small cap ».

Sauf qu’hier c’était Italie par-ci, Italie par-là et soudainement tout le monde ne parlait plus que de ça. Et c’est pour ça et UNIQUEMENT pour ça que les marchés du mondes entier se sont fait démonter. On ne parle plus du sommet des deux clowns à Singapour. On ne parle plus de la guerre économique. On ne parle plus du pétrole qui ne rebondit toujours pas et on ne parle plus du fait que c’est l’Allemagne qui devrait être championne du monde (encore), On ne parle plus que de l’Italie.

L’Italie est la nouvelle Grèce sauf que chez eux, on préfère la Mozzarella que la Feta. Et c’est quand même différent.

Bref, tout ça pour vous dire que la journée d’hier aura été placée sous le signe de l’Italie et les suivantes risquent de l’être aussi, jusqu’à que Trump fasse diversion sur autre chose. Aujourd’hui, hier et demain, on va surtout être préoccupé par ce qui pourrait éventuellement peut-être se passer si l’Italie sortait de l’Europe et de l’Euro et si en plus ils ne remboursaient pas leur dette… D’ailleurs dans le sens de cette préoccupation, l’ensemble des banques, qu’elles détiennent de la dette italienne ou pas, se sont faites démonter hier. Quand je vois que Morgan Stanley perdait plus de 5% « à cause de la crise italienne », je reste tout de même songeur.

Mais c’est un grand classique des « crises boursières », un peu à l’image de la panique qui nous a pris à la gorge en février quand on s’est demandé si l’on allait mourir dans d’atroces souffrances si le rendement du 10 ans US passait au-dessus des 3%. Actuellement c’est pareil, c’est donc n’importe quoi et on a un niveau de réflexion qui frise péniblement celui d’un babouin adulte.

Bref, hier on s’est cassé la figure pour, par, à cause ou parce que l’Italie…

Ce matin les futures sont inchangés, mais l’Asie perd 1.5% un peu partout, à cause de….. suspense…. Tic tac tic tac… OUI !!! Bonne réponse !!! À cause de l’Italie. Bon, aussi un peu à cause de l’Espagne qui ne peut pas s’empêcher de faire pareil avec son « vote de confiance sur Rajoy » qui nous pourrit la vie, mais globalement, ce matin c’est ITALIA FOREVER… Alors il ne gagneront pas la coupe du monde 2018, mais on va en entendre parler de l’Italie plus que des autres pays qui sont qualifiés, pourtant on ne résoudra pas l’équation avant la finale…

Le pétrole est à 66.50$, l’or vaut 1297$ et les Cryptos ont rebondit de 5%. Pourquoi ? Ben on va dire que c’est à cause de l’Italie.

Pour les nouvelles du jour, c’est pareil, on ne parle que de l’Italie. Trump pourrait nous annoncer qu’il va au sommet de Singapour, mais qu’il va y aller déguisé en Drag Queen et qu’il sera armé pendant les discussion avec Kim Jong Un, on ne broncherait pas. La Chine pourrait déclarer qu’ils ferment leurs frontières aux importations, on ne broncherait pas. Ce matin la seule chose qui nous ferait broncher serait de savoir que les partis d’extrême droite et d’extrême gauche ont été dissous dans la nuit et que dorénavant, la seconde langue que les Italiens apprendront dès l’école enfantine, c’est l’Allemand.

Mais autrement, rien à dire.

Ce matin c’est la crise finale. Encore une. Comme la Grèce en 2011, comme les taux qui passent au-dessus des 3% en février, ça ne va rien changer à a face du monde, mais ça nous promène pendant la journée. Je vous parie que dans 3 semaines le MIB aura récupéré la moitié de ce qu’il a perdu en 5 jours et que l’on ne saura même plus comme MIB s’écrit…

je vous fait grâce des chiffres économiques de la journée, tout le monde s’en tape si ce n’est pas lié à l’Italie. Je vous fait aussi grâce de l’opinion du Pape ou de Nabilla sur la crise qui nous occupe, tout le monde s’en tape aussi. En revanche, je vous souhaite une excellente journée et je me réjouis de vous retrouver demain pour reparler encore une fois de ce qui pourrait éventuellement se passer si l’Italie décidait de faire sécession et de fermer le tunnel du Mont-Blanc pour que les Européens ne puissent plus venir…

A domani.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Never underestimate the power of stupid people in large groups.”
― George Carlin

Et pour rester dans le thème « Italia », voici le test de la dernière Ducati Hypermotard 939