Je dois dire qu’en 12 ans et plus de 5'000 chroniques et autres articles sur la finance, la bourse, la bourse et la finance, je n’ai rarement eu autant l’impression qu’il n’y avait rien à dire.

L’Audio du 5 juin 2018 :

Les marchés sont soulagés que les problèmes de l’Italie soient plus ou moins réglés – bien que ce ne soit pas frappant quand on regarde le comportement du MIB hier – on voit quand même que les intervenants ont des doutes sur la pérennité du gouvernement Conte. On voit aussi que l’on est content que l’Espagne ai géré sa crise aussi rapidement et que Trump aille à Singapour. Pour le moment on fait comme si l’on n’entendait pas ce qui se passe au sujet de la guerre économique, un peu comme si l’on gardait le sujet au chaud pour plus tard quand on y verra plus clair.

En tous cas les USA n’ont jamais été aussi isolés, puisqu’au G7, tout le monde a montré sa colère contre le comportement infantile du Président Américain – ce qui aura probablement pour résultat de le conforter dans sa position.

Toujours est-il que si l’on suppose que l’Italie, c’est réglé, l’Espagne, c’est plié, que Trump et Kim Jong, c’est dans la poche et que l’on fait comme si l’on ne voyait pas le problème de la guerre économique, il ne restait plus qu’à se concentrer sur les données économiques fondamentales, comme les chiffres de l’emploi du mois de mai ou encore les bonnes nouvelles qui flottent sur le secteur du retail, puisque certains experts supposent que le pire est derrière nous sur ce secteur et que Joe « average » American est soudainement en confiance et prêt à dépenser son pactole. Les marchés n’avaient plus qu’à monter.

Dans cet environnement, les marchés actions semblent bien disposés, surtout bien disposés à aller plus haut. En Europe on était soulagé par la fin de crise politique et on saluait la chose, sans compter que le côté « fusions-acquisitions » mettait également du baume au cœur des intervenants. L’éventuel mariage Unicredito-SocGen surtout. Et l’éventuelle prise de participation d’Accor dans AirFrance-KLM aussi.

Et puis aux USA, c’est la fête à la Techno, puisque tout le monde ou presque est en train de battre des records d’altitude, à commencer par Apple qui est au plus haut de tous les temps et à qui il ne manque plus que 60 milliards pour atteindre la capitalisation record de 1 trillion. Amazon a également franchit la barre des 800 milliards et Microsoft battait aussi des records historiques. Le Nasdaq finissait d’ailleurs au plus haut de tous les temps.
Les autres indices en sont encore loin, mais on sent tout de même que l’appétit au risque revient gentiment, alors que les problèmes qui nous stressaient durant le mois de mai s’envolent progressivement. Reste encore et toujours la guerre économique, mais comme je le disais plus haut, il semble que l’on garde ça pour plus tard et que pour l’instant nous ayons choisi de faire l’autruche pour de ne pas déranger ce joli début de semaine.

Inutile de vous dire que l’or se traîne en-dessous des 1300$, c’est un grand-classique. Quand au pétrole c’est un peu celui qui donne le plus de signes d’inquiétude. Ces derniers temps, tout semblait lui sourire, mais depuis quelques jours, il chute. Tous les jours un peu, mais il chute. D’un point de vue fondamental, je n’en sais rien parce qu’il n’est jamais simple de faire une analyse fondamentale du pétrole, à moins d’y avoir dédié « sa vie » comme certains le revendiquent, mais d’un point de vue technique, on a quand même un peu l’impression que la tendance haussière dans laquelle nous sommes depuis plus d’un an et depuis les 40$ est en train de casser… à la baisse. Je dis ça, je dis rien.

Ce matin les marchés asiatiques sont timidement en hausse et le Bitcoin est en baisse. Mauvais début de semaine pour le Bitcoin et ses paires. La pression est toujours présente et en plus la SEC vient de nommer quelqu’un au poste de responsable des produits digitaux et de l’innovation technologique. Si la personne en question est compétente, ils risquent d’être beaucoup plus scrutateurs que par le passé, rajoutant un peu de pression à la Cryptomonnaie…

Dans les nouvelles du jour on parle beaucoup du fait que la BCE a réduit ses achats d’obligations italiennes durant la crise du mois de mai, provoquant l’ire de certains députés italiens qui reprochent à la BCE d’avoir ainsi amplifié le mouvement des obligations italiennes au paroxysme de la crise.

La BCE se défend d’avoir appuyé là où ça fait mal au moment où ça fait mal et justifie se actes par le fait qu’ils devaient justement augmenter leurs achats sur l’obligataire allemand après une grosse échéance du mois d’avril. Il est vrai qu’avec le recul on peut se dire que c’était assez « smart » de la part de la BCE – de la à dire que c’était délibéré, c’est une autre histoire.

Hier a commencé la conférence des développeurs d’Apple, conférence qui traditionnellement donne encore un coup de pouce au titre. Il n’y a rien de bien « révolutionnaire » qui est sorti hier, du coup Apple reste à plus ou moins 7$ de ce fameux point fatidique du 1 trillion de capitalisation boursière. Les fameux 1000 milliards. Ce sujet risque d’alimenter pas mal la presse spécialisée ces prochains jours.

Dans les autres petites informations, l’UBS estime que cette année, les sociétés qui ont du cash, vont injecter près de 2.5 trillions en rachats d’actions et autres take-over, je vous laisse imaginer ce que cela veut dire pour le marché en général. Et puis il y a aussi cette fabuleuse nouvelle ; dans l’histoire de ses liens avec la Russie qui défraye la chronique depuis son élection, Trump aurait le droit de se pardonner lui-même selon la constitution.

L’Amérique est formidable, tu as le droit de magouiller pour devenir Président (si c’est vrai) et si tu es élu et que l’on peut prouver que tu as magouillé, la constitution américaine t’autorise à te « pardonner toi même »… C’est mythique. Trump l’a d’ailleurs annoncé hier ; il a parfaitement le droit de le faire, mais il ne le fera pas, parce qu’il n’a rien fait… Le mec est officiellement intouchable et dire que l’on a traîné Clinton devant la justice pour lui faire raconter ses histoires de cul alors qu’il aurait pu se pardonner lui-même…

Non, sérieusement, c’est officiel : on vit une époque formidable.

Dans les autres nouvelles, le Chairman et fondateur de Starbucks quitte son poste et évoque son intention de se lancer dans le « service public » – lançant immédiatement des rumeurs comme quoi il se présenterait à la présidence. Ça tombe bien, après un acteur, un vendeur de cacahuètes et un mec qui fait de la téléréalité, les USA pourraient avoir un marchand de café au pouvoir. Je sens qu’à ce rythme-là, Kim Kardashian va tenter sa chance dans 6 ans. Moi je serais Nabilla, j’envisagerais rapidement le poste de Guy Parmelin, tout est possible de nos jours.

On notera aussi au passage, et dans le thème du MNA que Microsoft a mis la main sur GitHub, un fabricant de software pour 7.5 milliards. Pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons une avalanche de PMI en Europe et aux USA, puis il y aura l’ISM Non-Manufacturing et les JOLTS. Chiffre adoré par Yellen, mais comme elle n’est plus là, on regardera le reste.

Pour le moment les futures sont inchangés et les marchés semblent vouloir rester dans de bonnes dispositions. En tous les cas, d’un point de vue purement technique tout ça pointe vers le haut, mais l’avenir et la guerre économique nous le dira.

Passez une excellente journée et peut-être à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

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Winston Churchill