On prend les mêmes et on recommence et puis comme on aime les statistiques, on compte les séances de baisse et on fait des parallèles avec le passé.

L’Audio du 22 juin

Ce matin j’aurais presque pu reprendre ma chronique d’hier pour résumer la séance de jeudi. La seule chose qui intéresse le marché, c’est la « Guerre Economique » comme indiqué dans le titre. Les intervenants sont inquiets de « ce qui pourrait se passer », ils n’ont fondamentalement aucune idée de ce qui « pourrait » se passer, ni quelles pourraient en être les conséquences, mais comme on n’aime pas l’instabilité, le doute et le manque de certitudes, surtout quand on n’a pas de garanties, hier on vendait et puis c’est tout.

Et puis comme on ne sait pas trop quoi faire d’autre mis à part justifier nos ordres de vente par la Guerre Economique, on a aussi commencé à s’intéresser au fait qu’hier le Dow Jones a enquillé sa huitième séance de baisse consécutive et si ce soir, ça baisse encore – ce qui est plus que probable vu que les Chinois et les Américains ne devraient pas résoudre le problème dans la journée, ça fera la neuvième séance de baisse consécutive pour le Dow Jones – on est quand même super-balaises, on a réussi à trouver du premier coup qu’après la 8ème séance de baisse, il y a la 9ème séance de baisse – et si ce soir c’est la 9ème séance de baisse, ça fera 40 ans que ça ne s’est plus produit.

Voilà. Ça ne change rien à la couleur du cheval blanc Napoléon, mais c’est quand même cool de savoir que ça fait 40 ans qu’on n’avait plus baissé 9 séances de suite sur le Dow Jones. Il n’y a absolument AUCUNE conclusion à en tirer. A l’époque le Dow Jones valait 750, il en vaut 24500 et la moitié des membres du Dow Jones 2018 n’existaient pas en 1978. Autant vous dire que c’est un peu comme comparer des frites à la graisse de canard avec des haricots verts à la vapeur et vouloir trouver des parallèles en terme de nutrition.

Bref, l’ensemble des 30 titres du Dow Jones n’ont « que » 52% de leurs revenus qui proviennent des USA, alors que le Russell 2000, indice des petites moyennes capitalisations a, lui, 78% des ses revenus qui proviennent des States, il est donc moins sensibles au problèmes de taxations douanières.

Bon, hier il baissait quand même, le Russell 2000.

Tout ça pour dire que la Guerre Economique, ça nous gagne. Et ça nous pèse surtout.

En Europe on est aussi perturbé par la Guerre Economique, mais un peu plus. Pourtant on est ni Chinois, ni Américain, mais on n’aime pas quand ça se bagarre en haut-lieu. En plus on a nos propres problèmes, puisqu’hier les voitures se sont faites démonter la tête à cause du « profit warning » de Daimler qui a entraîné tout le secteur et aussi à cause du fait que les Italiens on encore trouvé moyen de nommer deux « euro-sceptiques » à la tête de la commission financière du Sénat. Autant dire de mettre deux loups en même dans une bergerie. Chose qui n’a pas plus au marché et qui s’est retrouvé un peu dans le même « mood » qu’il y a un mois en pleine crise gouvernementale.

L’obligataire italien s’est fait allumer et le MIB prenait 2% dans les dents pendant que l’Allemagne reculait de 1.4% à cause des bagnoles.

Comme quoi même si le pape vient à Genève, ça ne résout pas les problèmes de la finance mondiale.

La journée d’hier aura donc été bien pourrie, mais les raisons sont toujours plus ou moins les mêmes ; la Guerre Economique étant le point central qui « stress » les Américains alors que les Européens dealent avec leurs propres soucis ET EN PLUS souffrent de la même allergie que les USA à la Guerre Economique.

Bonne ambiance.

La bonne nouvelle c’est que qu’hier matin je ne sais pas trop quel « chief financial officer » de l’UBS, mais un des « chief financial officer » d’un service quelque part entre Londres et Zurich a trouvé moyen de poster un article sur LinkedIn pour « annoncer » que leur modèle de prévisions estimait que l’Argentine avait 74% de chance de battre la Croatie hier soir.

Excellent. Alors de deux choses l’une ; mon labrador avait prévu 73%, comme quoi tout le monde peut se tromper et ensuite, on espère juste que leur modèle de prédiction ne s’applique pas à la gestion de fortune.

Je dis ça, je dis rien, mais je ne pouvais pas non plus ne RIEN DIRE…

Pour le reste, le pétrole était sous pression hier parce que l’on « s’attendait à que les membres de l’OPEP annoncent un accord sur les quotas de production ». Cette nuit le pétrole remontait à cause de « l’incertitude qui régnait concernant les quotas de production ». Mais on n’a toujours pas de réponse et le pétrole est à peu près au même endroit où il était hier avant qu’il ne baisse, soit à plus ou moins 66 dollars et des poussières.

L’or, on s’en fout et ce matin l’Asie est en baisse parce que, je vous le donne en mille, « on a peur à cause de la guerre économique » et les voitures sous-performaient à cause de Daimler.

On retiendra encore que la Suisse n’a rien fait sur les taux. Sans surprise. La Banque d’Angleterre n’a rien fait non plus, mais elle a laissé entendre qu’elle pourrait éventuellement peut-être monter les taux en août, mais c’est pas sûr. La Norvège n’a rien fait non plus sur les taux, mais en même temps, même si ils avaient fait quelque chose, ça n’aurait pas compensé la Guerre Economique avec la Chine.

Dans les nouvelles du jour, on parle toujours des mêmes choses, mais en plus le CEO d’Intel vient de quitter le navire parce qu’il a violé le règlement interne en ayant une relation sentimentale avec une salariée de la compagnie. C’était consensuel, mais c’était mal quand même, sans compter que le communiqué de presse ne spécifie s’il s’est confessé auprès d’un homme d’église pour expier ses péchés. Heureusement Intel a annoncé que l’avenir de la société était rose et que la violation du code de l’honneur par son CEO ne va pas mettre en péril la nouvelle génération des semi-conducteurs.

Mis à part ça, les banques américaines ont passé avec succès les stress tests de la FED, la Grèce a trouvé un accord pour le repaiement de sa dette et ça devrait être réglé vers 2054, mais l’Europe à l’air toute contente d’avoir trouvé une solution et puis CNBC pense que comme les femmes sont dorénavant autorisées à conduire en Arabie Saoudite, l’économie pourrait se voir transformée. C’est surtout une bonne nouvelle pour Daimler, elles vont pouvoir acheter des Mercedes.

Le FMI pense que le plus gros problème de la zone Euro c’est la Guerre Economique. Foxconn, le fournisseur d’Apple pense exactement pareil et j’ajouterais même que l’eau ça mouille.

Et puis le Barron’s publie un article qui va un peu à contresens de ce que l’on entend aujourd’hui, puisqu’ils disent que la FED pourrait bientôt recommencer à mettre en place un QE et baisser les taux. On se demande si c’est juste pour être à contre-courant ou si c’est parce que c’est un vieil article qui a été publié par erreur. Le journal publie également un article de la recherche de l’UBS qui recommande à ses clients de vendre MICRON, parc qu’une énôôôôôrme correction devrait se produire en 2019… On espère simplement que ce n’est pas le même modèle qui a prédit la victoire de l’Argentine à 74% hier matin…

Et puis fondamentalement LA GROSSE NOUVELLE de la journée, c’est Mélania Trump qui va se balader sur la frontière mexicaine pour aller voir les enfants de migrants en portant une veste sur laquelle il est écrit « I don’t care. Do you ?? ». Je veux la même. Quoi qu’il en soit, on parle tout de même plus de sa veste que de la « trade war » dans certains médias.

Côté chiffres économiques, on va gagner du temps, il n’y aura rien aujourd’hui. Les futures sont légèrement en hausse, mais fondamentalement, on est tellement obnubilé par cette guerre économique, que tout peut arriver en un Tweet.

En attendant, c’est le week-end, c’est bientôt les vacances, alors on verra ça lundi prochain. On se voit lundi, si vous le voulez bien.

Thomas Veillet
Investir.ch

“It’s hard to answer the question “what’s wrong?” when nothing is right.”