Il y a des jours comme ça et là tout de suite c’en est un. Un jour pourri qui commence après une journée pas terrible.

L’Audio du 31 juillet

Pas qu’il se soit passé quelque chose de spécial, non. Trump n’a même pas « tweeté » un truc intéressant, il ne s’est pas fâché avec les Chinois, les Iraniens, les Pakistanais, ni même Appenzell Rhodes Extérieur. Les résultats sont bons, mais globalement, même ceux qui sont au-dessus des attentes des analystes restent insuffisants. Probablement parce que nous avons tellement l’habitude de n’être jamais contents que ça se prolonge durant l’été.

Le Nasdaq est mal en point, les FAANG’s sont mal en point. Les chiffres stratosphériques de Google et le trimestre fantastique d’Amazon ne parviennent pas à effacer les doutes de NetFlix et encore moins l’annonce catastrophique de Facebook qui a détruit plus de 120 milliards de capitalisation la semaine dernière.

Le marché est mal en point. Et quand le marché est en difficulté, il ne faut jamais longtemps pour que l’ambiance se dégrade et que l’on commence à tirer sur l’ambulance avec un plaisir non dissimulé. C’était le cas hier.

On sait que l’on attend des échéances importantes cette semaine, en commençant pas les chiffres d’Apple ce soir après la clôture, ceux de Tesla demain, mais aussi la réunion de la FED, celle de la Banque du Japon et de la Banque Européenne. On sait aussi que les Banques Centrales ne vont pas changer grand-chose à ce que l’on sait déjà. On imagine bien que Powell va rester sur sa ligne directrice – malgré le récent caca nerveux de Trump. Les Japonais ne devraient pas réinventer la roue non-plus, quand à a Draghi, il va sûrement nous sortir un de ses discours politiquement correct ou incorrect que les économistes vont mettre trois jours à décoder afin de savoir si le patron de la BCE compte changer sa politique avant ou après le krach boursier.

Oui, parce qu’alors que l’on se demande si les marchés ont la capacité de monter encore après 10 ans de bull market et que les Bears sont aux aguets afin de pouvoir hurler de bonheur à la première correction de 10% – bien que je ne sache pas vraiment si un ours peut « hurler », ils vont sûrement trouver un moyen pour exprimer leur joie – dans cette ambiance palpable et lourde, cette ambiance de soir d’été où le ciel est très chargé de nuages et que l’on sait que l’orage va gronder tout soudains, les médias financiers ont ressortis tous les Bears de services et tous les « catastrophistes » de piquet pour venir nous prédire la Xième fin du monde depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008.

C’est en tous les cas ce qui ressort de ma lecture matinale.

L’ambiance est donc lourde et pourrie, la question étant de savoir combien de temps la pluie va durer. En tous les cas, hier les bourses mondiales étaient en mode « méfiance ». Pas encore en mode « courage fuyons » mais en mode « méfiance ». Il ne s’est rien passé de majeur, mais on a bien senti que vu le nombre d’échéances importantes que nous avons cette semaine, personne ne semble avoir envie de vouloir prendre des risques et jouer les héros. Je ne sais pas si les John Hussman – qui prédit une baisse de 50% sur les marchés tout soudain – aura raison, je ne sais pas si les stratèges de Morgan Stanley auront vu juste en annonçant le début de sell-off majeur hier et j’ai encore moins de certitudes que les statistiques qui disent que le mois d’août est un mois pourri vont fonctionner, mais ce que je sais c’est que quand ça veut pas, ça veut pas.

Reste donc à voir si Apple va nous tirer d’affaire – ce qui semble peu probable étant donné que l’on n’attend rien de spécial et à moins qu’ils annoncent qu’ils ont trouvé un médicament contre le cancer, la connerie et les radars mobiles, on voit assez mal comment la firme à la pomme pourrait sauver le monde cette fois. Quand à Tesla, on en parle même pas.

Les prévisions météo boursières sont donc totalement merdiques pour les jours à venir. Mais quand on connaît l’efficacité des prévisions météo, on peut mettre largement en doute celle de la bourse. En ce qui ME concerne, je n’en sais, bien évidemment, foutrement rien. Mais la seule chose que je sais, c’est que les krachs boursiers qui sont annoncés sont à peu près aussi fréquents que les apparitions du monstre du Loch Ness dans le lac de Genève – euh, lac Léman.

Pour le reste, notre ami le pétrole qui va à 120$ – comme tout le monde le sait – est déjà remonté jusqu’à 70$ hier et ce matin il se traite juste un poil sous les 70$. Ce qui est forcément pas cher puisqu’il va à 120 à Noël – faut-il le répéter. Comme d’habitude, l’or on s’en fout et les Cryptos sont en baisse parce que Goldman Sachs pense qu’il faut encore s’attendre à une sale période sur le secteur – pour autant que l’on puisse appeler « ça » un secteur.

Dans les nouvelles du jour, Trump se lance dans la diplomatie inversée en proposant aux Iraniens de venir les rencontrer sans aucune conditions préalables. Il faut lui laisser, il sait surprendre son monde et ne jamais faire ce que l’on attend de lui. Un enfant de 11 mois qui commence à marcher est même carrément plus prévisible que Trump. Pour le reste le PMI chinois du mois de juillet était décevant. Jamie Dimon, le patron de JP Morgan est bullish sur l’économie américaine, mais il a quand même peur des conséquences de tout ces rachats obligataires qui ont eu lieu ces dernières années et qui pourraient avoir des conséquences sur les marchés un jour ou l’autre.

Il faut reconnaître que c’est courageux comme déclaration.

Annoncer que tout va bien pour l’avenir mais qu’on a quand même peur que ça baisse, le tout au conditionnel, peu d’entre nous sont capables d’être aussi visionnaire sans rien dire.

Samsung a sorti des chiffres qui sont qualifiés de « pas terribles » – mais pour le moment le titre ne fait rien. La Corée du Nord serait en train de construire deux missiles intercontinentaux – on attend de voir ce que Trump va dire à son meilleur ami d’il y a trois mois. Et la Banque Centrale Japonaise vient d’annoncer qu’ils conservent leur politique monétaire inchangée. Ça fait une interrogation de moins à gérer cette semaine et c’est Ô combien excitant.

Donc, pour résumer la situation : On attend de voir si Apple sauve le monde et si Tesla va définitivement se faire déglinguer mercredi. On attend de voir si la FED ou la BCE vont nous changer la face de l’économie mondiale. Mais probablement que non et en attendant on ne se demande plus si l’on va mourir, mais plutôt QUAND va-t-on mourir.

Je dois vous avouer que je déteste ces ambiances de fin du monde annoncée. Probablement à cause du fait que je suis du signe du Taureau. Pour cette raison et afin de ne pas avoir à subir les sarcasmes des stratèges qui viendront nous dire après la pluie qu’ils savaient qu’il allait pleuvoir, je vais fermer cette chronique boursière jusqu’à nouvel ordre.

Enfin jusqu’à lundi prochain. Parce que les autorités suisses n’ont rien trouvée de mieux que d’organiser la fête nationale le lendemain du jour de publication d’Apple et le jour de ceux de Tesla. En signe de protestation, je vais donc faire le pont.

Il me reste donc à vous souhaiter un joyeux 1er août et un bon anniversaire à la Suisse, debleu. Nous on se retrouve lundi prochain, si les marchés boursiers existent encore, car à voir l’ambiance, rien n’est moins sûr.

À lundi, ou à jamais…

Thomas Veillet
Investir.ch

“Hollywood movies are designed for 15-year-old youths from North Dakota who, intellectually speaking, are on equal terms with a British zoo animal.”
― Jeremy Clarkson