Apparemment la Guerre Economique n’est plus une préoccupation depuis 2 jours. Elle est toujours d’actualité, mais on dirait les marchés ne s’y intéressent même plus.

L’Audio du 20 septembre 2018

Pour être franc, on se demande à quoi ils s’intéressent. On s’autorise à penser dans les milieux autorisés que les intervenants s’intéresseraient soudainement aux chiffres économiques. Ça tombe bien, hier il n’y avait pratiquement rien, mais le peu qu’il y avait était, semble-t-il, encourageant.

Honnêtement, je n’en sais rien, ça fait des semaines qu’on les regarde à peine. Toujours est-il que l’économie se porte bien – pas que ça soit nouveau, mais depuis 24 heures on s’en souvient et au moins on a un truc à dire en attendant les nouvelles publications trimestrielles qui débuteront en octobre ou le prochain tweet de Trump qui dira que les Chinois sont méchants.

Toujours est-il qu’hier les USA sont montés. On dira qu’ils sont montés de manière homéopathique et que l’intérêt se porte principalement sur les titres du Dow Jones, vu que les « blue chips » étaient un peu délaissés depuis quelques temps, vu que ça serait, en théorie, les plus grosses victimes d’une guerre économique totale – au vu de leur exposition à l’étranger – mais comme depuis deux jours, la guerre économique, on s’en fout, autant se réintéresser à des titres méconnus depuis l’avènement des FAANG’s – et puis en plus, c’est la mode du « vintage », alors autant avoir des IBM en position.

En Europe on alignait la 4ème séance de hausse consécutive et ça fait du bien étant donné le retard que l’on a accumulé sur les Etats-Unis.

Pour le reste, il ne s’est franchement pas passé grand-chose. La seule chose notable que l’on pourra retenir c’est le « muppet show » qui se passe actuellement sur Tilray. Le titre du producteur de cannabis a été stoppé 5 fois dans la dernière heure de trading à cause de sa volatilité. Indépendamment des news qui tournent autour, il semblerait que le titre serait victime d’un « short-squeeze ».

Le titre est venu en bourse en juillet au prix de 17$. Hier soir il a terminé en hausse de 38% sur la séance à 214$. Autant vous dire que les fondamentaux n’ont rien à voir avec ça et que les perspectives de croissance sont un tout petit peu surévaluées à ces prix-là. Le problème reste qu’il y a une montagne de « shorts » là dehors et que le flottant de titres en circulation est clairement insuffisant quand tout ce beau monde veut se couvrir. La journée d’hier a donc dû coûter un max de pognon à ceux qui « jouaient » la baisse de Tilray et ça pourrait secouer encore.

Graphique de Tilray depuis l’émission en juillet (daily)

On peut cependant se poser la question sur le bienséant de laisser traiter des trucs pareils, voir même de laisser les gens « shorter » (vendre à découvert) sur des trucs pareils. Mais il faut dire qu’au moins ça laisse des choses à raconter pour meubler les chroniques matinales pendant les périodes comme maintenant, où l’ennui dépasse de loin le volume traité en bourse chaque jour.

On peut aussi résumer la journée d’hier en se disant qu’il ne passe tellement rien et qu’il y a tellement rien à dire que la seule chose qui nous intéresse, c’est une boîte qui produit du cannabis et qui a un flottant (nombre de titres en circulation) de seulement 17 millions de titres.

Dans les autres sujets un peu plus « fondamentaux », on notera la forte hausse du baril hier. Le pétrole se traite actuellement à 71.73$ – soit au plus haut depuis 2 mois. La raison principale étant que les inventaires montrent que les stocks sont en baisse. Il est donc plus que probable que parmi les « experts » en baril en tous genres, il y en ait quelques uns qui soient invités prochainement sur CNBC pour nous annoncer des objectifs de prix au-delà de l’entendement.

Actuellement, il y a deux choses qui comptent dans une carrière :

1) aller sur CNBC pour annoncer que l’on va se péter la gueule bientôt
2) aller sur CNBC pour annoncer que le pétrole va à 300$ avec pour tout expérience le fait d’avoir acheté trois contrats futures sur le baril il y a deux semaines

On ne vous demande pas d’avoir raison, on vous demande juste de venir le dire à la télé. Le fait d’avoir raison n’est pas une nécessité dans ce métier qui n’est pas une science exacte mais qui demande surtout un bonne dose d’assurance, d’arrogance et la capacité de regarder les autres en leur laissant croire, en leur faisant croire que vous, vous savez quelque chose qu’eux ne savent pas. Ce qui est faux, mais là n’est pas le plus important. L’important c’est que les autres pensent que vous, vous savez.

Et puis après tout, si vous êtes invité sur CNBC, c’est que vous savez quelque chose de plus que les autres. Après, il y a aussi LinkedIn où vous pouvez tenter de dire tout et n’importe quoi en vous faisant passer pour un expert. Des fois ça marche aussi. Et puis à la fin, en désespoir de cause, vous pouvez aussi aller donner votre avis sur la zone « commentaires » du 20 minutes.

Mais je m’égare.

Bref, le pétrole est monté parce que l’on pensait qu’il y en avait encore plein en stock, mais ça ne semble pas être le cas. Pour le moment.

L’or est à 1210$ et le Bitcoin est à 6400$.

Ce matin l’Asie ne fait rien et du coup, ça nous laisse un peu de place pour parler du fait qu’un des gourous de l’automobile aux USA, Bob Lutz, estime que Tesla se dirige tout droit dans le mur du cimetière et que jamais ils en gageront de l’argent avec le model 3 et la meilleure chose que Tesla puisse faire, c’est de mettre une ceinture de sécurité à Elon Musk – Elon Musk qui, selon Bob Lutz, est un « type sympa » mais qui ne sait pas comment diriger un société qui fait des voitures – pas comme l’ancien CEO de GM en 2009, Rick Wagoner qui lui, savait diriger un fabricant de voiture.

Juste avant de partir en faillite.

Voilà. La partie Tesla, c’est fait.

Non parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis quelques temps, dans tout article sur la finance vous devez avoir une partie consacrée à la Guerre Economique, une partie dédiée à Tesla – qui, comme tout le monde le sait est LE SEUL TITRE traité en bourse aux USA et une partie « divers » pour parler du reste.

Une chose est sûre, si l’on n’a pas une opinion sur Tesla de nos jours, on n’est plus un vrai « financier » avec le costard, la cravate et tout et tout.

Ce qui me laisse une transition toute faite pour arriver à la rubrique divers ; les leaders de l’Union Européenne se sont recontrés à Salzbourg et estiment que le BREXIT est encore très loin d’être signé. Reste à savoir exactement ce qu’est un « leader » dans le cadre de l’Union Européenne (ou ce qu’il en reste) et reste à savoir si le BREXIT n’est pas plus qu’un serpent de mer utilisé pour faire bouger la Livre contre le Dollar.

Autrement le FT nous apprend que Trump cherche à remplacer l’Iran en tant que producteur de pétrole, histoire de faire baisser le prix du baril. Je rappelle qu’un baril à 80$ n’aiderait que moyennement Trump pour les élections de mi-mandat. Ailleurs on nous reparle encore de la Danske Bank qui hurle à la mort et qui réclame une nouvelle enquête pour des sombres histoires de blanchiment. La Danske Bank qui passe plus de temps actuellement à gérer ses enquêtes qu’à gérer l’argent des clients.

Puis Jack Ma, le patron d’Ali Baba qui avait promis de créer 1 million de jobs aux USA, est revenu en arrière et estime que dans le climat de guerre économique actuel, c’est juste impossible. Ce qui est possible, en revanche, c’est que Trump le fasse déporter prochainement.

Le Barron’s est chaud-bouillant sur Broadcom et estime qu’il faut en avoir et que c’est une machine à cash et ils notent également au passage que les bancaires sont bien disposées, surtout depuis que le 10 ans américain offre un rendement de 3% – OUUUUUIIIIIIII, parce que le 10 ans est à nouveau au-dessus des 3% et cette fois, contrairement au mois de février, tout le monde s’en fout.

Mais pas un tout petit peu. TOUT LE MONDE S’EN FOUT CARRÉMENT… Au mois de février c’était la panique totale et là… Rien. Moi je vous le dit, on est P-H-É-N-O-M-É-N-A-L…

Côté chiffres économiques, vu qu’il n’y a plus que ça qui semble intéresser le marché, il y aura les Retail Sales en Angleterre, les Jobless Claims aux USA et le Philly Fed. L’OPEP se rencontrera et la BNS annoncera sa décision sur les taux. Décision qui devrait générer à peu près autant de suspense qu’il y a dans un James Bond pour savoir s’il gagne à la fin.

Pour le moment les futures ne font rien et moi non plus.

En revanche, je vous souhaite une excellente journée pour ces derniers jours d’été et on se retrouve demain pour un nouveau cours de brassage d’air et de théorie financière. Que la force du Nespresso soit avec vous et que George vienne le boire avec vous.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Only two things are infinite, the universe and human stupidity, and I’m not sure about the former ».

Albert Einstein