Ce n’est pas que les choses ne changent pas vraiment, par contre ça reste quand même beaucoup la même chose.

L’Audio du 5 septembre

Pas besoin d’aller chercher bien loin les raisons de la Xième journée pourrie sur l’Europe. ENCORE une fois on parle des tensions sur les tarifs douaniers et ça suffit à mettre la pression sur les investisseurs. Hier le « stress » général était néanmoins diversifié sur un peu tout, à commencer par Trump – eh oui, encore lui – qui menaçait de faire passer l’accord commercial NAFTA sans le Canada si ces derniers ne se bougeaient pas. Du coup le risque que le sirop d’érable soit considérablement plus cher faisait peur au marché.

Les négociations entre les USA et le Canada doivent reprendre ce mercredi, mais dans le doute, on était déjà angoissé en Europe. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi le fait que dès ce jeudi, les Américains vont taxer 200 milliards de bien chinois en plus du reste. On s’attend évidemment à une riposte en règle de la Chine et bien qu’on n’en connaisse pas encore vraiment l’ampleur, cette inquiétude supplémentaire faisait également mal à l’Europe qui a déjà sacrément du mal à voir des choses positives en ce moment – autant on a l’impression que les USA sont immunisés contre toute mauvaise nouvelle, autant on a le sentiment que c’est l’Europe qui prend toute les claques dans la gueule et qui amorti le tout.

Autant vous dire que ces nouvelles qui ne sont pas si neuves que ça, suffisaient amplement à mettre les indices européens sous pression. Fondamentalement on n’aurait pas eu besoin d’autre chose. Mais comme nous sommes des perfectionnistes sur le vieux continent, on s’est dit que ça serait pas mal de planter un clou supplémentaire sur le cercueil en rajoutant une petite couche supplémentaire d’angoisse et peur bien sentie.

C’est pour ça que l’Italie existe.

Actuellement l’Italie est en train de devenir la Grèce de 2018. Après le downgrade magistral de Fitch sur la dette italienne (voir chronique d’il y deux jours « deux poids, deux mesures)

On s’est revenu sur le sujet du budget italien qui pourrait être approuvé tout soudain, en constatant que si c’était le cas, le pays irait droit dans le mur. Cette constatation faisait peur au marché surtout que la confiance en l’équipe d’extrémistes qui pilotent le bateau, était somme toute relativement limitée. On s’est rapidement imaginé devant une crise politique, économique et financière de grande ampleur qui n’est pas sans rappeler les angoisses intenables sur la Grèce en 2011. Le spread entre le 10 ans italien et le 10 ans allemand, qui représente le niveau de confiance de l’investisseur sur l’Italie est au plus haut depuis 2014. Déjà que l’Italie n’est pas allée en Russie, 2018 est définitivement une sale année.

Bref, l’Europe s’est pris une claque – encore – et c’est tout de la faute de Trump et de l’Italie. Encore.

Les USA vivaient la même chose sauf qu’ils se foutent pas mal de l’Italie, sachant que pour eux, la seule Italie qu’ils connaissent bien c’est Little Italy et que, de toute façon ça fait bien longtemps que ça a été vendu aux Chinois. Mais globalement les indices américains terminaient en légère baisse en revenant sur le cas de l’accord NAFTA et sur les tarifs douaniers qui seront appliqué à la Chine dès demain – bien que tout le monde se souvienne quand même que depuis la première vague de taxation des biens chinois, les marchés n’ont fait que monter. Si ça se trouve, ce jeudi est le départ d’une nouvelle vague de hausse.

En résumé, on va dire que les indices américains ont terminé en légère baisse et qu’ils étaient bien plus préoccupés par la « nouvelle affaire Nike » que par les tarifs douaniers en eux-mêmes.

Oui, parce que les USA sont encore une fois secoués par une affaire scandaleuse dont on ne sait pas si l’on va se remettre.

En effet, hier Nike a perdu 3.2% parce qu’ils ont présenté leur nouvelle campagne de pub pour les 30 ans du « just do it» et que l’effigie de la campagne est l’ancien Quaterback des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick et accessoirement le leader du mouvement qui avait encouragé les sportifs à mettre un genou à terre durant l’hymne national en signe de protestation contre les violences policières et racistes.

L’ancien joueur de football, actuellement sans emploi, est devenu une des figures de la lutte « anti-trump » et c’est pour cette raison que Nike se prenait un baffe hier, pesant du même coup sur le Dow Jones.

On voit tout de suite où sont les préoccupations du marché. On arrive à faire baisser un titre de plus de 3% pour une sombre histoire complètement débile de « manque de respect » à l’hymne national… Et tout ça parce que l’hystérique de la Maison Blanche avait fait son « caca nerveux » à l’époque.

Bref, hier on a baissé parce Nike a fait une campagne de pub qui semble envoyer un message clair à Trump, un message qui commence par F et finit par U et s’écrit en deux mots, mais on aussi baissé parce que demain on va remettre une couche de taxes contre les Chinois. À noter que la guerre économique entre la Chine et les USA semble surtout faire mal aux Européens.

L’or est 1199$ et le pétrole est à 69.41$. Le Bitcoin est à 7375$.

Dans les nouvelles du jour on notera que le CFO de Citi s’en va après 9 ans de bons et loyaux services, qu’Amazon est devenu la seconde société à passer la barre des 1000 milliards de valorisation (brièvement puisqu’elle revenue juste après). Amazon se trouve juste derrière Apple, évidemment. Pas mal pour un truc que plus personne ne voulait en l’an 2000 « parce qu’ils ne vendaient que des livres.

Autrement sur CNBC on nous explique aussi comme Amazon va faire pour aller à 2000 milliards. Oui, parce qu’autant anticiper, on ne sait jamais. La stratégiste de BankOfAmerica pense que le S&P500 va encore monter de 10% sur les 12 prochains mois et en Argentine on espère que le FMI va se secouer les puces pour intervenir rapidement ce mois.

Et puis, si vous étiez un peu trop serein dans vos investissements et que les doutes ne vous empêchaient pas de dormir, un des tops analystes quantitatifs de chez JP Morgan est là pour vous flinguer le Jeûne Genevois.

Avant d’aller plus loin, je voudrais juste faire une parenthèse ; je sais ce que c’est un analyste, je sais ce que c’est un TOP analyste, mais j’ai toujours de la peine à visualiser ce qu’un « TOP ANALYSTE QUANTITATIF », est-ce que l’addition du mot « quantitatif » lui donne un avantage ou une crédibilité supplémentaire ? Ou alors est-ce qu’il est clairement meilleur que les autres parce que SA méthode d’analyse est quantitative et donc forcément meilleure parce personne n’y comprend rien ?

Je garderai le mystère entier pour cette fois. En même temps ça fait du bien d’avoir un peu de mystère dans ce métier où tout le monde sait tout sur tout. Toujours est-il que Marko Kolanovic, l’analyste quantitatif en question nous prédit une GRANDE crise de liquidités sur les marchés financiers, crise qui sera déclenchée par des « flash crashs » et de protestations sociales. Selon lui il y a trop de stratégies « électroniques » qui risquent d’être démontées en même temps, ce qui provoquera des ventes massives, que les Banques Centrales seront obligées d’intervenir massivement et que ce qu’elles ont fait jusqu’à maintenant, ce n’était que du pipeau. Que Powell pourrait se retrouver à acheter directement des actions pour soutenir le marché et voir baisser les impôts.

En revanche il n’est pas certain de la date de début de cette crise, parce que pour l’instant les marchés sont considérés comme « safe » jusqu’à mi-2019.

Il n’y a personne là dehors pour lui dire de fermer sa gueule et de revenir quand il aura une date précise à donner ????

Côté chiffres économiques nous aurons plein de PMI un peu partout et ce soir il y aura le Trade Balance aux USA. Pour le moment les futures ne font rien et toute l’Asie est franchement dans le rouge avec Hong Kong qui remporte la palme avec 1.3% de baisse.

Voilà, c’est à peu près tout ce qu’il y avait à dire ce matin, demain c’est Jeûne Genevois alors la finance mondiale sera paralysée par l’absence des même genevois et on se retrouve vendredi pour attendre les chiffres de l’emploi tous ensemble en mangeant les restes de la tarte aux pruneaux.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Just do it »
― Nike