Rien. Si l’on vous demande ce qui s’est passé dans le marché hier, c’est ce que vous devez répondre : il ne s’est rien passé. Ou mieux ; si vous voulez éviter de perdre du temps, dites carrément qu’exceptionnellement les bourses mondiales étaient fermées pour fêter le second jour du mois d’octobre

L’Audio du 3 octobre 2018

Je ne vais pas vous mentir, le Dow Jones a battu un nouveau record d’altitude pour 2018, le quatorzième. Mais pour être franc, cet événement passait pratiquement inaperçu parce que le S&P500 terminait en baisse, le Nasdaq aussi, mais surtout le Russell 2000 perdait près d’un pour cent. L’indice des petites et moyennes entreprises affichait sa divergence avec les « grosses Bertha’s » de Wall Street et les « experts en analyse technique et en statistiques » en profitaient pour exprimer leur craintes à ce sujet.

En effet quand les « blue chips » terminent au plus haut et que les « petites et moyennes capitalisations » ne confirment pas la chose, ça veut dire que ça pue et que l’on pourrait éventuellement peut être, mais c’est pas sûr ; atteindre un sommet. Ou pas.

Parce que, n’oubliez pas, le but actuel c’est de vendre au plus haut de tous le temps uniquement et d’être le premier à éviter le krach qui nous pend au nez.

Pour le reste ce n’est que du réchauffé. On a toujours des craintes sur la « guerre économique », même si hier les industrielles, habituellement corrélées à ces craintes, terminaient en hausse. Néanmoins certains analystes exprimaient leurs peurs en se disant que « la victoire » sur le deal NAFTA pourrait donner envie aux Américains de jouer les gros bras dans les discussions avec la Chine. En supposant que les Américains sachent faire autre chose que jouer « les gros bras ».

Pour faire simple, le Dow Jones a terminé en hausse. Pas le reste. On se pose des questions sur la « guerre économique », mais pour le moment on ne prend pas de mesures – comme tout vendre et partir en courant en hurlant de peur.

En Europe c’est l’Italie qui gagne.

Enfin, c’est le sujet principal. Le Premier Ministre local a rassuré en disant que l’Italie ne pouvait pas se passer de l’Euro. Bonne nouvelle à entendre pour ceux qui craignaient que l’Italie retourne à la Lire. Mais cette bonne nouvelle ne suffisait pas pour compenser l’accueil fait par Bruxelles au ministre des finances italien.

On veut bien croire que ce n’est plus l’été à Bruxelles, mais vu la fraîcheur qui faisait au parlement européen, apparemment, on aurait pu y élever une colonie de manchots. Quand je parle des manchots, je parle des pingouins, par des politiciens.

Bref, l’accueil fut frais et même si l’Italie n’a pas présenté son budget complet – ce qui devra être fait mi-octobre – ça promet. Le marché a donc réagi en accord ; faiblard et perclus de doutes. Sans compter qu’en plus de l’Italie, on reparle de la Grèce qui, elle aussi tente de faire avaler à l’Europe que tout va bien dans son budget et qu’elle n’a plus besoin de personne. Ce qui n’est pas forcément évident à croire.

En résumé : journée passablement inintéressante aux USA, même si le Dow Jones est au plus haut et la journée fut bruxelloise en Europe – ce qui veut à peu près dire la même chose. Personnellement, je pense qu’hier était la journée parfaite pour se lancer dans un puzzle de 5000 pièces ou alors de se mettre à lire guerre et paix en Serbo-Croate et à l’envers.

L’or retrouve des couleurs et repasse au-dessus des 1210$, c’est assez rare pour être mentionné et le baril est toujours au-dessus des 75$, attendant les inventaires de ce soir. Inventaires qui devraient logiquement paver la route des 100$, comme tout le monde s’y attend. Quand au Bitcoin, il ne va plus nulle part et ne semble plus être capable de générer le moindre intérêt. Pour le moment.

Dans les nouvelles du jour, il y en a plein. Rien de très « life changing », mais il y a de quoi remplir un journal. Tout d’abord Amazon a relevé le salaire horaire minimum de ses employés, passant de 9.50$ à 15$. Bel effort de la part de l’homme le plus riche du monde. Ensuite Christine Lagarde a parlé et annoncé que selon ses services du FMI, l’économie américaine était en train d’atteindre un « plateau » – signifiant que la FED devait faire attention et que les USA devait aussi faire gaffe de ne pas se mettre des bâtons eux-mêmes dans les roues avec la Chine.

Après Lagarde, Powell, le patron de la FED a aussi parlé, il a déclaré qu’il ne voyait pas de signes inquiétant d’inquiétant comme quoi l’inflation pourrait s’envoler malgré le taux de chômage relativement bas. Dans un autre chapitre, S&P a dégradé la note de GE de deux points de plus après le départ du CEO, citant également une certaine faiblesse dans certaines divisions. En général quand S&P downgrade GE, c’est souvent l’opportunité d’achat d’une vie.

L’Etat de New York ouvre une enquête contre la famille Trump, suite à un article du New York Times qui estime que certains montages financiers lors du décès du père du Président, auraient pu augmenter considérablement la fortune de ce dernier. Comprenez qu’il y aurait eu « magouille fiscale ». Toujours à propos de Trump, l’aile droite de la droite du Président, pour ne pas dire l’extrême droite de l’extrême droite, ceux qui font passer les potes d’Hitler pour des écolos gauchisant, encouragent le gouvernement américain à ne plus accorder de visas d’étudiants aux Chinois.

On voit clairement que tout va dans la bonne direction, vers l’amour universel entre les peuples.

Après avoir parlé FED, Lagarde, économie, Trump, nous arrivons à l’inévitable chapitre de la journée : TESLA. Oui, parce qu’actuellement, si tu ne parles pas de Tesla, tu n’es pas un vrai média. Tesla a donc publié ses chiffres de production. Musk et ses troupes ont sorti 53’000 voitures et des poussières, pile dans les attentes du marché, mais par contre les délais de livraisons sont longs et les clients grognent. On en saura plus lors de la publication des chiffres trimestriels le 30 octobre. Mais soyons certains que l’on reparlera de voitures électriques d’ici là.

Côté chiffres du trimestre on commence gentiment à publier, hier c’était Pepsi qui mettait la main à la pâte et c’était décevant. Le titre était en baisse dans la foulée. Aujourd’hui il n’y aura pas de publication trimestrielle relevante, mais il y aura le PMI des services un peu partout, ainsi que les retail sales en Europe, puis l’ISM Non-Manufacturing aux USA, ainsi que les chiffres ADP de l’emploi en attendant les Non-Farm Payroll de vendredi. Il ne faudra pas non plus oublier les inventaires pétroliers de ce soir.

Voilà, trois pages de chronique, je trouve que c’est encore pas mal pour un type qui commençait par dire qu’il n’y avait rien à dire. Il me reste à vous souhaiter une excellente journée et on se retrouve bientôt.

Thomas Veillet
Investir.ch

“It’s far better to buy a wonderful company at a fair price, than a fair company at a wonderful price.”

Warren Buffet