Le premier jour de la semaine était marqué par la Guerre Économique. Les futures étaient en baisse et on sentait que la pression pourrait venir de là.

L’audio du 19 juin

À la fin de la journée, quand on regardait le bilan de performance des indices américains, avec notre éternelle capacité à tout regarder à très très court terme, on se rendait compte que ça n’était pas si catastrophique que ça ; le S&P terminait en baisse, mais nettement moins bas qu’au pire de la journée et le Nasdaq terminait même en hausse. De 0.01%, mais techniquement ça reste « en hausse ».

Tout ça pour dire que les « discussions » entre la Chine et les USA sont prises au second degré et personne n’est convaincu que l’économie va cesser de croître à chaque Tweet de Trump. Car si c’était le cas, ça ferait bien longtemps que nous serions en récession. Et profonde la récession.

Par contre, ce matin quand on arrive au bureau à 4 heures du matin et que l’on voit que les futures sont encore en baisse de près de 1% à 11 heures de l’ouverture américaine, on se demande ce qui peut bien se passer.

Oh, rien. C’est juste Trump qui en a remis une couche sur la Guerre Économique et il veut rajouter 200 milliards aux 50 qu’il avait déjà annoncés ce week-end. Alors on a beau se motiver comme des fous pour ne pas trop se prendre la tête avec ces histoires de taxe douanières, à un moment ça va commencer à lasser et à lâcher.

Les intervenants en ont visiblement plein le dos de ces histoires et on dirait que la limite est atteinte. Le comportement des marchés devra être minutieusement observé aujourd’hui, mais on dirait que la fatigue commence à se faire sentir.

En Europe, on souffrait également de ces histoires de Guerre Économique, mais il y a un truc en plus ; le gouvernement allemand qui est au bord de l’effondrement. Comme la Mannschaft. À noter que si l’équipe d’Allemagne venait à échouer dans cette Coupe du Monde, ça serait la seconde fois que les Allemands viennent en Russie mal préparés.

Mais ceci mis à part, la coalition de Merkel à l’air de fonctionner nettement moins bien que la coalition extrême droite extrême gauche en Italie et les « experts » pensent que le gouvernement Merkel n’a jamais été aussi proche de s’effondrer. Autant vous dire qu’entre ça et les taxes douanières de Trump, le DAX s’est pris les pieds dans le tapis et perdait plus de 1.3%, la France suivait sans trop savoir pourquoi, mais un peu pour tout ça.

Bref, la semaine dernière on s’est concentré comme des fous sur le sommet et les banques centrales, du coup Trump n’a pas eu le temps de tweeter sur la Guerre Économique, mais depuis vendredi dernier on ne parle plus que de ça et de l’escalade qui est en train de prendre une sale tournure, puisque même certains Présidents de la FED laissent entendre que ce combat des mots et des chiffres est en train d’avoir raison de l’optimisme des entrepreneurs aux USA. Reste à savoir comment on mesure l’optimisme des entrepreneurs, mais les Présidents de Fed, c’est un truc qu’ils savent faire.

C’était donc un lundi pourri pour l’Europe, moins pourri pour les USA, mais à voir les futures depuis que je suis debout, on a l’impression que l’on ne renonce pas à vouloir mettre la tête sous l’eau aux indices boursiers juste avant l’été.

Le pétrole a rebondit un poil et se traite à 65.50$, l’or est à 1285$ et ce matin l’Asie est évidemment dans le rouge. Le Nikkei abandonne 0.9% et Hong Kong et la Chine qui étaient fermés hier, rattrapent le retard et plonge de 1.9% et 2.5% respectivement. Le ton est donné. Les 200 milliards en plus du reste et les menaces de faire plus du côté de la Maison Blanche est en train d’avoir raison de la patience de certains investisseurs.

On sait que le Président Trump est volatile et que dans 3 jours, il peut proposer le Premier Ministre Chinois comme candidat au Prix Nobel de la Paix ou lui proposer sa fille en mariage, mais pour le moment, on est en mode « Make America Great Again and Fuck the Rest », et comme nous, nous sommes à la recherche de calme et de sérénité, forcément, ça pèse.

Dans les nouvelles du jour, pas besoin de vous faire un dessin pour que vous deviniez ce qui est en première page de tous les médias, mais on va en peu plus dans le détail, parce qu’il paraît que Trump aurait déjà prévenu Apple que les tarifs douaniers n’impacteraient pas les iPhones, sinon comment il va « tweeter » ??? Mis à part ça, mis à part Trump, il y a aussi l’autre « Twitteur » fou, Elon Musk qui est revenu ce matin.

Souvenez-vous qu’hier il félicitait ses employés qui avaient aidé à monter la nouvelle usine-tente en disant « I love you guys ». Eh bien ce matin, il annonce qu’un employé aurait tenter de saboter Tesla de l’intérieur et il a ajouté que « les autres constructeurs » veulent que Tesla disparaisse, le tout mâtiné d’espionnage économique. Quoi qu’il arrive, Tesla monte tous les jours. +20% depuis le début de l’année.

Et puis pendant ce temps, Jeff Bezos, patron d’Amazon pèse 141 milliards de dollars et met tout le monde d’accord.

Pour le reste, sur CNBC, les 5 premiers articles sont centrés sur la Guerre Économique et les 200 milliards de Trump. Sur le FT, c’est le titre principal. En première page du Wall Street Journal : Guerre Économique… En première page des Echos, on reparle de Trump, mais pour son ingérence dans l’affaire des migrants qui secoue l’Europe, puisque le Président Américain critique les Européens pour être trop laxistes… et se réjouit de voir que le peuple se retourne contre la politique de Merkel….

Pour faire simple au niveau des nouvelles du jour, c’est soit la Guerre Économique, soit Trump, soit les deux. Soit éventuellement peut-être « la crise en Allemagne ». Pour le reste, on verra plus tard.

En ce qui concerne les chiffres économiques, nous n’aurons rien. Ce qui est bien parce que ça nous laissera du temps pour calculer l’impact éventuel des menaces de Trump sur l’économie. Ça va nous occuper un moment.

Tout ça pour vous dire que la journée sera placée sous le signe de la Guerre Économique – au cas où vous auriez un doute et les futures sont déjà en baisse de 1%.

En attendant, je retourne me coucher en espérant que ça se calme. Très bonne journée et à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“I didn’t want to wake up. I was having a much better time asleep. And that’s really sad. It was almost like a reverse nightmare, like when you wake up from a nightmare you’re so relieved. I woke up into a nightmare.”

Ned Vizzini