Il ne s’est rien passé hier. Il était donc temps de méditer.

L’Audio du 3 septembre 2018

Les Américains étaient en congé ce lundi pour fêter le travail. Donc du coup le reste du monde était ouvert pour pas grand-chose. On ne va pas revenir sur le concept qui fait que les bourses mondiales n’arrivent pas à se dissocier de Wall Street, c’est connu, mais on a parfois du mal à l’admettre.

Comme le reste du monde a donc encore une fois refusé d’appliquer les jours de congé américains à leurs bourses respectives, les marchés ont ouvert pour rien. Ou presque. Le DAX termine en baisse de 0.14% et le CAC en hausse de 0.13%. L’Italie rebondissait de 0.6% après avoir vécu une sale fin de semaine et un downgrade et l’Angleterre terminait en hausse de près de 1% après un nouvel épisode des négociations sur le BREXIT qui a poussé la Livre à la baisse et le Footsie à la hausse.

Pour être franc, plus personne n’écoute ce qui se dit sur le BREXIT, c’est presque aussi pénible à suivre qu’une Télénovela brésilienne en 1543 épisodes, si vous ratez une semaine de diffusion, vous devez reprendre depuis le début sinon vous ne comprenez plus rien.

La séance d’hier était donc sans volume et sans intérêt. L’or n’a rien fait, le pétrole non plus et même le Bitcoin restait au milieu de nulle part à ne rien faire.

Il ne restait donc plus qu’à méditer. Oui, méditer parce que les seules nouvelles que l’on regardait au travers de ce long week-end, c’était les coups de gueule de Trump sur à peu près tous les sujets. Que ce soit sur les tarifs douaniers, que ce soit sur l’accord commercial avec le Canada ou sur l’hymne national américain avant les matchs de foot, le Président a toujours un truc à dire. Ce week-end il s’en est pris au Canada a menacé de casser tous les accords s’il n’obtenait pas ce qu’il veut – ce qui, encore une fois est la méthode classique de Trump – on appellera cette méthode, « la méthode Pépé » – nommée après la bande dessinée Astérix en Hispanie, dans laquelle on retrouve un petit garçon qui se nomme Périclès (mais dans sa famille tout le monde l’appelle « Pépé ») et qui, à chaque fois qu’il n’obtient pas ce qu’il veut, menace de « retenir sa respiration jusqu’à qu’il lui arrive quelque chose »…

Périclès (Pépé) Source : Astérix en Hispanie (Goscinny et Uderzo)

Trump est pareil, il veut imposer des choses et dès que ses opposants lui tiennent tête, il menace de sanctions ou de guerre, afin que de l’autre côté on revienne à la raison et que l’on se plie à ses exigences.

Malheureusement le Président Américain n’a jamais menacé de retenir sa respiration jusqu’à qu’il lui arrive quelque chose si les Chinois ne se plient pas à ses désirs, parce que je parie que les Chinois en question adoreraient voir ce qu’il pourrait éventuellement lui arriver.

Toujours est-il que depuis des mois, les bourses mondiales fonctionnent au rythme des « tweets » de POTUS et que tout le monde semble trouver ça normal. On dirait que l’économie est passée au second plan, tout comme la FED, ou les chiffres trimestriels. Aujourd’hui c’est Trump d’abord. On devrait peut-être finalement commencer à traiter des produits dérivés sur l’humeur de Trump qui est d’ailleurs souvent mauvaise ou sur le degré d’agressivité de ses « tweets » ou autres communiqués de presse.

On a l’impression que le reste du monde ne peut plus prendre une décision sans avoir auparavant « checké » le compte Twitter de Trump. C’est malheureux, mais depuis 2 ans, nous en sommes réduits à ça. Et presque uniquement à ça. Du coup on ne regrette pas Obama uniquement parce qu’il était moins con que Trump, mais surtout parce qu’il était tout de même vachement plus discret et moins perturbant pour les marchés que l’est l’actuel soi-disant Président.

D’aussi loin que je me souvienne, les marchés financiers ont toujours fonctionnés sur trois piliers :

1) les fondamentaux des sociétés
2) l’économie
3) la géopolitique ou la politique tout court (l’affaire Maudet étant exclue de ce sujet)

Mais depuis deux ans, on a rajouté un quatrième pilier ; Trump. Et ce quatrième pilier est plus gros, plus large, plus haut que les autres, c’est vite vu ; on ne voit que lui et il éclipse tout le reste. Ou presque.

Tout ça pour dire que Trump est omniprésent, omnipotent et carrément omni-casse-couilles pour l’ensemble du marché, mais quoi qu’on veuille bien en faire ou en dire, il va falloir se le coltiner encore deux ans au mieux et 6 ans au pire.

En résumé, le marché n’a rien fait hier, parce que les USA étaient fermés et qu’on se porterait quand même vachement mieux si Trump n’était pas là, voir pas né. En tous les cas on pourrait enfin s’intéresser un peu à autre chose qu’à ses crises de nerfs personnelles et ses histoires de cul.

Dans les nouvelles du jour, on parle des intervenants qui cherchent des endroits pour se planquer suite à la crise Argentine, ou à la crise Turque. On parle des banques danoises qui gèrent un peu trop d’argent en provenance de la Russie. Du CEO de JD.com qui retourne en Chine après avoir été arrêté aux USA pour agression sexuelle, il est innocent, mais dans le doute et vu la confiance absolue que l’on peut avoir en la justice américaine, il retourne quand même se mettre à l’abri du parti. Maudet pourrait aussi se renseigner si ça vaut la peine de partir là-bas.

Le Wall Street Journal revient sur l’automne volatile que nous pourrions éventuellement peut-être avoir durant les deux prochains mois, mais c’est pas encore complètement sûr. On le saura le 31 octobre au soir, juste avant le début du Christmas Rally.

Sur CNBC, un « EXPERT » en pétrole, John Kilduff, prédit que le baril pourrait éventuellement peut-être atteindre les 95$ (environ) dans les « prochains mois » (le nombre de mois n’est pas précisé). Il compte sur les sanctions contre l’Iran, ce qui pourrait faire monter le gallon à 4$ et poser un réel problème à l’économie puisque, tout le monde le sait, aux USA tout le monde possède une voiture et ce ne sont pas toutes des Tesla. Et que s’il faut payer plus cher le gallon, on dépense moins dans les iPhones et encore moins dans la dernière génération de Samsung. Bref, selon l’ami Kilduff, le baril y sera d’ici la fin de l’hiver, à 95$. Et puis s’il n’y est pas, je vous parie une bouffe que personne ne saura plus qui est John Kilduff. Comme c’était le cas il y a encore 3 minutes.

Et pour terminer, on apprend que le niveau de chômage aux USA est au plus bas depuis 1960. Et tout ça grâce à Trump et à sa « méthode Pépé ».

Actuellement, les futures sont légèrement en hausse et l’Asie ne fait rien, sauf le Japon qui se barricade à l’approche du Typhon Jebi qui est censé ne pas être très gentil.

C’est à peu près tout ce qu’il y a à dire ce matin et je reconnais que j’ai beaucoup trop parlé pour ce qu’il y a vraiment à dire, mais il y a des matins comme ça. Passez une excellente journée et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures et pour une nouvelle série de tweets à la Trump. Pour ne pas dire à la con.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Our country is in serious trouble. We don’t have victories any more. We used to have victories but [now] we don’t have them. When was the last time anybody saw us beating, let’s say, China, in a trade deal? They kill us. I beat China all the time. All the time. »
― Donald Trump