A l'heure où les questions de nos retraites se font de plus en plus pressantes, le constat est morose. Les taux d'intérêt bas et les marchés actions mouvementés ne présagent guère des jours meilleurs.
L’élément déterminant du passage à la retraite est la substitution des revenus de l’activité professionnelle par les revenus de transferts composés de la rente AVS et de celle du 2ème pilier. Il est évident que le revenu brut subit une baisse conséquente. Une étude publiée par l’administration cantonale genevoise démontre cette réalité.
Nous voyons que dès 65 ans, les différentes sources de revenu subissent des changements notoires. Les revenus de transferts (AVS, LPP) et ceux de la propriété privés sont largement majoritaires. Ces derniers sont calculés sur la valeur locative des logements occupés par leur propriétaire (pour ceux qui ont eu les ressources financières nécessaires pour acquérir un bien) qui est considérée comme un revenu «en nature». Quoiqu’il en soit, les revenus baissent. La situation est celle de 2010 mais elle devrait péjorer à l’avenir. Pourquoi? Parce que les revenus de transfert, en particulier ceux du 2ème pilier, baisseront encore.
L’étude récente de Swisscanto met le point sur l’évolution du taux d’intérêt dit «technique». La baisse de ces taux s’observe depuis dix ans. Le taux technique de 2010 est de plus de 3%. Les caisses de droit public offraient un taux de 3,63% alors que celles de droit privé atteignaient 3,49%. En 2017, les taux étaient respectivement de 2,35% et de 1,98%. C’est donc en 2017 que, pour la première fois, le taux des caisses de droit privé passe sous la barre des 2%.
Rappelons que le taux de conversion moyen de la LPP est actuellement de 6,8% et que ceci implique un taux technique de 4,5%. L’étude de Swisscanto relève qu’aucune des caisses (535) participant à l’enquête n’atteint ce taux. Près des trois quarts des caisses de droit privé et 43% des caisses de droit public affichent un taux inférieur à 2,25%.
Le graphique montre quels sont les différents taux techniques atteints en 2017. Les caisses de droit privé délivrent une rémunération moyenne de 2,83% (contre 2,77% en 2016 grâce à des marchés financiers favorables) alors que les caisses de droit public n’atteignent en moyenne que 1,76%.
Si l’évolution des taux d’intérêt, fortement à la baisse, est un frein à la performance des caisses, l’évolutionde l’espérance de vie est encore plus problématique. Depuis l’entrée en vigueur de la LPP en 1985, l’espérance de vie s’est «sensiblement» allongée. Donc si nous prenons l’âge de la retraite à 65 ans comme base de calcul, nous voyons que l’espérance de vie des hommes passe de 14,3 années à presque 20 années et que celle des femmes passe de 18,2 à 22,6.
La fixation du taux de conversion minimum défini par la loi de 6,8% est donc un réel problème. Le peuple suisse a rejeté l’abaissement à 6% mais ce niveau reste d’actualité. Par ailleurs, les pertes sur les retraites vont se poursuivre surtout pour les caisses qui ne pourront pas exercer l’option de trouver une compensation dans la partie surobligatoire. Ainsi la moyenne calculée en 2017 était déjà inférieure à 6% (5,9%).
Alors non, les rentes LPP – même additionnées à celles de l’AVS – ne suffiront peut-être plus à assurer un confort financier pour tous lors du passage à la retraite. Il est temps pour chacun de créer un compte d’épargne pour assurer un pont financier compensant une partie des revenus manquants.