Si l’on regarde les graphiques des bourses américaines, on a l’impression que l’on est au bord de l’explosion haussière, un peu comme si cette période de 3 semaines qui ne nous amenait nulle part était en train de prendre fin. Alors clairement, je ne suis pas là pour faire des prévisions boursières, bien que j’aie naturellement une tendance à préférer tout ce qui monte, mais la conjonction des derniers événements géopolitiques pourraient nous entraîner à nouveau vers les plus hauts.

L’Audio du 4 juin 2018

Tout d’abord parce que l’Italie a « réglé » son problème de gouvernement et que la raison qui nous avait fait paniquer ces derniers jours semble s’éloigner. Le nouveau ministre de l’intérieur italien, à droite de la droite et à droite de Mussolini est déjà en train de faire le tour des états du sud pour les élections municipales et est en train de dire partout que la période du « bon temps » pour les migrants est terminé et pour financer son plan contre les migrants, il va taper dans les aides financières aux migrants…

Le ton est donné, mais à la fin le marché est content parce que l’Italie ne devrait pas se préoccuper de sortir de l’Euro tout de suite et ils n’ont plus fait mine de renoncer à rembourser leurs 250 milliards de dette et des brouettes. Ça devrait permettre de soulager le stress en Europe, même si certains détracteurs estiment que ce n’est pas fini et qu’il n’y a pas d’urgence à se ruer sur les actions italiennes qui ne sont pas « si bon marché que ça ».

L’Italie a donc constitué son 70ème gouvernement depuis que les Américains ont libéré la Sicile. Ils sont entraînés. Pendant ce temps, en Espagne, c’est les socialistes qui sont au pouvoir après avoir viré la droite suite à un vote de non-confiance du parlement – les marchés ont l’air d’apprécier la chose, même si c’est de socialistes – la seule chose que les marchés ne veulent pas, c’est de l’incertitude. Même Staline au pouvoir leur conviendrait, tant que c’est « stable ».

Et puis, last but not least, Trump a annoncé pour la troisième ou quatrième fois qu’il se rendrait bien au sommet de Singapour. Ce qui soulage nettement les marchés, la folle histoire d’amour entre l’homme aux cheveux orange et l’homme aux cheveux étranges peut continuer. La « Love Story » ne devrait pas changer la face du monde économiquement parlant, mais encore une fois, tout ce qui va dans le sens d’une certaine stabilité sera bon à prendre.

À côté de tout cela, les marchés semblent avoir – pour le moment – oublié les problèmes de guerre économique. Il faut dire que quand tu dois gérer, l’Italie, l’Espagne, le sommet de Singapour et les chiffres de l’emploi aux USA et tout ça lors de la même journée, ce n’est pas facile et on peut déjà s’estimer contents que nous ayons pu gérer ces 4 sujets en MÊME TEMPS, nous qui sommes habituellement « mono-produit ».

On va sûrement conserver la guerre économique pour cette semaine, histoire d’avoir un truc à dire. D’ailleurs à propos de « trucs à dire », il faut tout de même noter que les chiffres de l’emploi publiés vendredi étaient nettement meilleurs que les attentes du marché. Les USA créent des emplois et le taux de chômage tombe à 3.8%. Tout comme l’or qui tombe à nouveau sous les 1300$ et le pétrole qui passe sous les 66$, malgré que ses fervents supporters et brillants visionnaires réitèrent le fait que « c’est quand même des super points d’entrée ».

En résumé, on n’a bientôt plus rien à dire du côté Géopolitique, Trump ira à Singapour, les chiffres économiques sont bons et mis à part le fait que la saison de « hurricanes » commence et que ça pourrait secouer le secteur des matières premières, tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et puis surtout, on va pouvoir se concentrer sur la vraie économie.

On va d’ailleurs commencer en fanfare, puisque selon les rumeurs du marché, la banque italienne Unicredito serait en discussions plus qu’avancées pour fusionner avec la Société Générale. Les banques italiennes ont littéralement explosé vendredi dernier après la formation du gouvernement et voici que ça continue avec l’éventuelle fusion de deux géants européens. Le plan aurait été mis au point par le CEO d’Unicredito, un français – ex de la SocGen qui visiblement ne pouvait pas se passer des fabuleuses méthodes de management des banques françaises et était impatient d’y retourner. C’est peut-être chose faite. Affaire à suivre dans le Voici de cette semaine.

Dans les nouvelles du jour, le FT se pose des questions sur le gouvernement italien qui ne ressemble à rien et se demande combien de temps ça va durer, mais comme mentionné plus haut, l’Italie a changé 70 fois de gouvernement depuis 1945, ils sont donc experts en la matière. Et puis grande nouvelle, Bayer lance une augmentation de capital de l’ordre de 6 milliards pour finaliser (enfin) le rachat de Monsanto. Apparemment et discrètement, les deux sociétés ont fait tomber la dernière barrière régulatoire qui s’opposait à leur rapprochement la semaine dernière. Dorénavant, ils vont pouvoir mettre au point le protocole qui permet d’empoisonner la population avec des OGM d’un côté et de les soigner de l’autre côté avec des médicaments à vie.

Un des thèmes qui va inévitablement nous revenir en pleine figure cette semaine fait également parler de lui, puisque les pourparlers entre Chinois et Américains ont pris fin sans qu’un accord ait pu être trouvé. Visiblement, la guerre économique n’est pas encore complètement réglée, mais on y verra sûrement plus clair lorsque Trump se réveillera et qu’il nous balancera un Tweet bien serré sur le comportement des méchants Chinois qui ne font rien qu’à dépouiller les USA .

Le Bitcoin est à 7700$ et le fondateur de Wikipédia estime que les Cryptomonnaies sont une bulle et qu’elles vont finir par aller à zéro. Ce qui est bien avec les Cryptomonnaies, c’est que personne n’y comprend rien, mais que tout le monde à un avis.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.15% et l’Asie est en pleine euphorie, le Nikkei avance de 1.3% et le Hang Seng fait un tout petit mieux pour le moment. La Chine quand à elle, elle ne fait pas grand-chose.

Nous voici donc en place pour une nouvelle semaine et même un nouveau mois. Mois qui, je vous le rappelle, est statistiquement le pire derrière celui d’octobre. Octobre qui a un avantage concurrentiel non-négligeable, il a tous les krachs et il fait tout le temps moche.

Côté chiffres économiques, ça sera misérable puisque nous n’aurons que les Durable Goods et les Factory Orders, chiffres qui intéressent les marchés à peu près autant que les élections du Conseil Fédéral en Suisse.

En attendant, la journée à l’air d’être placée sous le signe des Bulls, mais rien n’est moins sûr ces derniers temps, il suffit que le vent tourne au que Trump renonce pour la douzième fois au sommet de Singapour et tout peut arriver. Dans l’intervalle, je vous souhaite un très bon début de semaine et on se retrouve demain à la même heure et au même endroit.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet. »
Pierre Desproges