Je dois probablement être le seul à me lever à 3h du matin pour écrire une chronique boursière alors que la moitié de la planète fête le premier mai et trouve une excuse pour ne pas bosser ou moins bosser ou faire semblant de bosser parce que personne ne sait vraiment si c’est chômé, congé ou une journée normale, dans le doute en Suisse on ira travailler parce qu’on ne veut pas déranger et en France on fera la grève, parce que c’est ce qu’on fait en mai et qu’en plus faut préparer les ponts…

L’Audio du 1er mai 2018 – c’est la lutte finale :

Sans compter que nous sommes face au « FAMEUX » « Sell in May and GO AWAY »…

Alors on sait que ce vieil adage ne fonctionne pas très bien récemment, mais c’est normal parce que les banques centrales ont faussé la machine avec leurs manipulations monétaires ces dernières années, mais là c’est sûr… enfin, c’est moins « pas sûr » – que le marché devrait baisser durant les six prochains mois surtout parce que cette fois on a un autre « coup sûr », une autre garantie-ou-presque qui est quasiment confirmée par les statistiques ; le « sell in May and go away » fonctionne BEAUCOUP mieux lors de l’année de « mid-terms » soit au milieu de la période des 4 ans de la présidence américaine.

C’est cette année si vous en doutiez.

Nous voici entrés dans une nouvelle phase de certitudes boursières et ça fait plaisir parce qu’on n’en pouvait plus de douter. Cette fois c’est donc (presque) officiel, le marché va baisser à partir de… maintenant. Il n’y a plus aucun doute, enfin, normalement. En théorie…. Bref, on verra. Et puis si ça ne fonctionne pas, ça sera l’an prochain, là c’est presque certain. De toutes façons, statistiquement, plus les années passent, plus il y a FORCÉMENT une année où ça va fonctionner.

Hier les marchés Européens ont terminé en hausse un mois qui aura été globalement positif pour les marchés du vieux continent. Les chiffres trimestriels sont bons, l’économie ne va pas trop mal, Draghi va finir par faire sauter le QE. On a de la peine à déceler son enthousiasme quand on le regarde à la télé, mais on commence à sentir qu’il se retient de sourire ou alors c’est qu’il est assis sur une punaise. Mais les « Experts en Europe », pensent que cette fois, c’est sûr, en juin, il va annoncer un truc.

Et puis l’Euro/Dollar est enfin en train de tourner en faveur de l’Euro et de l’Europe. Le renforcment récent du billet vert fait que c’est les exportatrices européennes qui vont en bénéficier et plus que celles d’Outre-Atlantique. . La journée aura également été motivée par l’avalanche de fusions, acquisitions et autres prises de participations un peu partout dans le monde ; Sainsbury qui vend une participations sur ses magasins UK à Wal-Mart, Sprint et T-Mobile qui tentent pour la troisième fois de fusionner, d’ailleurs on sentait bien que la nouvelle faisait moins fantasmer que par le passé, puisque les deux titres se faisaient tous deux démonter propre en ordre.

Forcément, à force de crier au loup, on est de moins en moins motivé à y croire.

Et puis il y avait Marathon qui rachetait Andeavor pour 20 milliards et Prologis et DCT Industrial qui fusionnaient pour 8.4 milliards. Sans compter les bons chiffres trimestriels qui continuent d’apparaître un peu partout, hier c’était dans les Happy Meal’s, puisque McDo a fait carton plein. Cependant, malgré la bonne performance des Hamburgers et autres Nuggets, le marché US ne parvenait pas à terminer son dernier jour du mois d’avril en hausse, on sent toujours une forme de dépression latente qui pèse sur le marché depuis vendredi.

Ça va définitivement mieux en Europe qu’aux USA, puisque depuis les chiffres canons de certains rois de la technos et leurs difficultés à terminer au plus au de tous les temps la semaine dernière, on sent la panique nous gagner et on sent aussi que les « neinsagers » qui prédisent la fin du monde du bull market depuis bientôt 2 ans et demi, vont peut-être finir par avoir raison. Peut-être, c’est même pas sûr.

Bref, le mois d’avril est terminé, on peut dorénavant faire ce qui nous plaît. On va essayer de regarder devant et pour le moment, regarder devant ça veut dire se concentrer sur le pétrole, sur Apple et sur Tesla.

Le pétrole est à 68.68$ et est en train de nous compléter un magnifique « flag » haussier qui pourrait nous emmener au-dessus des 70$. En temps normal, ça serait l’évidence même et l’occasion unique de vendre sa grand-mère pour acheter des calls sur le baril.

Sauf que mon esprit contrariant de genevois qui ne peut pas s’empêcher de trouver ça suspect – de râler aussi – mais surtout de trouver ça suspect quand tout le monde est d’accord avec tout le monde pour dire que le baril va plus haut.

Je sais c’est mal de ne pas vouloir faire comme les autres, mais j’aime pas. J’aime pas la foule et je ne me souviens que trop bien qu’à l’hiver 2016, on nous avait garanti et certifié que le pétrole irai à 20, puis à 10 et les plus convaincants, les plus convaincus et plus cons tout court annonçait même les 5$ le baril avec une assurance qui aurait fait passer Cristiano Ronaldo pour un type humble, timide et réservé.

Et comme par hasard, là, au plus haut depuis plus de 3 ans et demi, on nous annonce que « ça ne peut plus baisser », que « la hausse appelle la hausse » et les Israéliens hurlent à la mort contre les Iraniens et réclament des sanctions, voir la guerre et la construction d’un grand parking à la place de l’Iran, que les « Hedge Funds Managers » qui, on le sait ne se trompent jamais, JAMAIS, mais alors JAMAIS, JAMAIS, même pas une petite fois, sont actuellement plus bullishs que jamais sur le pétrole et même Pierre Andurand qui lui se trompe même carrément moins que jamais annonce un baril qui « POURRAIT » aller à 300$ !!!!

VOILÀÀÀÀÀÀÀ !!!!! ON Y EST « EUREEEEEEEKA !!! » — « Po popo popopo po !!! »… On est de retour sur le fameux : « Le pétrole va à 300$ ». Que l’on fasse revenir Arjun Murti qui avait prédit le baril à 300$ en 2008, juste avant qu’il touche les 146$ et qu’il se pète la figure comme une… enfin, qu’il se pète la figure…

Nous voici revenus au pays du pétrole à 300$, on a aura mis 10 ans !!! Ouf, quel bonheur et merci à Pierre Andurand de nous montrer le chemin.

Bref, moi j’aime pas quand on me dit que c’est un coup sûr. Mais c’est sûrement mon côté associal.

Autre sujet du jour : l’or.

Non, je déconne, l’or ne fait rien. Comme d’habitude. Ce matin il est à 1314$ et tout le monde s’en fout, surtout depuis que l’on sait que le baril va à 300$. Normalement. Bon, je vous l’avoue ça ne se voit pas, mais pour ne pas éclater de rire en lisant les prévisions sur le baril ; je pense à des trucs tristes : la Renault Kangoo électrique et le championnat suisse de football.

Par contre on parle d’Apple qui publiera ce soir. Là, il faudra faire très attention aux ventes d’iPhones, parce qu’il se dit dans le cercle des très fermés des gens qui savent et où vous n’êtes pas, qu’Apple ne vendrait presque plus d’iPhones. Les analystes qui savent plus que les autres ont fait une déduction puissante après la publication des chiffres de TSMC l’autre jour. Comme le taïwanais fournisseur attitré d’Apple avait foiré son trimestre, il suffisait de faire comme deux et deux font quatre. Et du coup, la moitié de la planète a réduit ses attentes de ventes d’iPhones, reste plus qu’à voir ce qui sera annoncé ce soir et constater les dégâts… L’angoisse est palpable.

En même temps, depuis l’annonce de TSMC, Apple a perdu 7%. La question qui se pose est de savoir si nous aurions pas, « PAR LE PUR DES HASARDS », déjà anticipé quelque chose ou est-ce qu’Apple a simplement baissé à cause des chiffres de Philip Morris qui vendent moins de cigarettes ???? Je me pose la question. Réponse ce soir.

Et puis mercredi on se fera la même réflexion sur Tesla, mais je vais garder les tergivesations sur la production hebdomadaire de Tesla pour demain, sachant que pour le moment, on produit plus de Kangoo électriques, justement, que de Model 3 chez Tesla.

Pour le reste, on parle de Trump qui prolonge l’exception douanière sur l’acier pour le Canada et le Mexique, des Bookmakers qui donnent les deux Présidents Coréens comme favoris au Prix Nobel de la Paix. Autant dire que si c’est le cas, j’échange le prochain Prix Nobel contre une boîte de Panini, ça vaudra à peu près la même chose. Et pour le reste, tout le monde se demande si 2018 est vraiment la fin du Bull Market, en tous les cas, certains en ont les preuves, sauf que si c’est pas cette année, ça sera l’année prochaine. Ou pas.

Pour le moment les futures sont en hausse et on attend Apple ce soir, en attendant, la journée sera courte et molle, puisque c’est le premier mai, la plupart des bourses sont ouvertes mais avec un engouement proche de zéro. En attendant, je vous souhaite une très belle journée quand même et on se retrouve demain pour les choses sérieuses.

Thomas Veillet
Investir.ch

« When you see the other side chopping off heads, waterboarding doesn’t sound very severe. » Donald Trump