On se demande bien ce que l’on ferait de nos journées si Trump n’était pas là.

L’Audio du 23 juillet 2018

Nous sommes en pleine saison des publications trimestrielles et j’avoue bêtement que pendant quelques jours j’ai bien cru que nous allions nous concentrer plus là dessus et que le Président Américain allait nous lâcher pendant quelques semaines avec ses commentaires sur la Guerre Economiques et sur l’Economie en général. C’était bien évidemment un peu présomptueux de ma part de m’emballer dans une sorte de bouffée d’optimisme.

Vendredi dernier, le locataire de la Maison Blanche n’a pas chômé ; il a attaqué sur tous les fronts à coup de « tweets » bien placés. Mais c’est surtout sur deux aspects que le marché se sera concentré pendant toute la journée et pendant tout le week-end qui a suivi, si l’on en croit la presse de ces dernières 48 heures.

Vendredi, Donald Trump est donc revenu sur le fait qu’il était prêt à augmenter ses taxes sur les importations chinoises à hauteur de 500 milliards. J’ai bien entendu perdu le fil, mais on sait qu’il a effectivement taxé sur 34 milliards, puis menacé sur 100 milliards, 200 milliards puis 400 milliards, les 500 milliards semblaient donc logique et quand on connaît l’oiseau, on se dit qu’il est évident qu’il va aller jusqu’à un trillion pour faire « genre »… Même si je ne suis pas certain que les Chinois exportent 1 trillion, mais bon.

Ce qui est étonnant, c’est que tout le monde en parle, mais que les marchés ne réagissent qu’à peine. Les Européens on pris la chose bien plus mal que les Américains, puisqu’en Europe on fait des parallèles entre la Chine et leurs exportations de voitures. Ce qui fait que le DAX était encore en difficulté à cause de ça. Par contre, aux USA, depuis que les tarifs douaniers sont en place ( les 34 milliards), le marché est en hausse de plus de 3% et vendredi, il se fichait de la nouvelle comme de son premier « stop-loss ».

On a quand même un peu l’impression qu’aux USA on attend que ces taxes se répercutent « concrètement » sur l’économie ou que de voir si ce n’est pas du « bluff ».

Par contre, là où ça dérangeait un peu plus, c’est sur le second « tweet » de Trump. Celui où il s’en prenait à la FED et lui reprochait de monter les taux et de « couper » ainsi l’effet du « stimulus économique ».

Evidemment, la FED est indépendante par rapport au Gouvernement, mais on ne peut pas s’empêcher de penser que si dans les mois qui viennent, Powell devient un peu moins agressif en terme de hausse des taux, on va citer l’influence de la Maison Blanche derrière ce changement d’attitude.

Bref, il y a eu des publications trimestrielles vendredi ; GE – mieux que les attentes mais sanctionné par le marché parce qu’il « savait déjà », Honeywell, mieux que les attentes et salué par le marché comme quoi y a deux poids, deux mesures, Skechers qui a complètement raté son trimestre et qui se faisait démolir – mais à la fin, le seul truc dont on parle c’est des « tweets » de Trump et puis c’est tout.

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L’or est à 1232$, le Bitcoin est à 7636$ et il semble que de plus en plus de monde ait identifié une figure de « tête-épaules inversée » et que, du coup, tout le monde est bullish et que l’objectif de prix du Bitcoin à 12 mois est environ trois fois plus haut selon le produit hallucinogène consommé par l’analyste en question.

Le pétrole est à 68.10$ et ne fait plus grand-chose, si ce n’est arrêter de baisser. En revanche, on sent que les tensions avec l’Iran reprennent depuis quelques heures et ceci pourrait déclencher quelques spéculations à la hausse sur le baril. En tous les cas, certains pensent que c’est cadeau, comme Monsieur Badiali, « senior research analyst » chez Banyan Hill qui pense que le baril va à 120$ pour la fin de l’année et que lui, il utilise cette baisse de 8% sur le mois pour « acheter ».

Encore un coup sûr, presque 100% de hausse à se faire d’ici Noël, ça serait ballot de ne pas en profiter. Sauf que oui, moi non plus je ne sais pas qui c’est Monsieur Badiali, mais il était interviewé sur MarketWatch, mais si vous avez besoin, sachez que dans la région nous avons aussi un ou deux (surtout un) qui sont aussi convaincus que ça de voir le pétrole monter encore et encore et ce, avec une arrogance qui dépasse l’entendement. Et c’est des gens qui savent parce qu’ils sont nés au pied d’un derrick et qu’ils se lavent au brut depuis qu’ils savent marcher.

En résumé, pour le moment le pétrole est à 68.10$, il pourrait être à 120$ à la fin de l’année – ou pas – mais si il y est, y en a deux ou trois qui vont revenir à la télé pour vous le dire qu’ils vous l’avaient dit. En revanche ceux qui avaient prévu que le baril allait à 5$, il y a deux ans, on ne les entend plus beaucoup.

Ce matin Hong Kong et la Chine ne font rien. En revanche le Nikkei est en baisse de 1.34% parce que le « Japon est inquiet pour la Guerre Economique ». Il faut savoir que de nos jours, quand on ne sait pas trop pourquoi ça baisse, on dit que c’est à cause de la Guerre Economique. En revanche, la Chine qui monte de 0.34%, c’est parce qu’ils s’en foutent… de la Guerre Economique.

Actuellement, le marché a deux neurones. Un pour vendre quand on a peur de la Guerre Economique et l’autre pour acheter quand on n’en parle plus depuis deux jours.

Côté nouvelles du jour, nous allons pouvoir nous attacher aux douces paroles échangées entre le Président Iranien et le Président Américain. Le premier a dit que les USA ne devraient pas jouer « avec la queue du lion » parce qu’ils pourraient le regretter éternellement et que la Guerre avec l’Iran serait la mère de toutes les guerres.

On ne peut pas nier une chose c’est qu’il savent utiliser les mots mystiques en Iran.

À quoi Trump a répondu : “Ne menacez plus jamais les USA ou vous souffrirez des conséquences que jamais personne n’a souffert dans l’histoire, soyez prudent »… On ne sait pas quel crédit donner à Trump pour ses qualités d’historien, mais il va pas se laisser faire. En gros, l’ambiance chauffe aussi de ce côté. Ça va nous changer de Kim Jong et de Poutine.

On parle aussi de Juncker qui va rencontrer Trump pour essayer de calmer le jeu au sujet de la Guerre Economique. De Bruxelles qui rejette le plan Brexit offert par Londres. De Sergio Marchione qui est gravement malade et qui ne reviendra pas à la tête de Fiat et de son remplacement. Et des Tweets de Trump.

Pour ce qui est des chiffres économiques, il n’y a rien. En revanche cette semaine les publications des chiffres du second trimestre vont prendre de l’importance. Ce lundi on attaque avec : Google.

Il y en a plein d’autres, mais je crois que celui-là, devrait largement nous occuper, sachant déjà que d’habitude il est plus complexe d’interpréter les chiffres trimestriels de Google que de résumer un traité de Physique Quantique en un tweet, ce trimestre avec l’amende infligée par l’Europe en plus, ça devrait rajouter un peu de fun aux calculs des analystes, histoire de savoir si c’est mieux ou moins bien que leurs attentes.

Ce matin, compte tenu de l’ambiance Guerre Economique mâtinée de crise politique avec l’Iran, les futures sont en baisse et tout est rouge pour entamer la semaine. Cela risque à nouveau d’être très chaud et très long jusqu’au prochain week-end.

En attendant, je vous souhaite un très bon lundi et une très bonne semaine.

Thomas Veillet
Investir.ch

“To See What Is Right And Not Do It Is A Lack Of Courage.” – Confucious