Je ne sais pas si ce lundi est le même que lundi dernier, mais en tous les cas, il semblerait que l’on soit reparti sur le même thème que ces derniers jours : la Guerre Économique.

L’Audio du 25 juin 2018

On peut reprendre par le menu tout le déroulement de la semaine dernière, on se rendra facilement compte que tout a tourné autour des déclarations vengeresses de Trump et des taxes qu’il veut imposer à tout le monde et des réponses outrées des gouvernements concernés.

Peu importe qui a raison ou qui a tort, le résultat reste le même : on ne va nulle part pour le moment et les marchés se sentent fragilisés, déstabilisés et l’incertitude se fait sentir.

Aux dernières nouvelles, Trump voulait imposer des taxes de 20% sur les importations de voitures européennes, si les Européens ne renonçaient pas à leurs nouvelles taxes sur les produits américains. Et puis ce week-end il en a remis une couche en expliquant que le monde entier devait laisser tomber leurs taxes d’importations sur les produits américains, ou faire face aux « conséquences ». Vu le ton sur lequel c’est dit, on ne voit plus trop comment on va faire pour éviter cette Guerre Economique dont tout le monde parle.

Le seul problème avec la Guerre Economique, c’est que l’on ne sait pas vraiment à quel moment elle est déclarée. Avec une guerre normale, quand tu as des mecs en gris-vert dans ton jardin qui commencent à tirer sur tout ce qui bouge et que les drapeaux de leurs uniformes ne sont pas ceux de la gendarmerie du coin, c’est que c’est mal engagé. Mais dans le cas de la version « économique », c’est plus subtil.

Bon, si l’on se base uniquement sur le « ton » utilisé par Trump, on peut imaginer que l’on est en plein dedans, mais à voir et à entendre les déclarations des uns et des autres, on pourrait se dire qu’on est encore en phase de négociation avant de balancer toute la sauce.

Bref, quoi qu’il en soit, les marchés vivent au gré de ces informations que l’on reçoit par « tweet » interposé ou alors via agence de presse et déclarations officielles, qui est la version « Old School ». À chaque nouvelle annonce le marché tousse ou toussote, c’est selon. Et à chaque fois, on essaie de mesurer l’ampleur de l’impact de la nouvelle en question et de la transformer en ce qui nous intéresse ; à savoir l’impact « boursier » de la nouvelle.

Cela se fait à tâtons. Ce qui donne des marchés erratiques qui errent dans une période d’incertitude sans trop savoir où l’on va.

Vendredi dernier le Dow Jones est parvenu enfin à terminer en hausse, mettant fin enfin à ces 8 séances de baisses consécutives, mais on sentait bien que ce n’était pas franc. Heureusement le pétrole a repris 5% en fin de semaine, parce que l’OPEP a augmenté sa production de pétrole, mais moins que ce que les experts attendaient. Ce qui, devenait du même coup, une bonne nouvelle. Le baril est remonté, l’ensemble des titres pétroliers aussi ce qui sauvait un peu la semaine du Dow Jones finalement.

L’Europe est remontée également parce que les indicateurs économiques pointaient vers le mieux, mais à voir les « tweets » du week-end et la tronche des futures ce matin, on peut dire que l’on est de retour à la case départ et que l’on va à nouveau, encore et toujours, entamer la semaine sur la thématique de la guerre économique et puis c’est tout.

Je sais, ça commence à devenir gonflant, mais à voir les mots doux qu’ils s’envoient tous sur les réseaux sociaux, mon petit doigt me dit que ce n’est pas demain qu’ils vont se mettre autour d’une table et causer. Actuellement, Trump semble plus copain avec Kim Jong Un qu’avec Juncker ou le patron des Chinois.

Pour donner quelques chiffres pour lancer la semaine, le pétrole est donc subitement remonté à 68.40$, reprenant le chemin annoncé des 100$. L’or est toujours en hibernation à 1270$. Le Bitcoin continue de s’enfoncer dans les limbes du Pacifique, il est 6150$ ce matin, mais durant le week-end il a tout de même « payé » 5’800$ et ce matin le Nikkei baisse de 0.43%, Hong Kong de 0.33% et la Chine est en hausse de 0.17%.

Dans les nouvelles du jour, il y a Erdogan qui estime avoir gagné les élections en Turquie et depuis la prison, l’opposition estime que c’est faux. On parle du gouvernement italien qui remet de l’eau sur le feu sur le sujet des migrants et qui, du coup, remet la pression sur Merkel qui en avait bien besoin. Et le Barron’s est en mode « green » et nous fait un spécial « Sustainable Finance ». C’est normal, c’est la mode.

Mais entre vous et moi, pour le moment, on regarde plutôt les déclarations de guerre par « tweet » interposé et c’est à peu près la seule chose qui va « piloter » le marché dans les heures qui viennent. Et avec l’été qui arrive, ça ne va pas s’arranger, entre le volume qui va diminuer et le ras-le-bol qui va s’intensifier, l’été risque d’être long et pénible.

Donc pour le moment, les indicateurs sont dans le rouge et Trump remet la pression sur tout le monde en se posant en victime face au reste du monde et ça va de nouveau couiner sur le sujet. Des économistes ont essayé de modéliser l’impact d’une guerre économique massive et bien qu’ils y mettent du conditionnel et des « si » partout, si ça continue, on va se diriger directement sur une récession « full power », selon eux… ça reste de la modélisation, mais ça aura été dit et si ça se produit, on ne manquera pas de se souvenir d’eux et de les ériger au rang d’économiste visionnaire.

Pour ce matin : futures dans le rouge, Asie dans le rouge et Trump dans l’orange foncé, comme d’habitude. Il y aura l’IFO en Allemagne et demain sera un autre jour.

Passez une très belle journée et à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Say someone can’t be sad because someone else may have it worse is just like saying someone can’t be happy because someone else might have it better. »