Joli mois d’octobre quand reviendras-tu ? Disons que si l’on avait le choix, après 8 jours au mois d’octobre, on préfèrerait nettement passer directement au mois de novembre et se mettre à parler de Christmas Rally, ça paraît quand même vachement plus sympa.

L’Audio du 9 octobre 2018

Mais bon, il faut faire avec. Nous sommes au mois d’octobre et comme on nous l’a annoncé environ 889 fois depuis la seconde semaine de septembre ; ça pourrait mal se passer en octobre. Déjà parce qu’on est octobre et c’est déjà largement suffisant, puisque les livres d’histoire de la bourse le disent : déjà trois fois dans le passé, on s’en est pris une monumentale.

De claque.

Et à chaque fois c’était en octobre.

Alors depuis 1929, ça fait toujours hyper-pro d’annoncer que le mois sera pourri parce que l’histoire se répète. Et ça s’est répété en 1987 et encore en 2008. Alors autant vous dire que c’est pratiquement devenu une coutume. En octobre, c’est l’automne, les feuilles tombent et les marchés aussi. C’est un grand classique.

Ça ne fonctionne pas tous les ans, hélas pour les bearishs, mais quand ça marche ; quel soulagement. Vous vous rendez compte ? ça fait 9 ans que certains annoncent le krach en octobre et qu’ils en prennent plein les dents, autant vous dire que depuis que ça baisse – ça fait trois jours, il y en a qui boivent du petit lait avec la phrase « je vous l’avais dit » tatoué sur le front et sur les fesses.

Le Titanic devait être italien

Tout ça pour vous dire qu’hier ça a encore baissé et ça commence à sentir le roussi en Europe. Le DAX est revenu à des niveaux qui sont à peu près aussi encourageant que de monter sur la copie du Titanic pour un remake de la croisière de 1912. L’indice allemand est posé sur un support qu’il a intérêt à tenir, sinon c’est la débandade et la fin des haricots. L’Italie, puisque c’est quand même à cause d’elle et de son budget qu’on en est là, elle, elle devait tenir les 20’200.

Elle n’a pas tenu.

Bien au contraire. Là tout de suite, l’Italie tente de nous réexpliquer le concept du pourquoi et du comment il ne faut jamais rattraper un couteau qui tombe. Personnellement, j’ai généralement une attitude plutôt bullish, mais quand je vois la tronche du graphique de l’Italie, ça me donne plutôt envie de m’ouvrir les veines à la place d’aller passer le week-end à Rome.

Si on en est là, c’est encore une fois à cause du budget de l’équipe de bras cassés qui sont au gouvernement. À force d’insister sur le fait qu’ils ne feront pas de concessions face à l’Europe, ils sont en train de mettre la pression sur tout le monde et même les Grecs avaient l’air plus arrangeants à l’époque du « bailout » – il faut dire que les Grecs avaient besoin d’aide alors que l’Italie à juste envie de se friter avec Bruxelles. C’est en tous les cas l’impression que ça donne. Le 10 ans italien est donc au plus haut depuis 2014 et les banques italiennes on l’air à peu près aussi en forme qu’un banquet de mariage qui s’est avalé un risotto à l’amanite phalloïde

Le reste de l’Europe a suivit et autant vous dire qu’en ce moment, vaut mieux ne pas être une banque parce que dans les 2 semaines à venir on va nous faire le bilan de l’exposition de chacune à la dette italienne et que ça n’aura pas l’air joli-joli.

La « désUnion » Européenne

Une chose est sûre, quand on voit ce que « l’Union Européenne » peut donner comme symbole de l’Union – je suis à deux doigts de demander la nationalité Uranaise pour être bien au centre de la Suisse.

Bref, toutes considération politique mise à part ; l’Europe est au plus mal et force est de constater que ça sent le roussi, le pâté ou la purge des égouts, peu importe, mais ça ne sent pas bon et si on ne remonte pas ICI, LÀ et TOUT DE SUITE… On risque bien de se faire un remake de la crise de 2011, volatilité et théorie catastrophistes comprises.

Dow Jones pas mort

Pendant que l’Europe envisageait le suicide, voir le divorce avec l’Italie, les USA entamaient la séance sur la même note : négative. Même limite « panique négative ». Il faut dire que c’était la fête à Christophe Colomb hier aux USA et du coup le marché obligataire était fermé et les volumes quasiment absents.

C’est d’ailleurs ce qui nous a peut-être sauvé la journée. Le rendement du 10 ans US ne bougeait donc pas et comme il ne bougeait pas les traders se sont dit que « c’était dans les prix » et que comme l’économie US va plutôt bien et que c’est à peu près une des seules certitudes du moment, les indices américains nous ont offert un « reversal » assez impressionnant – reversal qui permettait même au Dow Jones de terminer en hausse alors que son cousin de Milan se faisait littéralement casser les pattes arrières.

Les autres indices américains terminaient dans le rouge, mais limitaient tout de même grandement la casse, ce qui était pratiquement la seule « bonne nouvelle » de la journée. La seule qui nous raccroche à la vie.

La seule qui nous sépare du début du krach et de la fin du bull market.

Ben oui, moi aussi je veux le dire. Je peux le dire. Comme ça après je pourais AUSSI dire : « je vous l’avais dit » – je me suis d’ailleurs déjà fait tatouer la phrase sur l’avant-bras. Juste au cas où. Oui parce que sur les fesses, j’ai pas osé.

Bilan moins pire aux USA

Hier soir à 22h nous pouvions donc compter les cadavres et c’était clairement l’Europe qui remportait la mise. Les USA ont limité la casse, pour le moment. Le problème reste tout de même l’Italie étant donné que ce foutu budget à 2.4% ne va pas disparaître comme ça, d’un seul coup de baguette magique. Les gouvernements extrémistes sont toujours excessivement difficiles à manœuvrer, mais pourtant je peine à croire que les deux guignols qui pilotent l’Italie vont insister jusqu’à se tirer un balle dans l’autre pied eux-mêmes.

Je dis dans l’autre pied, parce que visiblement ils ont déjà vidé un chargeur dans le pied gauche.

Est-ce que l’or se traite en Lire italiennes ?

Du côté « du reste », on notera que le pétrole remonte un poil. Ce matin l’or noir se traite à 74.64$, mais pour être franc, hier on avait bien d’autres préoccupations. Des préoccupations comme l’or par exemple.

Vous je ne sais pas, mais moi ça fait 30 ans qu’on me bassine avec l’or en me disant : « oui, tu verras, lors de la prochaine crise l’or va exploser parce que ce sera un valeur refuge et patati et patata… » – et puis là, on est pratiquement dans LA NOUVELLE CRISE que l’on nous annonce depuis 3 ans, celle qu’on attendait, celle qui devait laisser les bulls sur le carreau et … l’or ne monte pas. Cet abruti avait la journée avec lui et il ne monte pas. Au contraire il baisse. Actuellement le métal jaune vaut 1194$ alors que tout le monde devrait se ruer dessus pour se protéger de la fin du monde qui arrive inévitablement.

Ou alors on nous aurait menti. Ce n’est pas la fin du monde, c’est juste un sell-off pour que ceux qui savent mieux que les autres puissent racheter moins cher ? J’ai comme un doute, mais si l’or ne se décide pas à remonter une fois pour toute – et surtout dans la situation actuelle – je le considère comme définitivement perdu et à l’avenir il ne sera bon qu’à se retrouver autour du coup d’un rappeur de bas étage qui parle français sans accorder les participes passés.

Quoi de neuf aujourd’hui ?

Eh bien tout d’abord la Chine remonte après la tôle d’hier, mais le Japon baisse pour fêter la tôle d’hier en Europe et Hong Kong ne fait rien pour équilibrer les relations des bourses internationales.

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que le Pakistan vient de demander l’aide du FMI. L’Italie n’a encore rien demandé en revanche. Par contre le chef économiste du FMI a délivré un discours passionné hier. Il s’est enflammé en estimant que le monde serait plus pauvre et plus dangereux sans une coopération économique globale.

Il aurait aussi pu bien dire : le monde serait mieux si Trump n’était plus là. C’est un synonyme.

Le FMI. Encore eux. A également annoncé qu’une guerre économique mondiale « POURRAIT » réduire le GDP mondial de 0.8% et que si vous rajoutez 1 litre d’eau froide à un litre d’eau chaude, la température de l’eau chaude va diminuer et sera moins chaude. Par contre si vous vous la renversez sur les genoux, ça sera moins chaud, mais ça sera mouillé quand même.

Ils ont donc aussi baissé les prévisions de croissance économique pour les deux années à venir, les risques étant en train d’augmenter selon eux.

Si ça ne s’appelle pas « être visionnaire » ça, je ne sais pas ce que c’est.

Google est dans la tourmente pour une histoire de données privées ouvertes à tous. Kavanaugh a prêté serment et Trump s’est excusé pour toute la « souffrance » subie #metoo. Le Hedge Fund Tourbillon a annoncé hier à ses clients que le fonds fermait, c’est le troisième ce mois. C’est ballot, juste au moment où le Krach arrivait.

Côté chiffres économiques, ça sera le trade balance allemand et puis c’est tout. Pour le moment les futures ne font rien et l’Europe respire encore. Pas bien, mais elle respire.

Maintenant si vous travaillez dans la finance et que vous voulez payer votre voiture moins chère, je vous recommande d’aller voir l’article qui s’intitule : « Silogika – nous sommes tous égaux, mais certains sont plus égaux que les autres », sans oublier le point macro de la semaine via la Financière de l’Echiquier et les graphiques hebdo de JP Morgan. Il vous reste juste à faire un « scroll down »…

Pour le reste, je vous recommande un café et un cierge à l’église juste pour que ça ne baisse pas plus en Europe… ça serait sympa que ça ne se finisse pas comme ça.

Passez une belle journée quand même et à demain, si on est encore là…

Thomas Veillet
Investir.ch

« In the 1987 stock market crash, according to the conclusions of the official Brady report, colossal sales of stock index futures by so-called portfolio insurers – whose investment strategies depended entirely on these derivatives – greatly exacerbated the 500-point market decline »

Carol Loomis