Les marchés mondiaux sont divisés en deux. D’un côté vous avez les USA qui sont terrorisés de voir arriver trop d’inflation et qui paniquent à la moindre évocation d’une hausse de taux supplélmentaire et dans l’autre camp, vous avez l’Europe qui affiche une croissance qui reprend péniblement des couleurs, mais qui voit du positif devant elle et qui voit avec plaisir sa monnaie s’affaiblir. Enfin.

L’Audi du 3 mai 2018

La séance d’hier aura clairement démontré cette scission qui est en train de s’effectuer entre les deux planètes bourses qui, habituellement fonctionnent plutôt de concert.

L’Europe terminait clairement en hausse après plusieurs bonnes publications trimestrielles et un Euro/Dollar qui montre toujours des signes de faiblesse. Les données du PIB Européen laissaient également supposer que la croissance était là, mais pas trop. Ce qui aujourd’hui est considéré comme « pas mal », parce que si vous avez trop de croissance, le risque voir les taux monter deviendra alors votre stress principal. La transition est toute faite, parce que c’est exactement ce qui se passe aux USA.

La croissance est plus solide que jamais et si la FED a dit quelque chose de neuf dans son discours d’hier soir, c’est bien sur ce sujet, le reste n’était que le réchauffé de la dernière fois et les taux sont restés inchangés comme prévu par la cohorte des économistes qui ont bossé dessus pendant de mois. Mais le fait que la croissance soit « bonne » fait peur. Ça fait peur parce que du coup, la FED pourrait (éventuellement peut-être c’est même pas sûr), monter les taux une fois de plus que les deux qui restent dans les prévisions météoroloigiques de la finance à 7 mois.

Du coup le marché baissait. Il baissait aussi parce que nous sommes aussi revenus dans le même « mood » dans lequel nous étions il y a deux semaines, à savoir que les si les chiffres trimestriels sont bons, il ne le sont jamais assez pour étancher la soif des vendeurs.

Hier soir encore la liste des titres qui publiaient un trimestre excellent ET des perspectives positives ET qui se faisaient démonter ensuite, était longue.

Yum Brands ; chiffres canons, meilleurs que les attentes, ils confirment leur guidance pour le reste de l’année, le titre perd plus de 7% hier soir.

CVS ; chiffres du trimestre et ventes nettement meilleurs que les attentes. Le titre recule de 3% et des poussières.

SodaStream ; publie un trimestre nettement supérieur aux attentes et AUGMENTE ses prévisions pour le reste de l’année… Le titre perd 8% et le reste.

SnapChat… Ah non, SnapChat le titre perdait 21% mais les chiffres étaient vraiment pourris et Apple prenait 4.4% après sa publication de la veille, mais ça, on avait déjà anticipé dans les semaines qui précédaient les chiffres, on se contentait donc de corriger le tir.

En conclusion le marché US terminait en baisse sur les trois indices principaux, parce que tout le monde est mort de peur que ce soit LE DERNIER TRIMESTRE positif et qu’ensuite la croissance va faire exploser l’inflation, que la FED va devoir courir derrière tel le cabri qui court derrière le reste du troupeau tout en montant les taux d’intérêts. Comme à chaque fois que l’on monte les taux dans la précipitation, ça finit pas « stopper net » l’économie comme les gens de la FED ne sont pas assez compétents pour le faire intelligement et la suite est donc connue…

Comme le répétait Mobius à la télé hier, juste au cas où on ne l’avait pas bien compris : « nous devons être prêt pour une baisse de 40% » – ATTENTION, il n’a pas dit qu’il « prévoyait » une baisse de 40%, mais que l’on devait être prêt «juste au cas où ».

Là encore, il faut reconnaître le poids des mots, le choc des photos et la subtilité du langage. Sans compter qu’il y a 3 semaines, il parlait de 30% de baisse, l’inflation sans doute.

Séance décodage.

En dehors du fait que la plupart d’entre nous ne sait même pas qui est Mobius, il faut lui reconnaître un talent certain pour communiquer.

Parce qu’il aurait pu dire bêtement, comme le font la plupart de ses confrères : « Je pense que le marché va se prendre une claque de 30% parce que… » – le pourquoi on s’en fout parce qu’en général à ce stade de la phrase ont est déjà au téléphone en train de passer les premiers ordres de vente. Mais Mobius est bien plus subtil, il dit : « je ne dis pas que l’on va baisser et qu’il faut tout vendre je dis qu’il faut être prêt au cas où ça se produit » – (et en petit caractères dans l’interview, il laisse supposer que c’est plus que probable que ça va se produire, mais qu’il ne veut pas le dire trop fort juste au cas où ça ne se produit pas, histoire qu’on ne puisse pas dire qu’il l’avait dit puisqu’il ne l’a pas vraiment dit) – vous me suivez ??? -… Techniquement il ne risque pas grand-chose, puisque le marché ne se souvient pas de grand-chose après le coucher du soleil.

MAIS SI PAR HASARD IL SE PASSE UN TRUC, ALORS LÀ IL REVIENDRA sur toutes les chaines de télé pour dire : JE VOUS L’AVAIS DIT… Et personne ne pensera à souligner qu’il ne l’avait pas «VERBALEMENT » dit, mais qu’il avait juste été prudent au sens large.

Bref, comme disait Coluche, mon maître à penser ; « Quand un mec il n’a que ça à dire, il ferait mieux de fermer sa gueule ».

Tout ça pour dire que les marchés Européens vont bien et que les USA anticipent la suite que l’on ne connaît pas mais que l’on suppute dans les salles de trading et puis au cas où on se goure, on ne nous le reprochera pas, parce que tout le monde pense la même chose et se retrouver « Long » le jour du krach annoncé, ça serat TROP LA HONTE… Autant rater les 5 dernières années de hausse.

Attention, je ne dis pas que ça va monter encore pendant 5 ans, mais je dis juste que l’on se doit se préparer à l’éventualité. Au cas où, je vous l’aurais dit…

Ce matin, tous les marchés asiatiques sont en baisse à cause de Wall Street. Il ne leur viendrait pas à l’idée d’être en hausse à cause de l’Europe. C’est trop injuste. Le Hang Seng recule de 1.75% et la Chine de 0.5%. Le Japon est imperturbable, mais en même temps il est fermé. Après l’or est à 1310$ et ça se passe de commentaires et le pétrole est à 67.83$.

Il n’est toujours pas à 300$, mais ça ne saurait tarder, restez attentifs.

Pour ce qui est des nouvelles du jour, on parle de la FED qui n’a pas dit grand-chose de nouveau hier soir, mais on se gardera bien d’en tirer des conclusions hâtives et on attendra patiemment quelques semaines pour que les Minutes sortent et que l’on puisse éplucher l’emploi du temps de chacun pendant ces dernières 48h et essayer d’interpoler la consommation de donuts et de café afin d’obtenir une indice sur la date et l’heure de la prochaine hausse des taux.

On apprend aussi que Cambridge Analytica, vous savez, la boîte qui a utilisé vos photos de vacances sur Facebook pour aider à l’élection de Trump. Eh bien Cambridge Analytica vient de mettre la clé sous la porte et c’est tout la faute des médias selon eux. Il y a aussi S&P qui met en garde le marché vis à vis de la guerre économique, selon eux, ça pourrait porter préjudices à certaines sociétés dont Tesla. Ils ont aussi annoncé qu’après plusieurs années de recherches intensives, ils ont découverts que l’eau ça mouille, que le feu ça brûle et que si vous provoquez un lion avec un couteau suisse, il y a peu de chance que vous gagniez le combat.

Et puis Spotify était en baisse après la publication de ses chiffres hier soir, le titre perdait 10%. On ne sait pas trop si c’était bon ou mauvais, actuellement le résultat est souvent le même : 10%.

Mais LA nouvelle du jour, de la soirée et de ce matin, c’est les chiffres de Tesla. Pour bien comprendre, il faut les voirs sous deux axes.

Premièrement les chiffres en eux-mêmes sont meilleurs que les attentes. Bon, on va dire moins pire. La boîte a grillé 740 millions de plus sur les trois derniers mois, mais ils ont réussi à faire une semaine de production à 2270 voitures produites (model 3), ce qui est un record. La société promet de faire des bénéfices d’ici la fin de l’année – ce qui paraît utopique compte tenu de la situation, mais on va dire que les chiffres étaient moins pire et le marché était plus ou moins satisfait. À cet instant très précis (avant la conférence de presse de Musk), le titre ne faisait rien.

Puis Musk a parlé. Et tout est parti en vrille. Tout d’abord il s’est montré arrogant à un point qu’on se demande si c’est pas lui qui a inventé le mot. Il a répondu à deux questions qui venaient de Wall Street avant de leur dire poliment d’aller se faire foutre. Il a ensuite donné la parole à un jeune Youtubeur qui a eu l’occasion de poser une douzaine de questions, puis il s’en est pris à son CFO qui n’était pas assez arrogant lui-même et il a fini par agresser les médias à qui il reproche à peu près tout.

À partir de là, le titre n’a fait que baisser et là, il perd 5% after close. Disons qu’avec l’attitude de Musk hier, je ne serais pas étonné que quelques downgrades supplémentaires arrivent encore ces prochains jours. En tous les cas la presse est unanime, Elon Musk s’est comporté comme un malotru irrespectueux et ça, c’est la version polie. Un gros con semblerait plus approprié et à la fin c’est les investisseurs qui trinquent.

On lui souhaite de ne pas avoir besoin d’argent d’ici la fin de l’année – chose qu’il a martelé d’ailleurs… il ne VEUT pas demander d’argent à Wall Street, ça tombe bien, je ne suis pas sûr que ce matin ils aient envie de lui en donner. Heureusement, ils oublient vite.

Pour le reste ; côté chiffres économiques, nous aurons le PMI des services à Londres, le CPI en Europe et l’ISM Non-Manufacturing aux USA. Pour les chiffres du trimestre, on s’en fout, de toutes manières ça sera mal pris. Mais les publications s’assèchent gentiment.

Les futures sont inchangés et l’ambiance est morose aux USA et bien plus rose en Europe. Serions-nous enfin parvenus à l’émancipation des marchés européens à l’égard des USA ??? Un rêve fou serait-il à l’aube de se réaliser ? Réponse vendredi avec la publication des Non-Farm-Payrolls – je ne sais même pas pourquoi je vous dis ça, mais il faut bien conclure.

Passez une très belle journée et nous on se retrouve demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Patricia, mon petit… je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L’homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire: ton Antoine commence à me les briser… MENUES! »

Michel Audiard (Les tontons flingueurs)