Plus ça va de l’avant, plus je me demande si le mois d’août ne devrait pas devenir un mois « férié ».

L’Audio du 14 août 2018

Même les mauvaises nouvelles n’impressionnent plus personne au mois d’août. Hier matin, à la même heure, tout le monde était au bord la panique à cause de la crise turque qui nous occupe et 24 heures plus tard, on a le sentiment que c’est déjà « rentré » dans les mœurs et que l’on attend « autre chose » pour agir.

Tout n’est pas réglé avec Istanbul, loin s’en faut, mais il faut cependant reconnaître que l’intervention de la banque centrale aura calmé le jeu et limité la casse du côté de la monnaie, la situation n’est pas réglée et Trump n’a ni prévu d’aller traverser le Bosphore à la nage et n’a ni l’intention d’envoyer les Marines pour récupérer le pasteur emprisonné, mais pour le moment, on dirait que le marché a trouvé un équilibre et que la peur qui nous saisissait aux tripes encore vendredi dernier ou même ce week-end, semble contenue.

C’est plus qu’une simple brise alors que l’on s’attendait à un ouragan de taille XXL. En tous les cas, quand on regarde les indices hier, ce n’était pas vraiment la panique. Les intervenants étaient bien plus concernés par l’amende de près de 300 millions pour l’affaire du jardinier, du désherbant et de Monsanto que par le Livre Turque qui était soutenue par la banque centrale.

Avec un peu de recul et en y regardant de plus près, les intervenants se sont rapidement rendus compte que les USA n’avaient que très peu d’exposition en Turquie et que le risque provenait plus d’une éventuelle contagion aux banques européennes, mais depuis la crise grecque il semblerait que ce genre de panique soit un peu plus contenue. L’impact réel de la « crise turque » à donc tout l’air d’être plutôt maîtrisé par les bourses mondiales.

En tous les cas, entre la quasi panique d’hier matin et la résilience des places boursières mondiales en fin de journée, tout semblait « relatif » et quand on regarde les nouvelles de ce matin, on a presque l’impression que l’on est déjà « passé à autre chose » depuis que la banque centrale turque a stoppé l’hémorragie. À ce rythme là, le pasteur emprisonné en Turquie risque bien de nous rejouer Midnight Express, tellement plus personne ne va s’occuper de lui si la « crise » ne se prolonge pas.

Pendant ce temps, comme tout semble suspendu en attendant la rentrée de septembre, les médias s’accrochent aux histoires qui font vendre. On a donc plusieurs interviews de plusieurs stratégistes ou experts en spreadsheets excel qui nous disent que le marché est extrêmement stressé par toute situation dite « nouvelle » – avec pour exemple, la Turquie – et que toute nouvelle est supposée capable de « causer des stress » temporaires, mais qu’en même temps, ça ne dure pas.

Et puis on a eu aussi droit à des analyses très complètes et très poussées sur les conséquences d’une éventuelle poursuite de la « guerre économique ». Oui, parce qu’au cas où vous l’auriez oublié, parce que depuis trois jours ; non seulement on n’en parle plus, mais en plus Trump ne tweet plus à ce sujet, nous sommes toujours en plein dedans. En tous les cas entre les Chinois et les Ricains.

Donc l’UBS a déterminé que si la guerre continuait dans « cette direction » – ce qui reste assez flou en terme de « direction » justement – le GDP pourrait perdre 1% et la croissance de l’an prochain pourrait être purement et simplement rayée de la carte. Vous noterez l’utilisation – à profusion – de la particule SI et du conditionnel. Le conditionnel qui reste le meilleur ami de l’analyste financier.

Mais ce n’est pas tout. L’UBS n’est pas la seule à passer son mois d’août à faire des calculs. Goldman Sachs n’est pas en reste, puisqu’entre deux meeting avec Elon Musk pour l’aider à organiser le rachat total de Tesla, les star de l’extrême sud de la presqu’île de Manhattan ont déterminé qu’une prolongation de la « Guerre de Trump » pourrait éventuellement peut-être c’est même pas sûr, faire baisser le S&P500 de 16%, mais qu’une résolution de la même « Guerre » pourrait éventuellement peut-être c’est même pas sûr, faire remonter le même S&P500 de 11% d’ici Noël.

Tout ça pour vous dire que durant ce mois d’août, j’ai surtout l’impression que l’on brasse de l’air. Ce qui tombe bien à cause de la température estivale.

L’or est à 1202$. J’en parle parce qu’on va bientôt changer de centaine à la baisse et que c’est assez paradoxal, alors que l’on vit dans un marché qui se nourrit des angoisses des uns et des autres, que plus personne ne veuille d’une bonne vieille valeur refuge. Le pétrole est à 67.5$ et il ne se passe rien. En revanche le Bitcoin se fait encore une fois démonter, puisque ce matin il est sous les 6’000$. Pas un article de presse à ce sujet, personne n’en parle. À la fin du mois de juin, le Bitcoin avait déjà atteint les 5800$ avant de « rebondir ». Si cette fois nous devions aller chercher plus bas… Je crois que l’on pourrait sans autre dire qu’il y a des infections purulentes qui ont une meilleure tête que le graphique du Bitcoin.

Ce matin le Japon remonte parce que la crise turque semble contenue. Quand à Hong Kong et la Chine, ils baissent, parce qu’ils ne sont pas sûrs que la crise turque soit contenue. Les futures sont, pour le moment, d’accord avec les Japonais.

Côté nouvelles du jour, on parle de Tesla et de Musk qui continue de raconter sa vie sur Twitter, puisqu’il a annoncé qu’il était « super-excité » de travailler avec Goldman Sachs et Silver Lake pour racheter Tesla. Il semble confirmer qu’il travaille donc VRAIMENT sur le sujet et que son tweet de l’autre jour n’est pas du pipeau. Ou en tous les cas, il fait comme « si ». Par contre les gens de Silver Lake et de Goldman Sachs n’ont visiblement par encore pris le temps de lui expliquer ce que « confidentiel » voulait dire, sans compter que l’expression « fermer sa gueule » à l’air d’être totalement hors de portée du CEO de Tesla.

Donc, en résumé ; le feuilleton Telsa continue, la Turquie, on en parle mais on a déjà moins peur. Le Round-up, c’est pas bon à ingérer, mais ça peut rapporter gros, sauf aux actionnaires de Bayer. Et autrement c’est mardi, demain c’est mercredi et dans 4 jours c’est le week-end.

Côté chiffres économiques nous aurons le CPI en France, en Allemagne et en Espagne. Le GDP en Allemagne et en Europe. Et puis le ZEW en Europe et en Allemagne, le chômage en Angleterre et la production industrielle en Europe.

Voilà. Nous sommes mardi matin, tout est calme. Le Bitcoin est au bord du gouffre et la Turquie écope pour éviter de sombrer, mais jusque là ; tout va bien. On joue à se faire peur, mais on s’accroche à la paroi.

Excellente journée et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Everyone has his day, and some days last longer than others. »

Winston Churchill